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Dissertation Moliere l'Ecole Des Femmes

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ommun, se met l'esprit à la torture pour y échapper, et souffre le mal avant de l'éprouver réellement ». Comment Molière parvient-il à unir le comique au cocuage ? Dans son livre Molière ou l’invention comique (1966), Marcel Gutwirth souligne que « Molière a fort bien compris, toute question de bienséances mise à part, que le comique du cocu vient moins de l’inconduite de sa femme que de l’impuissance du mari », nous verrons comment ce jugement paraît pouvoir s’appliquer à L’Ecole des femmes en insistant sur le comique d’un mari dépassé. Nous tempèrerons cette pensée par l’importance de la présence de la femme et du tiers dans la comédie et enfin nous nous demanderons si l’appellation même de « comique de cocu » ne porte pas sa fin en soi.

*** Le cocuage chez Molière est un comique farcesque qui réside principalement dans le choix des personnages masculins. L’histoire du mari cocu ou se croyant cocu, qui tend un piège à sa femme pour la surprendre en flagrant délit et qui voit ce piège se retourner contre lui n’est pas nouvelle et l’on fait remonter cette tradition au Moyen Age, de même pour le principe de la précaution inutile repris à Scarron. Les thèmes du cocuage et de la jalousie étaient très fréquents dans les fabliaux, les farces et les contes comiques et on les retrouve particulièrement dans quatre pièces chez Molière : Sganarelle ou Le Cocu imaginaire (1660), L’Ecole des maris (1661), L’Ecole des femmes (1662) et George Dandin (1668). Sganarelle de L’Ecole des maris est une ébauche d’Arnolphe, sa phobie d’être trompé et son principe de précaution envers Isabelle portent en eux-mêmes l’issue du mariage à venir. Dans L’Ecole des femmes, Agnès n’a ni la sœur, ni la servante, ni l’éducation d’Isabelle et Arnolphe n’est plus le benêt Sganarelle mais le personnage masculin est toujours celui qui porte en lui le ridicule par l’obsession que lui cause son imagination. Un « Et celle que j’épouse a toute l’innocence / Qui peut sauver mon front de maligne influence » caractérisent parfaitement ce comique farcesque et le spectateur devant cette phobie des cornes ne peut que rire. Chez George Dandin le comique touche aussi le personnage masculin éponyme qui goûte au « qui est pris qui croyait prendre » à trois reprises. Ainsi Molière rompt avec ces prédécesseurs classiques, en effet ses personnages n’évoluent plus dans une intrigue se développant au hasard d’incidents indépendants d’eux, mais c’est bien le mari, qui en raison de son « travers » détermine le déroulement de la pièce. Marcel Gutwirth semble donc être à approuver, le comique du cocu est en effet fortement illustré par la présence du mari, trompé et cherchant des preuves ou bien aveuglé par sa crainte pathologique de l’être.

Mais Gutwirth n’écrit pas seulement « le mari » il parle de « l’impuissance du mari ». Quelle est-elle ? En quoi est-elle comique ? « Le monde du jaloux a la coloration paranoïaque du gardien du trésor : les autres sont tous des voleurs en puissance. » a écrit Max Vernet dans Molière, Côté jardin, côté cour. Arnolphe porte en son nom sa pire crainte, peut-être premier signe de son impuissance, en effet la coutume répète bien souvent que l’on ne choisit pas son nom : Saint Arnolphe, patron des maris trompés. Et pourtant Arnolphe s’y essaie et pour cela aborde un pseudonyme fondant l’intrigue en devenant Monsieur de la Souche (v.174) « la souche plus qu’Arnolphe à mes oreilles plaît ». On peut y comprendre comme une sûreté supplémentaire pour empêcher ce que l’onomastique pouvait prédire, et une insistance sur son profond désir de faire souche, de vouloir être à l’origine, annonce de la lignée future et de facto de la fixité comme l’a analysé Max Vernet. Seulement comme le lui fait remarquer Chrysalde lors de la première scène (v.187)« Cependant la plupart ont peine à s’y soumettre », son « débaptême » ne permet donc que la méprise d’Horace et guère d’éviter le destin. Dans le premier acte Arnolphe parle beaucoup, il est dans la position de celui qui sait, mais lors du deuxième acte ce savoir s’est sauvé avec en quelques sortes un premier passage d’Agnès « hors » de lui. Arnolphe devient enquêteur (v.379) « J’en veux rompre le cours et, sans tarder, apprendre / Jusqu’où l’intelligence entre eux a pu s’étendre ». Il en vient à regretter d’avoir laissée seule Agnès avec Georgette et Alain qui ont « souffert qu’un homme soit venu », et une fois de plus l’on constate son impuissance lorsqu’il est absent. Un homme a croisé Agnès, l’a saluée, lui a parlé, l’a revue sans que le maître de la maison en soit informé et c’est cette situation qui lui échappe qui semble si comique aux yeux du spectateur (v.403) « Je suis en eau : prenons un peu d’haleine ; / Il faut que je m’évente, et que je me promène ». Ajoutons que dans la première scène encore l’on apprend de la bouche de Chrysalde l’âge d’Arnolphe « Qui diable vous a fait aussi vous aviser, / A quarante et deux ans, de vous débaptiser » or Agnès en a dix-neuf. L’on se croirait dans le quiproquo de L’Avare lorsque qu’Harpagon, vieillard physiquement épuisé et bouffon parle d’épouser la jeune fille dont rêve Cléante, son propre fils. Là encore Arnolphe est impuissant, s’il peut changer son nom, et bien que cela n’aie guère d’efficacité il ne peut tromper sur son âge et face à la fraicheur du muguet sympathique il ne peut pas grand-chose… Inconsciemment Arnolphe, tout comme le Sganarelle de L’Ecole des maris l’avait fait avant lui, endosse le rôle de père plus que celui d’amant et pour Agnès il n’y a jamais eu de doute comme l’on peut le voir à la scène 4 du dernier acte (v. 1516) « Chez vous le mariage est fâcheux et pénible, / Et vos discours en font une image terrible ; / Mais, las ! il le fait, lui, si rempli de plaisirs, / Que de se marier il donne des désirs. ». Et qu’est-ce encore face à l’arrivée des pères légitimant l’union des deux amants lors de la dernière scène ?

