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la fin du même vers. s'ensuivent les avanies subies, d'où la proximité entre «pluie» et «nous», idem pour «pies, corbeaux»; comme l'implique le rythme de la ballade, les pendus reviennent sans cesse à la charge, en un mouvement qualifié par le commun de fantastique. Judicieusement, la polyptote «notre», au v. 29, semble reprendre en fin de vers celle du début du v. 9; ceci permet d'assurer l'envoi: «tous» au v. 31, «nous» au v. 32, avec un glissement de sens, en fait un élargissement du référent: l'Enfer a aussi le pouvoir sur tout homme, d'où le collectif dans le déclaratif «n'avons» unissant dans un même destin ( ou une même prière, mais ceci renverrait au. thème 2!) morts et vifs, en fait, comme attendu, depuis longtemps demandé, «tous nous» dans le dernier refrain. Assurément, ces morts sont bien présents dans ce texte, autant que les bons bourgeois apostrophés (est-il utile de faire sur le «vous» le même relevé que sur le «nous»? 4 occurrences précises du pronom, 5 impératifs dont 4 de défense, avec 2 implicites au v. 9 et 19), accrochés que sont ces malheureux (notre démonstratif est volontaire!) à ce gibet, à l'entrée d'une cité, ici Paris, vu le titre exact de cette ballade expliquée par la biographie de son truand d'auteur. Le gibet de Montfaucon où l'on pendait (haut et court?) au cube, en un châtiment qui se voulait exemplaire (D'aucuns semblent en avoir actuellement la nostalgie en clouant au pilori la «racaille»). Gibet que Victor Hugo rendra célèbre, pour cesser toute polémique, inutile!

Les badauds sont ainsi rendus sensibles à l'interdiction émise au vers suivant, dont la force s'appuie sur la valeur négative du «n'» - qui n'a pas besoin d'être renforcé au Moyen Age [rappel: au MA, la négation est : n'/ne; MAIS il y a 2 ambiguïtés: 1: je n'ai qu'une chose à dire, où le n' dit +1, 2: je crains qu'il ne vienne où ne veut dire: +; face à ces deux difficultés, le français renforce la négation affaiblie par le plus petit élément minimal de l'action évoquée, d'où: je ne marche pas, je ne vois point, je ne mange mie, je ne bois goutte, je n'ai rien (=je n'ai chose!), je ne dis mot]. Cette défense claque, sort renforcée du pluriel: les «cœurs» à la césure ainsi que de la disjonction entre le verbe auxiliaire et le composé, sans oublier l'abondance des voyelles fermées de ce v. 2 et le jeu entre les dentales/gutturales (le très fort [ k ] qui rebondira sur la CAR) opposées aux liquides [ r ] et [ l ]

Nous sommes pris... à la gorge: l'hyperbate nous frappe, comme l'ellipse: «si pitié de nous pauvres avez»=: si vous avez pitié de nous, pauvres que nous sommes. de fait, le suspens de la conditionnelle - inattendue après le: «car» - nous étreint, comme la séquence phonématique [p p v v], ou les sifflantes finales: [ sis ] si l'on opte pour la prononciation à partir de «six»... Le «nous» se fusionne étroitement avec «pauvres» à la césure de ce v. 3. La tension (spirituelle=thème 2) s'accentue donc de façon quasi physique.

Va-t-elle culminer avec la référence ultime: «Dieu» qui éclate au début du vers suivant, en tant que Juge Suprême?

Mais après avoir manipulé l'angoisse des passants, Villon entend les confronter aussi à l'horreur du spectacle atroce que les pendus offrent; pour ce faire, il utilise l'harmonie des voyelle en échos répétés, fermées, puis ouvertes, puis derechef fermées au v. 5, avec l'impact brutal de «voyez» à la césure, du hiatus central «ci a», des sifflantes [ s ]. le regard ne peut ciller: «(i)ci», comme contraint: il ne peut que constater les faits, objectivement dans cette déclarative au présent où le présentatif voici est encore vivant. Avec le détail technique précis comme attribut: «attachés»; on pendait les condamnés entravés pour limiter les soubresauts violents de l'agonie - le (dernier) combat, étymologiquement. De plus sur un gibet, on ne compte pas: quelle différence entre 5 ou 6? Un mort de plus ou de moins, la belle affaire, comme l'indique l'asyndète. Et le nous est bien celui du groupe des pendus, Villon et ses compagnons...

