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Eloge De Saint Loup Evêque De Troyes

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choisissent ensemble de devenir moine et moniale. Il rejoint alors une communauté cénobitique à Lérins où il acquiert une bonne partie de sa culture religieuse. Il est ensuite nommé évêque de Troyes en 426. Depuis 408 et le règne de l'empereur Honorius, l'empire a souffert des invasions de peuples barbares tels les Vandales ou encore les Wisigoths. Ces invasions marquent le début d'une période de troubles au sein de l'empire, troubles renforcés par l'invasion des Huns. Lors de son épiscopat, Loup doit faire face à l'invasion de ce peuple nomade originaire de l'Asie Centrale. C'est en 451 que se déroule la bataille des champs Catalauniques (ce sont les plaines voisines de Troyes) durant laquelle Loup réussit à préserver la ville de l'attaque des barbares huniques menés par Attila. Cette victoire renforce la légitimité et le prestige de l'évêque au sein de l'Empire ainsi que l'admiration et l'amitié entre Loup et Sidoine Apollinaire.

L'auteur rédige cette lettre à la suite de sa nomination à l'évêché de Clermont. Après avoir dressé un portrait élogieux de l'évêque, il lui demande conseil.

On se demande alors pourquoi Sidoine Apollinaire adresse cet éloge à Loup de Troyes à la veille de son entrée en charge à l'évêché de Clermont.

Nous analyserons pour se faire dans un premier temps la vie exemplaire d'un évêque polyvalent, Loup de Troyes pour s'intéresser ensuite à l'image d'un modèle à suivre pour Apollinaire.

I – La vie exemplaire d'un évêque ubiquiste

1 – Un moine et un évêque

Avant d'être évêque du diocèse de Troyes, Loup a été moine à l'abbaye de Lérins dans le sud de la Gaule où il faisait partie des disciples d'Honorat d'Arles, le fondateur de l'abbaye. Comme on le voit à la ligne 31 « après vos pénibles veilles de la milice de Lérins ». On peut considérer que cette décision sonne le glas de son mariage. Toutefois lorsque les époux décident de prendre l'habit monastique, il s'agit alors d'une élévation du mariage en union spirituelle. Cela montre que même dans le mariage Loup se destine à Dieu, il le prouve en vivant hors du siècle, selon la règle. Sidoine Apollinaire insiste sur les « pénibles veilles » en référence à l’ascèse stricte qu'impose la vie monastique, au cilice qu'il s'obligeait à porter. On remarque donc que Loup sacrifie alors son bien être à sa quête spirituelle.

L'adoption de ce mode de vie lui permet d'accéder au siège épiscopal de la ville de Troyes en Champagne. Loup retrouve alors la vie dans le siècle, étant chargé de la gestion du territoire et de la cure des âmes. Son épiscopat se révèle exemplaire, comme l'indique Apollinaire à la ligne 28 « même la foule de vos collègues reconnaît votre prééminence et tremble devant votre critique. » L'évêque de Troyes force donc le respect de ses confrères et se retrouve consulté comme une figure d'autorité. Cette autorité lui est conférée par la longévité de sa charge d'évêque. En effet, il est fait mention ligne 31-32 « des neufs lustres déjà passées sur le siège épiscopal ». Dans la Rome antique, le lustre désignait l'espace de temps de cinq ans séparant deux recensements, il signifie par extension une longue durée. Ici neuf lustres correspondent donc à quarante-cinq ans.

De plus, il est dit aux lignes 32-33 « l'armée spirituelle des saints des deux ordres vous vénère », on remarque donc que Loup de Troyes est un ecclésiaste ubiquiste, et une référence pour le monde régulier par son action de moine mais aussi dans le monde séculier par l'exercice de sa charge.

