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Internet Et Les Révolutions Arabes

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st de donner une audience aux fuites dʼinformations, tout en protégeant ses sources.”

Au cours de lʼautomne 2010, Wikileaks a publié sur son site des notes diplomatiques qui révèlent ce que pensent les dirigeants américains du gouvernement de Ben Ali. Qualifiées de “quasi-mafia”, les familles Ben Ali et Trabelsi (famille de la femme du président), sont accusées de régner sur tous les pans économiques du pays. Au total, selon une citation choisi par le Guardian, "la moitié du monde des affaires en Tunisie peut se targuer d'être lié à Ben Ali, d'une façon ou d'une autre et notamment par le mariage".

Qualifié également de corrompu par ces mémos, le régime de Ben Ali est “sclérosé”. Tout en saluant la croissance économique de 5% en moyenne, ces mémos pointent la frustration du peuple tunisien par le manque de liberté politique et sa colère contre la corruption de la famille Trabelsi. Frappés par une situation économique difficile, une inflation croissante et un taux de chômage élevé, les tunisiens ont nourri leur colère par les démonstrations de richesse des puissants et par les rumeurs de corruption persistantes.

Cette colère de la jeunesse et ce ras-le-bol a fini par jaillir à la suite de lʼétincelle provoquée par le suicide du jeune Mohamed El Bouazizi.

Mohamed avait 26 ans et nʼa jamais obtenu de diplôme. Il sʼest toujours battu pour subvenir aux besoins de sa mère et de ses sept frères. A 19 ans, il sʼinscrit dans une

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association dʼaide aux chômeurs qui ne lui propose pas dʼemploi. Il est alors contraint de devenir marchand ambulant de fruits et légumes à Sidi Bouzid, sa ville natale.

Pendant près de 7 ans, il va ainsi gagner décemment et simplement sa vie. Jusquʼà ce quʼun jour, il se heurte à une administration corrompue qui se plaît à compliquer la moindre démarche dans le but de soutirer des “bakchichs” à la population. Etant travailleur clandestin et nʼayant pas assez dʼargent pour verser les pots-de-vin réclamés, il va jouer au jeu du chat et à la souris avec les autorités. Lors des contrôles, les agents municipaux ne se gênent pas pour se servir gracieusement dans la marchandise quand ils ne prélèvent pas 10 euros dans la caisse par jour. Parfois trop zélés, ceux-ci lui assènent de payer 320 euro dʼamende que Mohamed a beaucoup de mal à payer. Sa marchandise est alors confisquée et il doit débourser régulièrement 10 euros pour la récupérer. Face à ces difficultés administratives et financières, Mohamed ne peut compter que sur ses proches.

Le drame sʼest donc déroulé au cours de la journée du 17 décembre 2010. Ce jour-là, Mohamed sʼest une fois de plus vu confisqué son outil de travail. Cʼest la fois de trop. Il décide donc dʼaller déposer plainte auprès du gouvernorat mais la seule réponse quʼil obtient est une gifle de la part dʼune policière municipale. A bout de nerf, il décide de crier son ras-le-bol en craquant lʼallumette qui embrasera tout un peuple. Cet acte suicidaire et désespéré sera le point de départ dʼune vague de manifestation dans tout le pays mais aussi dans tout le monde arabe.

Les proches du jeune vendeur de fruits et légumes vont alors manifester dans la ville de Sidi Bouzid mais les médias tunisiens ne diffuseront pas cette information. Cʼest en fait une jeune internaute et cyberactiviste de la ville qui va relayer lʼinformation via son compte Twitter. Cette information sera ensuite reprise et largement diffusée sur Facebook et Youtube.

Les tunisiens sont les premiers dans le monde arabe et en Afrique à sʼêtre largement connecté aux réseaux sociaux sur Internet. En effet, en seulement deux mois, entre le 17 décembre 2010 et le 20 février 2011, plus de 400 000 tunisiens se sont créés des comptes Facebook afin de pouvoir suivre lʼévolution des contestations. Munis de smartphones et connectés à la toile, les tunisiens ont fait leur révolution dans un contexte économique et social tendu.

Facebook et Twitter ont donc été une formidable machine de communication mais la révolution nʼest possible que si le peuple descend dans la rue et prend le risque de se révolter. Internet a permis la transmission de message et le peuple a agit.

Selon Patrick Eveno, professeur à la Sorbonne et historien des médias, “on peut dire que lʼInternet et les réseaux sociaux sont devenus des outils dʼexpression qui accompagnent les mouvements de protestations. Le propre dʼune révolution, cʼest lorsque le pouvoir ne parvient plus à maintenir lʼordre et à étouffer la parole des contestataires. La parole prend alors le pouvoir et épouse les normes technologiques de son époque.” Et Internet, les sites dʼéchanges comme les blogs et les forums ainsi que les réseaux sociaux ont permis aux révolutionnaires de dʼéchanger des informations afin de descendre dans la rue.