Mais la description devient clinique sur les 3 vers suivants; à peine la chair, ce qui caractérise le corps vivant, est-elle évoquée en en-tête au début du v. 6 - mais comme déjà entre parenthèse avec la prolepse «Quant à la chair», où les voyelles ouvertes sonnent vivement sur les 3 sourdes, avec la reprise ultérieure [ k t ] avec «que trop», qu'elle semble se désincarner lamentablement sur les voyelles fermées de la fin du vers malgré l'emphase/enflure (sic!) du «trop», puisque le passé composé indique que c'est bien fini, comme le corroborent les 3 e muets du v. 7, les passifs renforcés par l'adverbe «piéça» à la césure, le rythme: «El/l(e) est piéça/ || dévoré/(e) et pourri/e», l'écho des [ e ], la sonorité allant se fermant de la fin du vers. Rien ne nous est épargné: le «dévorée» annonce les charognards du troisième dizain, le «pourrie» répugnant de la fin du vers préfigurant le vers suivant. On tombe alors de Charybde en Scylla: si la chair est corrompue, les os, en crécelle vu les deux mesures binaires et la césure, les sonorités fermées, les dentales, n'ont plus de consistance, comme pulvérisés, avec une deuxième séquence binaire: «cendre et poudre» après: «dévorée et pourrie». Le «nous» a d'autant plus de présence, paradoxalement, que l'assise physiologique a disparu, car, en bon maître ès arts qu'il est, Villon sait que chair + os = le corps.

Ce dernier est ainsi frappé, détruit, comme le rappelle l'expression du vers suivant, avec un mot dont la brièveté et l'inversion rendent perceptible l'horreur: «De notre mal», en prolepse, comme en suspens inquiétant à la césure car ce terme s'avère être ici un euphémisme. Mais cette situation pathétique pouvant pousser à en prendre l'exact contre-pied par la distanciation comique, Villon, fin connaisseur des turpitudes humaines (et pour cause!) évite cet écueil en une interdiction apotropaïque: «(que) personne de s'en rie», ce qui rend l'ensemble encore plus sinistre. Quitte à faire preuve d'humour noir, comme au v. 25. Car l'humour fait sourire, et non rire...

Face un tel bilan, le seul recours reste Dieu, avec la Grâce de son pardon

Ce qui précède conduit - ainsi est faite l'âme humaine - à rejeter (avoir dédain) tout condamné à mort conformément à la loi: «occis par justice»; mais c'est que la peine, pour cruelle qu'elle soit, est acceptée ici de ceux même qui la subissent. Certes, les tribunaux de l'époque ne connaissaient pas les circonstances atténuantes, mais, première excuse dans ce plaidoyer post mortem (car cette ballade est aussi une réponse à la condamnation à mort qui frappe Villon), la faiblesse propre à l'homme (v. 14), deuxième excuse - au sens étymologique du terme, plus directement religieuse celle-ci, le pardon du Christ... On pourrait croire que le réel n'est pas de mise ici. Que non pas: il est évoqué par les verbes au présent, les constatations désabusées: «pas n'en devez», avec la tournure lexicale de la défense, «vous savez», voire l'appareil de subordination: «quoique, puisque», le retour sur ce qui a été dit: «si frères vous clamons» avec ce verbe à la césure pour évoquer le premier dizain et son attaque conformément à la structure même de la ballade qui est un éternel retour, le champ lexical de la mort: «occis» en fin de v. 12, «transis», en fin de v. 15, «morts» à la césure avec pause phono-sémantique du v. 19, avec l'abondance des négations: v; 11, v. 14, v. 17, 19, voire des termes négatifs: «dédain», v. 12, «toutefois», v. 13, «infernale», v. 18, «harie», v. 19 lui aussi en écho au v. 9 et annonçant le v. 29. La cause plaidée, reste le jugement de Dieu...

Et le spectacle que Villon s'impose à lui-même et à ses lecteurs, via les passants: celui de son propre corps mort, en compagnie de ses comparses... C'est tracé brutalement, en courtes notations réalistes: en parallèle, «la pluie, le soleil» en début de vers qui concourent, de façon apparemment paradoxale, au même résultat: la consomption de «la chair» évoquée au premier dizain. C'est incontournable, les pendus ne peuvent y échapper et c'est ce qu'illustrera l'abondance des structures binaires dans tout ce troisième dizain, avec ici, qui plus est, le même suffixe négatif: «dé/des». Y participent aussi le jeu des voyelles, l'allitération des sifflantes; même ce que la pluie fait de positif («débués»: enlever la boue... de la décomposition? «lavés?) est subi avec passivité (puisque le «nous» devient objet), le tout ne manquant pas d'humour noir. Le nombre des conjonctions de coordination dans ces deux premiers vers du dizain accentue la pression des éléments naturels. Notons un jeu de contraste entre «la pluie» et «le soleil»; ils sont habituellement incompatibles, donc le résultat a demandé du temps, d'abord au passé composé, comme ici, ensuite, par un passage au passif au v. 25, le présent, non pas de l'action mais du subi, vu le sens de: «nous charrie» en fin de v. 27, au point que le sujet de l'action, le vent, disparaît même syntaxiquement, en une superbe

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