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A quoi sert d'être cultivé ?

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Par   •  4 Avril 2016  •  Dissertation  •  2 462 Mots (10 Pages)  •  2 122 Vues

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A quoi sert d'être cultivé ?

« On façonne les plantes par la culture, et les hommes par l'éducation » dit Rousseau au début de l'Emile présentant ainsi deux sens du mot culture. Dans un sens général, culture du latin colere signifie « mettre en valeur » par exemple un champ mais aussi bien l'esprit, c'est en ce sens donc, l'action de transformer la nature mais aussi l'Homme.

Cependant, contrairement à la culture de la nature, la culture de l'esprit ne semble elle pas nécessaire à notre survie et ne semble représenter qu'un plus pour ceux qui la choisisse.

De cette manière, nous pouvons nous demander « A quoi sert d'être cultivé ? »

On entend couramment dire qu'il est important de s'instruire, qu'on ne fini jamais d'apprendre et ce tout au long de notre vie. La connaissance par la culture et le savoir, est ainsi hautement valorisée; elle est d'ailleurs souvent utilisée comme critère de sélectivité notamment pour les grandes écoles visant à former « l'élite » de la société. Pourtant, la connaissance est illusoire puisqu'elle ne permet pas forcément à l'individu qui la recherche d'acquérir de la sagesse. L'apparente dominance que semble donc prédisposer l'intellectuel face à l'interlocuteur dit « ordinaire » n'a donc pas lieux d'être. De plus, l'intellectuel ne semble pas forcément plus heureux que l'individu possédant un panel de connaissances plus restreint.
Dès lors, une question s'ouvre à nous,
 l'Homme a-t-il un réel intérêt à se cultiver ?

La question est de savoir si la transformation opérée par la culture est nécessairement une amélioration, un accomplissement. La culture ne peut-elle pas être déshumanisante ? De plus, l’aptitude à penser permet-elle d’approcher, dans son existence, quelque chose que l’on appellerait le bonheur ?  Nous nous interrogerons d'abord sur l'importance de la culture de l'esprit pour l'homme; puis nous distinguerons les perspectives néfaste qu'elle suppose. Enfin nous aborderons la dimension relativiste qu'inspire la culture dans la quête du bonheur.

Depuis la préhistoire à nos jours, la notion de hiérarchie a toujours existé au sein des sociétés. En effet, parmi tout groupe d'individus, certains révèlent forcément des aptitudes qui les favorisent et les distinguent. Ainsi, ces aptitudes pouvant être manuelles comme intellectuelles, leur permet d'acquérir un certain respect de la part d'autrui, voir une admiration. Durant l'Antiquité, alors que le plus brave et fort prenait généralement le statut de chef, le plus cultivé et ouvert sur le monde était lui consulté et disposait d'une place privilégiée. Au même titre; les sophistes (du grec ancien sophistès : « spécialiste du savoir ») de la Grèce antique étaient particulièrement respectés du fait de leur important répertoire de connaissances et de leur maîtrise du discours remarquable. Les grecs éprouvaient un réel intérêt de se cultiver puisque les services des sophistes étaient d'ailleurs monétisés.
Toutefois, cette intérêt ne semble pas s'être estompé puisqu'aujourd'hui encore, la culture de l'esprit figure comme l'une des aspirations majeures de toute société pour ses individus. En effet, d'une part, l'apprentissage du savoir se fait de manière imposée par l'éducation qui est obligatoire, d'autre part, de manière plus autonome par de nombreuses structures ou évènementiels culturels mis à disposition tels que les musées, les théâtres, les médiathèques ou encore les cinémas.
Si la société semble être aussi attachée à vouloir cultiver chacun de ses individus, c'est parce qu'elle saisis l'importance de son impact. En effet, la culture est indissociable de la société, chacune possède sa propre culture, son patrimoine, son histoire et ses acteurs. Cette culture que cherche à partager la société donc, c'est la marque d'une identité pour chacun de ses individus; un sentiment de curiosité d'abord, puis d'inspirations et enfin d'appartenance. Ce sentiment est essentiel pour le maintient d'une certaine cohésion et prospérité au sein de la société. Chaque individus à instinctivement besoins d'être entouré de personnes partageant la même histoire, les mêmes valeurs, les mêmes racines; et c'est à cette homogénéité que promet la société par l'ouverture à sa culture. Être cultivé permet alors de mieux comprendre sa nation, la bravoure de dirigeants qu'elle à vu naître, le génie de ses compositeurs ou encore la fantasmagorique plume de ses auteurs; et donc ainsi de l'aimer : “La jeunesse doit non seulement assimiler tout ce qu'a créé la vieille culture, mais élever la culture à une hauteur nouvelle, inaccessible aux gens de la vieille société. ”  (Constantin Stanislavski).  Elle permet cependant aussi l'ouverture aux cultures de l'étranger, et donc une ouverture au monde. Cette ouverture est elle aussi indispensable puisque l'histoire à montré qu'en se désintéressant de l'étranger, on ne peux le comprendre et cohabiter avec, de ce fait on fini par le rejeter et le considérer comme l'ennemi. Un monde de paix n'est alors pas envisageable si aucune ouverture n'est procédé. Ainsi, nous nous cultivons pour mieux comprendre le monde où nous vivons et y participer. Pour pouvoir communiquer et ne pas se sentir seul, au contraire, marcher dans un certains sens avec autrui;  Il s'agit donc d'un échange. Cependant, cultiver son esprit ne permet pas simplement d'être en accord avec sa société et son prochain, mais aussi et avant tout de l'être avec soi-même.