Arnolphe, ce « cocu présomptif » selon Charles Fourier est présent dans quasiment toutes les scènes, ce qui n’est pas le cas d’Agnès qui est très discrète. Profitant de cet enfermement qu’il lui a imposé, Arnolphe ne voit en elle qu’une épouse et non une femme. L’importance des monologues du personnage principal semblerait le placer en situation de puissance : il a le pouvoir de la parole, mais ce n’est que pour mieux déguiser cette situation lui échappe. Arnolphe fait de sa parole son arme principale pour « éduquer » Agnès, (v.742) « Et voici dans ma poche un écrit important/ Qui vous enseignera l’office de la femme ». Alors qu’Arnolphe s’illustre par sa pseudoscience, Agnès lui répond toujours avec candeur et franchise. Et ce décalage entre les deux personnages est l’une des principales sources d’amusement pour le spectateur. Le futur mari impuissant, Arnolphe, multiplie les apartés comme dans la scène 5 de l’Acte II, ce qui est toujours de grand effet au théâtre et paraît comme interpréter deux personnages : la face de l’autorité et les mots pesés devant Agnès et les mots malmenés de l’autre coté « Je crains que le pendard, dans ses vœux téméraires, / Un peu plus fort que jeu n’ait poussé les affaires » (v. 547). Marcel Gutwirth voit donc grâce au ridicule du délire d’imagination d’Arnolphe sa citation illustrée : Arnolphe seul perd pied.

*** Qui de mieux placé pour rire du cocuage que celui qui n’est pas concerné ? Le comique du cocu est aussi entretenu par les tiers. Parfois le mari trompé l’est à son insu ou il s’en croit paré par son bon esprit, et c’est alors l’intervention d’un personnage plus modéré comme le sera Chrysalde qui fait sourire. Chrysalde dans la première scène de l’Acte I prévient Arnolphe avec vive insistance « Pensez-vous le bien prendre, et que sur votre idée / La sûreté d’un front puisse être bien fondée ? », il répète ses mises en garde mais Arnolphe n’y entend rien. Si Arnolphe nous paraît si burlesque ce n’est pas simplement par l’aspect de son personnage mais parce qu’avec Chrysalde chaque spectateur devine que l’issue ne sera pas celle souhaitée et calculée par notre vieux garçon autoritaire. Chrysalde, assez comiquement à l’Acte IV entreprend même une défense fort amusante du cocuage. « Quoi qu’on puisse dire enfin, le cocuage / Sous des traits moins affreux aisément s’envisage ; / Et, comme je vous dis, toute l’habilité / Ne va qu’à le savoir tourner du bon côté ». Ce comique du cocu est peut-être mieux illustré encore par la comparaison plutôt grivoise d’Alain à la scène 3 de l’Acte II « La femme est en effet le potage de l’homme ; / Et quand un homme voit d’autres hommes parfois/ Qui veulent dans sa soupe aller tremper leurs doigts/ Il en montre aussitôt une colère extrême». Mais si comique a pour protagonistes le mari et les tiers il ne faut pas oublier le rôle de la femme…

Dans L’Ecole des femmes on peut lire à la scène1 de l’Acte I une diabolisation des femmes qui semblent n’avoir pour seul dessein que la tromperie (v.11) « Et votre front, je crois, veut que du mariage / Les cornes soient partout l’infaillible apanage ». La femme, associée quasi exclusivement à la ruse crée une intrigue digne de la farce (v.75) « Je sais les tours rusés et les subtiles trames/ Dont, pour nous en planter, savent user les femmes ». Le comique apparaît aussi dans la subtilité dont savent

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