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on masculine est une condition minimale à la baisse de la fécondité. Cette remarque est valable tant pour les pays musulmans que les pays non-musulmans.

Alors qu'un démographe américain (Dudley Sirk) avait cru découvrir un lien entre islam et fort taux de fécondité, les deux auteurs expliquent qu'au contraire, la transition démographique dans certains pays musulmans a été tardive mais réelle. Ils expliquent cela par le fait que les économies arabes sont fondées sur la rente pétrolière qui permettait d'élever des enfants indépendemment des revenus du travail. Mais l'effondrement brutal de la rente a diminué les ressources des familles de ces pays et cela a provoqué une chute de la fécondité. Dans ces pays arabes, la baisse de la fécondité n'a pas été liée uniquement aux progrès de l'alphabétisation, la dimension économique a joué un rôle certain.

Un deuxième facteur est celui de l'effondrement de la croyance religieuse. Si le franchissement d'un certain seuil d'alphabétisation reste nécessaire, les auteurs citent l'exemple du bassin parisien à la fin du XVIII ème siècle, où la première chute de fécondité se produit à une époque où la croyance religieuse s'est effondrée. Ce « désenchentement du monde » se constate dans de nombreux pays et s'apparente à un préalable à la chute de la fécondité dans la mesure où traditionnellement, les systèmes religieux ont une vision positive de la procréation. Selon les auteurs, cette coïncidence se vérifie pour les trois branches du christiannisme et le bouddhisme. Ils essaient également d'appliquer cette corrélation aux pays musulmans en faisant l'hypothèse d'une baisse de la foi dans ces pays malgré la persistance de la pratique religieuse. Tout en restant prudents, ils posent en effet « la question de la réalité de la foi dans les régions musulmanes » où la fécondité a baissé.

D'autres facteurs, plus spécifiques à certaines régions du monde expliquent également l'état d'avancement de la transition démographique. En Afrique Sub-Saharienne par exemple, la forte patrilinéarité apparaît comme un facteur de fécondité élevée. Egalement, au Bengladesh, la fécondité est basse non pas en raison du développement culturel (qui est d'ailleurs peu avancé) mais de l'importante densité de la population. En raison du manque de place, les individus réduisent d'eux-même le taux de fécondité par femme. Le niveau de la fécondité dépend aussi de l'emplacement géographique du groupe dont on parle. Au Pakistan par exemple, la fécondité des groupes périphériques est plus élevée que celle des ethnies centrales. Cette corrélation peut par exemple s'expliquer par la rivalité démographique qu'il existe entre ces groupes. Les ethnies excentrées ont intérêt à peuplées pour peser face à celles situées au centre. On parle alors de « fécondité défensive ».

Ces diverses évolutions vers la modernité ne se produisent pas sans difficultés. Les auteurs parlent d'ailleurs de « crises de transition ». A partir d'exemples historiques, Todd et Courabge mettent en avant la corrélation qui peut exister entre alphabétisation et crise.

A travers les exemples de la révolution puritaine au Royaume-Uni, 1789 en France ainsi que les cas chinois et russes, les auteurs soulignent le lien qui peut exister entre progrès de l'alphabétisation et séquence révolutionnaire. De même, ils citent les cas du Liban et de l'Iran pour attester du lien entre modernisation culturelle et guerre civile.

Les auteurs précisent qu'il ne faut absolument pas associer ces crises à une régression. Il est normal que de telles évolutions déstabilisent les populations. Par exemple, les relations d'autorité sont ébranlées lorsque les fils savent lire et non pas leurs pères.

Selon les auteurs, ces crises sont amenées à être dépassées. Mais le stade d'avancement de cette transition varie selon les pays. En Arabie-Saoudite par exemple, le seuil d'alphabétisation a été franchi et le régime semble stable. Alors que dans des pays comme le Maroc et le Pakistan, la période de transition est en cours et le « danger transtionnel » est maximal. Todd et Courabge précisent que ces crises sont diverses au niveau de leur contenu : elle était libérale en France, totalitaire en Russie et religieuse en Iran.