2 – Un chef et un défenseur de la communauté chrétienne

Le choix du mot « armée » n'est cependant pas anodin. En effet, il désigne en plus de l'aspect spirituel de la vie de Loup, le combat temporel qu'il a mené lors de l'invasion des Huns en Gaule. Apollinaire parle de lui « comme le plus fameux des primipiles » à la ligne 34. Le primipile est, dans l'Empire Romain d'Occident le premier centurion qui commande la première compagnie de chaque cohorte. Cette assimilation à un chef de guerre démontre que ses fonctions d'évêque dépassent le rang de prédicateur ou d'administrateur religieux. En effet, c'est lui-même qui se rend au camp d'Attila, le chef des Huns, pour négocier et le convaincre d'épargner la ville de Troyes « sans défense, ni murs, ni soldats ». Un parallèle est alors réalisé entre cette action de type politique et sa mission première qui est d'évangéliser les fidèles. On remarque qu'aux lignes 37 à 47, Apollinaire décrit l'action spirituelle de Loup en la comparant à une exaction guerrière. L'évêque se retrouve en effet qualifié de « général vétéran » à la tête d'une « Sainte-armée » qui se doit de « porter l'étendard de la croix ». Ainsi, Sidoine Apollinaire le présente comme un « héros » défenseur des siens et des intérêts de Dieu, ne reculant pas devant la nécessité d'un combat pour le triomphe de la chrétienté. Cette description élogieuse de Loup de Troyes contribue à l'édification d'un mythe.

II – Loup de Troyes un modèle pour Apollinaire ?

1 – Un nouveau Christ ?

Dès les premières lignes de la lettre, l'auteur compare très explicitement Loup de Troyes avec la figure Christique. Ainsi, aux lignes 3-4, il est désigné « père des pères et le Jacques de votre siècle ». Cette appellation fait référence à Saint Jacques le Juste, personnage important de l’Église primitive qui a dirigé la première communauté chrétienne à Jérusalem. Il est aussi considéré comme ayant un lien de parenté avec Jésus. Cette assimilation à Jacques le Juste confère à Loup une place privilégiée aux côtés de Dieu, le rapprochant plus que quiconque du Christ. Toutefois, la parenté entre Jacques et Jésus faisant l'objet de débat théologique, cette interprétation est à nuancer mais s'inscrit toutefois dans la démarche élogieuse de l'auteur. En outre cette hypothétique parenté, réelle ou spirituelle, Sidoine Apollinaire compare les actions de Loup avec celles du Christ. Il parle en effet de « la croix que vous portez vous-même depuis si longtemps » à la ligne 40, qui peut être une référence à la charge exercée par l'évêque mais également à la croix de la Passion. Il parle encore à la ligne 83 de « notre glorieux Seigneur, avec lequel vous êtes crucifié ». Cette analogie avec le Christ place encore un peu plus Loup de Troyes dans l'héritage direct de ce dernier. Il se retrouve en effet à la tête de la hiérarchie de la chrétienté puisqu'il est dit ligne 6 que l'évêque est fixé « du haut d'une Jérusalem qui n'est pas inférieure à l'ancienne, sur tout les membres de l'église de notre dieu. »

La comparaison avec les actions du Christ se poursuit aux lignes 52 à 58 , où l'auteur fait mention de la capacité de Loup à réaliser des miracles, « toucher des doigts de vos exhortations les ulcères du vermisseau le plus méprisable. » Cela rapproche encore un peu plus les deux figures.

Toutefois, Sidoine Apollinaire nuance son propos à la fin de la lettre, à la ligne 80, en appelant Loup « nouveau Moïse, inférieur à l'ancien par l'âge plutôt que par la valeur ». Cette nuance reste dans la volonté de réaliser l'éloge de l'évêque tout en minimisant les rapports avec la figure Christique. En effet, plus que s'inscrivant dans une parenté directe, Loup se retrouve être un intercesseur assimilé au prophète qui fut appelé par Dieu par l'intermédiaire du buisson ardent. L'évêque de Troyes semble donc être le meilleur interlocuteur pour Apollinaire par son action et son lien avec Dieu.

2 – Une référence pour Apollinaire ?

Sidoine Apollinaire écrit cette lettre à la suite de sa nomination à l'évêché de Clermont en 471. Bien qu'il n'y soit pas explicitement fait mention, le sujet est abordé. En effet, il écrit à son ami pour lui faire partager ses angoisses et lui demander conseil. Lignes 12-13 « éprouvant à la fois le besoin et la crainte de vos entretiens salutaires, je serai conduit par le souvenir d'une vie punissable à vous crier ce que disait au Seigneur, votre illustre collègue : « éloigne-toi de moi, Seigneur, car je suis un pécheur. » » On remarque que dans toute la lettre, Apollinaire ne se sent pas à la hauteur de la charge qui lui est confiée. Il utilise pour cela un vocabulaire extrêmement dépréciatif à son propre égard. Ligne 61 à 65 « comprendre l'énormité du fardeau qui pèse sur mes épaules. Le misérable que je suis, en est maintenant venu à la nécessité d'être obligé

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