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Pensez-Vous Que La Poésie Ait Comme Objectif Principal D'exprimer Un Beau Chant Désespéré?

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trouvent une sympathie dans le cœur des lecteurs ; on se projette naturellement à la place du poète lorsqu’il évoque des situations que l’on a pu connaître ou que l’on admet pouvoir vivre. « quand ils parlent ainsi d’espérances trompées/ de tristesse et d’oubli, d’amour et de malheur » - on peut évoquer la détresse du poète des Méditations poétiques dans « le Lac » de Lamartine ; on peut penser à la poésie plus ésotérique, mais non moins élégiaque, de Gérard de Nerval, « El desdischado » ou extrait de ses odelettes, « une allée du Luxembourg » ; on peut se référer aussi aux poèmes de V. Hugo qui évoquent les enfants morts trop tôt ou trop tôt broyés par la vie ; enfin on peut se référer aux poèmes de Musset lui-même.

1.2- La pureté du sanglot peut s’exprimer notamment avec plus d’efficacité dans des poèmes concentrés ou l’élégie est moins délayée que dans les longues Nuits de Musset – on peut d’abord penser à la jeune Tarentine d’André Chénier – « Pleurez, doux alcyons, ô vous oiseaux sacrés, oiseaux chers à Vénus, doux alcyons, pleurez./ Elle a vécu, Myrtô, la jeune Tarentine, un vaisseau la portait aux bord de Camarine.» On peut penser aussi aux poèmes qu’Aragon dédie à Elsa, notamment « Elsa au miroir » où la douleur reste dans la suggestion d’une situation où les amants ne se parlent pas, ne trouvent pas le regard de l’autre, tant ils sont minés par la peur et la douleur ; enfin le poème de l’affiche rouge, dédia à Manouchian, est une poignante élégie en l’honneur de ces vingt-trois résistants du réseau MOI qui furent fusillés, mais dont leur chef a le cran d’offrir l’avenir à sa femme, de ne pas haïr le peuple allemand, de formuler des vœux pour ceux qui vont survivre – sachant que lui-même sera exécuté à l’aube…

1.3- La poésie élégiaque porte l’expression de la douleur au niveau sublime parce que la musicalité même de cette poésie trouve le chemin du cœur : les strophes, les vers réguliers, les rimes en échos toutes les ressources symphoniques de la langue rythmée entrent en harmonie pour émouvoir ; on se redit sans cesse le même vers, tant il est bien trouvé, bien écrit ; on finit par se complaire dans cette mélancolie souffrante tant on se plait à cette musique : « rien ne nous rend si grands qu’une grande douleur »/ la poésie tragique d’un Racine atteint à ce degré dans les passages de Bérénice où Antiochus décrit sa mélancolie son amour sans réciproque – « je demeurai longtemps errant dans Césarée… » ; ou dans la scène de séparation entre Bérénice et Titus – « jamais »…

2. Mais la poésie ne se résume pas à cet attendrissement sentimental ; son objectif principal n’est pas de toucher les cœurs, car elle n’a pas d’objectif principal : elle est expression individuelle d’une perception du monde et de l’homme, tantôt énergique et engagée, tantôt descriptive et symbolique, tantôt fantaisiste, laissant à la langue la primeur du beau rôle. Véritable Protée, elle se joue des siècles et des langues, des formes et des censures, toujours renouvelée de ses cendres, ce Phénix trouve toujours une raison d’entonner son chant de liberté.

2.1- La poésie engagée : force et vigueur des convictions d’un Hugo, Aubigné, Aimé Césaire… les procédés de conviction et de persuasion prennent le pas sur l’émotion pure – il s’agit de convaincre, de persuader – certes l’émotion est toujours présente, mais elle n’est pas le cœur du sujet, ce n’est donc plus « un pur sanglot » - l’argumentation, le pamphlet, les idées sont l’objectif essentiel.

2.2- La poésie symbolique : précision des descriptions et transformation du sujet par la vision du poète – Leconte de Lisle et « le sommeil du condor » ; Baudelaire et « harmonie du soir » - si le tableau nocturne suggère des sentiments, ils ne sont qu’évoqués de manière indirecte : la peinture du cadre, la musique, le symbole du soleil qui se noie « dans son sang qui se fige », tout cela va créer une atmosphère, va livrer un sens auquel le lecteur sera sensible, sans que la poésie ait versé dans l’épanchement élégiaque.

2.3- La poésie peut aussi se livrer à une véritable création verbale où le verbe lui-même, disons, la langue, est sujet principal de cet art. Prévert s’amuse avec une recette de cuisine pour symboliser la création artistique : comment dire qu’il y a de la magie à réussir un poème ou une toile ? Le texte D détourne cette recette et propose une allégorie sur le mode de la dérision. Les poètes comme Francis Ponge, mais aussi Desnos, Leiris et Tardieu méritent aussi d’être exploités pour leur immense travail sur la langue – où il semble qu’il y ait jeu, blague, calembour, provocation, mais où le sens finit toujours par apparaître, souvent grave derrière le sourire initial – « la môme néant ».

La poésie est une voix qui profère le monde pour en dire

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