Pour faire comprendre que les tensions qui se manifestent dans certains pays musulmans ne doivent pas être assimilées à des éléments de régression, les auteurs prennent le temps de traiter des effets de la modernisation (comme l'alphabétisation des hommes et des femmes) sur la famille arabe traditionnelle. Traditionnellement, la famille arabe est caractérisée par sa patrilinéarité (la dévolution de biens se fait entre individus de sexe masculin) et par sa patrilocalité (il y a adjonction du jeune couple à la famille du mari). Egalement, la pratique de l'endogamie (le mariage entre cousins d'une même famille) induit une relation horizontale au sein de la famille, centrée autour d'une grande solidarité entre frères et cousins. Selon les auteurs, l'alphabétisation ébranle complètement les repères de cette famille traditionnelle dans la mesure où elle provoque une diminution des pratiques endogames et que l'alphabétisation féminine relativise la domination masculine. Les conséquences de la modernisation aboutissent à la désorientation des populations de ces pays. Dans cette optique, les phases de crise apparaissent plutôt comme une étape menant à la modernité (au niveau démographique et de l'alphabétisation).

Ces crises de transition vers la modernité peuvent se manifester par un repli sur les principes de l'islam, comme une fixation sur le statut de la femme mais elles peuvent également prendre une dimension identitaire nationale (c'est le cas en Malaisie où une politique de discrimination positive favorable aux Malais a été mise en place pour contrer l'augmentation du nombre de Chinois et d'Indiens au sein de la population du pays).

Ce sont des crises comparables à celles traversées par l'Europe auparavant. Celles-ci ont d'ailleurs été surmontées depuis et ont conduit à l'époque moderne. Il est donc légitime selon les auteurs, d'imaginer que ce sera le cas pour les crises aujourd'hui traversées par les pays moins avancés dans leur transition démographique.

Contrairement aux partisans du « choc des civilisations » qui assimilent l'islam à un seul bloc homogène et opposé aux conceptions occidentales, Todd et Courbage s'attachent à mettre en avant la diversité que recouvrent les zones et pays où l'islam est présent.

Tout d'abord, les auteurs notent que l'islam chiite est beaucoup plus favorable aux femmes en matière de droits de succession que l'islam sunnite. On ne peut donc pas associer constamment la religion musulmane à un statut des femmes dégradé. Dans cette même optique, des phénomènes comme la matrilocalité et la matrilinéarité, s'ils ne sont pas attribués à l'islam, ne sont en tout cas pas incompatibles avec la religion musulmane. On trouve par exemple de forts taux de matrilinéarité et matrilocalité en Malaisie et Indonésie. Egalement, les auteurs considèrent que la polygamie dont s'accomode plus facilement la religion musulmane que le christiannisme, accorde aux femmes une grande autonomie même si un tel système place l'homme au centre.

Egalement, Todd et Courbage citent différents pays où la religion musulmane est présente pour montrer que leur transition démographique varie beaucoup selon les spécificités locales. Par exemple, au Maghreb, les auteurs considèrent que la transition démographique a été accélérée par l'interdépendance et la proximité géographique de ces pays avec la France. Alors que pour la Palestine, les auteurs emploient l'expression de « démographie de combat » lorsque Yasser Arafat incite les femmes à avoir des enfants dans le but d'avoir assez d'hommes pour se battre. La transition démographique se produit plus tardivement, lors de la deuxième Intifada, pour des raisons économiques et parce que les couples palestiniens choisissent de s'intéresser en priorité à l'avenir de leurs enfants. Egalement, les auteurs soulignent le caractère particulièrement hétérogène de la péninsule arabique où les indicateurs de fécondité varient de 3 à 6 enfants par femme.

Alors que certains pays comme le Liban (que les auteurs qualifient même d' « européen ») sont très avancés au niveau de leur transition démographique, d'autres n'en sont qu'au début. Dans les pays d'Afrique Sub-Saharienne par exemple, les zones de fécondité élevée correspondent à des régions de sous-développement connaissant un retard important en matière d'alphabétisation.

Todd et Courabge soulignent ainsi que ce n'est pas la religion musulmane qui influence directement sa démographie. Non seulement, les taux de fécondité varient selon les pays musulmans ; on ne peut pas associer un niveau de fécondité à la religion musulmane. Mais aussi, certaines zones connaissent un taux de fécondité homogène malgré la présence de différentes religions. C'est le cas du Burkina Fasso où l'on ne constate pas de différences de fécondité selon la religion. On retrouve ce constat dans les Balkans où il y a un

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