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Le Père Goriot Discours De Mme De Bauséant

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la conduit à prodiguer des conseils qui soulignent son expérience. Ils sont formulés comme de véritables commandements.

1) Une femme d’expérience

Plusieurs formulations soulignent cette situation privilégiée. On note l’emploi du présent de vérité générale (l.1-3) et l’insistance sur des relations de cause à effet présentées comme habituelles (« aussitôt qu’ » l.1, « toujours » l.2). Elle montre par là une expérience de l’observation du monde et une capacité à déduire des phénomènes dont elle sait le déroulement prévisible. Cette connaissance du monde est confirmée par des affirmations catégoriques (« maintenant je sais tout » l.9) et par une certaine manière d’envisager des hypothèses multiples auxquelles elle apporte des réponses assurées. Métaphore du monde comme un livre l.8 dont elle a percé tous les mystères, interprété le sens, compris tous les éléments. Plus rien ne lui est « inconnu » (l.8).

2) Des situations diversifiées

Les hypothèses sont soulignées par la récurrence d’une structure conditionnelle (« si vous n’avez pas… » l.11, « mais si vous avez… » l.12, « si jamais vous aimiez… » l.14). Cette manière d’envisager différentes possibilités est révélatrice d’une réelle habitude du monde et des comportements sociaux. Il faut aussi noter l’ensemble des recommandations catégoriques qu’elle assène au naïf Rastignac.

3) Des recommandations catégoriques

Elles sont nombreuses, toutes exprimées soit au futur soit à l’impératif. Celui-ci, sous forme d’ordre ou de défense, (« traitez » l.6, « frappez » l.9, « n’acceptez » l.10, « cachez » l.12, « ne le livrez pas » l.14) laisse peu de choix. Il précise la conduite à tenir et présente les actes à accomplir comme liés à une question de vie ou de mort. Ces formules injonctives sont rendues plus solennelles encore par des parallélismes (« plus froidement (…) irez » l.9 / « vous ne seriez (…) la victime » l.13) et des asyndètes (cf. l.9 et l.13).Les futurs expriment (avec la même certitude) les découvertes que fera le jeune homme. Cette anticipation d’un itinéraire dans lequel se trouvent précisés à la fois les étapes, les obligations et les résultats de cette démarche découvre au jeune Rastignac un monde fait d’hypocrisie, d’arrivisme et d’intérêt.

On a donc ici l’image d’une femme qui sait très bien de quoi elle parle et qui connait parfaitement (maintenant qu’elle-même en a été la victime) les règles du jeu social, ses codes, ses dangers. Son amertume vient du fait qu’elle s’est laissé abuser, qu’elle a osé être sincère dans un monde de requins. Ce qui explique également sa réaction d’orgueil, sa dignité de « grande dame » l.4 ; elle n’a plus dès lors que le souci de former Rastignac pour se venger du monde à travers lui (image des éclairs qui sortent de ses yeux l.4, qui rappelle les Erinyes, déesses de la vengeance).

II Une image dépréciative de l’humanité et de la société

Le tableau que trace Mme de Beauséant des comportements humains fait apparaitre une humanité cruelle et intéressée, toujours hypocrite. Le ton est donné dès les premières lignes de l’extrait par la caractérisation du monde, « infâme et méchant » (l.1), l’évocation des sarcasmes et des railleries. Par la suite, la vicomtesse précise cette première analyse en insistant sur tous les défauts du monde dans lequel va entrer Rastignac.

1) Un monde cruel et corrompu

Le tableau que trace Mme de Beauséant des comportements humains fait apparaitre une humanité cruelle et intéressée, toujours hypocrite. La cruauté est mise en valeur par l’exemple de l’ami faussement consolateur (l.2-3 : image du « poignard » qui traduit la volonté de blesser, le plaisir sadique pris à voir l’autre souffrir / « ami » fonctionne comme une antiphrase et souligne l’hypocrisie). La corruption apparaît par la mise en relief des intérêts et des bassesses. La narratrice utilise un vocabulaire moral fortement dépréciatif lorsqu’elle évoque la « corruption féminine », la « misérable vanité des hommes » l.7). La critique est soulignée par les procédés d’expression d’une quantité et d’une mesure : « vous sonderez combien » l.7, « vous toiserez la largeur » l.7 (parallélisme des formules).

2) Un monde hypocrite

L’hypocrisie est l’instrument qui permet de réussir. Cette idée est clairement exprimée dans le texte. Aucune attitude n’est présentée comme sincère et qui pis est, il ne faut surtout pas être sincère. En effet, toute sincérité conduit, selon la narratrice, à la situation de dominé (« vous deviendriez la victime » l.13-14). L’ensemble des recommandations, qui font alterner les ordres et les interdits (« cachez-le », « ne le laissez jamais » / « gardez bien », « ne le livrez pas » l.12-14) met très clairement en relief le caractère vulnérable de la sincérité, et la nécessité de se forger un masque social. Cacher ses sentiments conduit en effet à jouer constamment un rôle.

3) Un monde de calcul

Si la spontanéité est bannie, c’est le calcul et la dissimulation qui prévalent. Tout, dans le texte, met en relief l’importance du calcul : l’emploi du verbe « calculer », en relation logique avec la réussite (comparaison progressive « plus… plus » l.9) montre qu’il y a là une relation de cause à effet, illustrée par l’image de l’être humain pris comme instrument de l’ascension sociale (image très cruelle des « chevaux de poste qu’on laisse crever à chaque relais » l.10). La mise en relief d’une réflexion permanente sur la manière de réussir montre que pour la vicomtesse rien n’est laissé au hasard : la réussite dépend d’une utilisation raisonnée des moyens qu’offre la société.

C’est en fonction de cette conception réaliste et pessimiste que la vicomtesse définit les armes de la vie sociale : il faut être calculateur, et se comporter en dominateur (prédateur) pour ne pas être dominé.

III Les instruments de la réussite sociale

Le texte en fait apparaître plusieurs, sous une forme directe ou indirecte. Outre la connaissance du monde et l’absence de scrupules, il faut savoir se servir des autres et bénéficier d’un guide. Tel est l’enseignement de Mme de Beauséant.

1) La connaissance du « terrain »

Elle est indispensable pour fonder la relation entre l’arriviste et le monde. Cette connaissance des mécanismes du monde social et des êtres permet d’en utiliser les faiblesses et de retourner les situations. Comme dans un combat, il est primordial d’être armé et de connaître l’adversaire. C’est pourquoi Mme de Beauséant insiste sur cette notion et pousse Rastignac à « mesurer » l’adversaire. Ainsi se justifient l’emploi des termes de mesure (toiser / sonder) et un vocabulaire de la

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