Pas étonnant alors que la révolution de Jasmin ait entraîné dans son sillage le peuple égyptien. Le 14 janvier 2011, on assiste au départ peu glorieux de Ben Ali. Cette victoire du peuple tunisien va donner un souffle de liberté et de démocratie au sein du pays ainsi quʼun sentiment de justice retrouvée. LʼEgypte commence alors à se réveiller et prend conscience du pouvoir que le peuple peut mobiliser. Désabusés par les richesses non partagées, par la corruption, par la torture et par les scandales électoraux, les égyptiens commencent à se révolter. Le 26 janvier 2011, et malgré lʼinterdiction des autorités, des milliers de manifestants défilent dans plusieurs villes du pays. Des centaines de personnes sont arrêtées et la répression est sévère. 70 personnes sont tuées ce jour-là et le pouvoir décide de couper lʼaccès à Internet. Le 31 janvier, les manifestants déclarent quʼils protesteront jusquʼau départ dʼHosni

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Moubarak, la répression a déjà fait plus de 125 victimes. Le 1er février, lʼarmée se range du côté des contestataires et sʼengage à ne pas ouvrir le feu lors de la “manifestation du million”. Durant cette manifestation, les protestataires empruntent le slogan des tunisiens “Moubarak, dégage !”. Après avoir annoncé une augmentation des salaires pour les fonctionnaires et les retraités, le peuple égyptien ne décolère pas. Le vendredi 11 février, Hosni Moubarak prend la fuite en hélicoptère pour la station balnéaire de Charm-El Sheik et remet le pouvoir à lʼarmée qui suspend la Constitution et dissout le Parlement.

Le Monde, le 21 février 2011 : “ Sur la Terre des Pharaons et des Pyramides, le coupure dʼInternet et des téléphones portables, pendant plusieurs jours, nʼa pas eu les résultats escomptés par les services dʼHosni Moubarak car les mouvements dʼopposition étaient trop puissants.”

La clameur de la foule place Tahir au Caire et à Tunis a résonné dans le Monde entier grâce à la toile et aux médias traditionnels qui ont relayé cette colère. Que ce soit en vidéo, en texte ou sous forme de “statut” sur les réseaux sociaux, les chutes des raïs tunisiens et égyptiens ont été saluées, commentées et “re-tweetées” par des millions de personnes connectées à leur ordinateur ou à leur téléphone portable. Ces flux dʼinformations en continue et en temps réel donnent lʼimpression que la révolution dans les pays arabes est portée par Internet et les réseaux sociaux en particulier.

Déclenchée quelques semaines avant lʼimmolation de Mohamed El Bouazizi grâce aux révélations sur le site Wikileaks de ce que pensent les dirigeants étrangers du régime de Ben Ali, la prise de conscience du peuple sʼest tout dʼabord formée sur Internet et les réseaux sociaux.

Véritable espace de contestation de la colère du peuple tunisien, les réseaux sociaux ont joué un rôle crucial dans la chute des gouvernements de Ben Ali et Moubarak. Postés sur Facebook, Twitter ou Youtube, les témoignages, photos et vidéos des manifestations de Sidi Bouzid ont permis de relayer le vent de colère de ses habitants et dʼenflammer le peuple tout entier.

Cʼest une vidéo du 12 janvier qui a mis le feu aux poudres. Postée sur Youtube et relayée sur Facebook, cette vidéo montre un homme de Sidi Bouzid, franco tunisien, à terre en train de se faire massacrer par les militaires alors quʼil manifestait pacifiquement. Cette information a ensuite été reprise et largement diffusée par les cyberactivistes. Les premiers acteurs de cette révolution sont les cyberactivistes. Principaux émetteurs dʼinformations et spécialistes du réseau mondial, ils sont capables de se procurer les photos et les vidéos des manifestants sur le terrain, de les mettre ne scène et de les diffuser sur tous les réseaux sociaux. Il se réunissent parfois en collectif comme les “Anonymous”, devenus célèbre pour sa lutte contre la scientologie ou son soutien au site Internet Wikileaks. Sans ces bloggueurs très actifs, lʼinformation nʼaurait pas pu circuler aussi vite et aussi librement. Ils ont réussis à dépasser la censure afin de rendre compte de la situation chaotique de leur pays.

Les groupes et pages Facebook organisant les rassemblements se sont très vite mis à enfler. La base de la circulation des informations a été lʼutilisation de ce réseau social. Ce site touche énormément de monde mais les informations y circulent moins vite que sur Twitter, qui est un peu plus élitiste. Fonctionnant sur le principe de la recommandation, pour être diffusée très largement, une information doit être reprise par les amis de

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