Être en harmonie avec soi-même est d'une complexité extrême. En effet, on dit d'une vie qu'elle est vie semée d'embuches et que de ce fait, on ne cesse de grandir tout au long de celle-ci. L'évolution est permanente et avoir un corps en harmonie avec son esprit peut être l'aboutissement de toute une vie. Certains même chercheront leur place dans l'univers ou un sens à leur existence et ce toute leur vie sans jamais y parvenir : «Le corps cesse de grandir après quelques années, mais l’esprit peut grandir toute la vie.” (john lubbock)
La philosophie de Sartre insiste sur l'idée qu'il n'y a pas de nature humaine au sens où rien ne prédétermine un homme à être tel ou tel : L'homme est en ce sens le résultat de ce qu'il fait, de ce qu'il veut être. Dans son œuvre
L'existentialisme est un humanisme Sartre montre avec l'exemple d'un coupe papier que si l'on part de l'idée que Dieu n'existe pas, alors contrairement au coupe-papier, l'homme devient un être pour qui l'existence précède l'essence. Il n'a pas été créer par quelqu'un ou quelque chose, il n'a donc par conséquent pas été défini avant son existence, « il existe d'abord, se rencontre, surgit dans le monde et se définit après. ». La culture de l'esprit peut donc trouver son intérêt dans le fait d'ouvrir l'individu au monde afin de lui permettre de choisir du mieux que possible ce à quoi il veut s'apparenter, devenir qui il souhaite et ainsi se rapprocher du plus possible de l'état de bonheur. De plus, L'homme naît avec un « potentiel » des facultés spécifiques (la conscience, le langage ou encore l'imagination). L'homme est donc un Homme en puissance mais il ne peut actualiser ses potentialités seul, il lui faut être éduqué, c'est à dire en quelque sorte, être conduit à l'humanité. Un enfant possède en lui la capacité de parler mais ne parlera que si l'on en instruira. De ce fait, se cultiver revient à affirmer sa liberté puisque les facultés visent à affirmer la liberté de l'homme. Ce dernier cultive sa capacité à produire des pensées et à faire son corps sien à la fois de façon individuelle comme collective. Se cultiver revient donc à un processus d'humanisation qui n'est possible qu'à travers la culture de l'esprit : « Presque tout ce qui caractérise l'humanité se résume par le mot culture." (François Jacob )

 Des études réalisés sur des enfants sauvages montrent d'ailleurs qu'un être humain privé très tôt de tout éducation, de toute culture, n'accède pas à l'humanité et reste un « moindre animal ». (Lucien Malson).
Néanmoins; bien que se cultiver semble un élément essentiel dans la transformation psychique de l'individu, les côtés néfastes qui en découlent restent nombreux.

La transformation de l'Homme par la culture l'éloignant ainsi se son état dit « naturel » auquel il est le plus proche lors de sa naissance (puisque plus l'individu est jeune, moins il cultivé) est selon Rousseau une mauvaise chose. En effet, selon lui, « L'homme naît bon, c'est la société qui le corrompt », c'est à dire que l'état naturel pour l'Homme (c'est à dire quand celui-ci n'a connu aucune voir très peu de culture) est la meilleure chose qu'il soit. Elle le maintient certes dans une naïveté, une certaine insouciance voir même bêtise; mais elle lui est suffisant pour vivre heureux au jour le jour sans se soucier de pourquoi ou du comment. Simplement vivre en harmonie avec la nature. Cette idée semble donc se référer à la quête du bonheur. Tout comme Rousseau, Nietzsche estime que la culture ne permet pas le bonheur. L'image des animaux vivent en paix avec eux-mêmes et ne connaissant aucun tourment psychologique que ce soit sur le futur, la mort, la raison de leur existence ou encore la peur de se tromper; en est le parfait exemple.
En effet, La culture de l'esprit semble amener irrémédiablement celui qui la recherche dans un état de morosité, lassitude ou encore de désolation. C'est sentiments s'explique du fait que se cultiver revient forcément à découvrir et devoir accepter la réalité, or une importante partie de cette réalité se trouve être sombre et dure. La réalité fait disparaître la magie insouciante. De plus, la culture de l'esprit ne semble pas avoir de fin, et être « trop » cultivé ne se révèle pas forcément être un réel atout non plus. Les individus de cette catégorie vivent en décalage avec leurs société, ils sont souvent incompris et vivent en solitaire, ce qui est paradoxale venant d'une activité visant à permettre l'ouverture au monde : “Tu seras solitaire parce que la culture est aussi une prison.” (Aldous Huxley)

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