DissertationsEnLigne.com - Dissertations gratuites, mémoires, discours et notes de recherche
Recherche

Albert Camus - L'Etranger (Le Meurtre De L'Arabe)

Dissertation : Albert Camus - L'Etranger (Le Meurtre De L'Arabe). Rechercher de 53 000+ Dissertation Gratuites et Mémoires
Page 1 sur 9

e « épée de lumière » comme il concerne l'armement. On constate aussi la présence d'une hyperbole « air enflammé » qui montre à quel point, le soleil le brûle.

Lorsqu'il aperçoit l'Arabe, il s'immobilise: « j'étais assez loin de lui, à une dizaine de mètres » puis, il avance de façon assez innocente « L'Arabe n'a pas bougé. Malgré tout il était encore assez loin. ». Enfin, une action est soulignée avec insistance et comme prolongée, montrant ainsi le drame qui risque de se produire : « A cause de cette brûlure que je ne pouvais supporter, j'ai fait un mouvement en avant. » … « Mais j'ai fait un pas, un seul pas en avant ».

Lorsque Meursault retourne sur la plage, cela revêt d'un caractère banal. retour du personnage est montré dans sa banalité. Il se trouve face à l'Arabe qu'il est surpris d'apercevoir sur la plage: « J'ai été surpris un temps ». L'Arabe tel qu'il est représenté dans le récit est déjà la préfiguration d'une victime. : « il reposait sur le dos, les mains sous la nuque, le front dans les ombres du rocher, tout le corps au soleil ». Il n'est donc pas en position d'agresseur ; c'est le hasard qui va conduire au dérapage final.

Le personnage perd le sens de la vue : on a deux fois le verbe « devinait », ce qui montre que Meursault perd la perception de l'espace. Ainsi, on a l'impression que le temps est suspendu. Lorsque l'on parle de fin du monde, le temps semble bloqué : on a tout d'abord des expressions qui marquent un ralentissement du temps : Le drame est ici lié à l'altercation qui a précédé et qui n'impliquait pas directement Meursault : « C'était le même soleil, la même lumière sur le même sable qui se prolongeait ici. », « plus paresseux... » Puis on a des expressions qui marquent qu'il s'est arrêté complètement : l'expression « deux heures qu'elle avait jeté l'ancre », qui est paradoxale puisqu'on a une indication de temps (« deux heures »). Meursault lui-même renvoie cette journée à une autre ayant eu lieu au début du roman. « C'était le même soleil que le jour où j'avais enterré maman ». Comme si le temps n'avançait pas. L'expression « c'était le même éclatement (idée de violence et notion d'éclatement du temps et de l'espace) rouge (notion de feu, de chaleur) », qui marque un phénomène de répétition du temps : même scène qui se répétait mais en plus atroce pour le héros.

Le hasard et l'immobilité du temps renforcent l'aspect dramatique de cette scène. Cependant, la pesanteur de cette présence incarne peut être une signification plus cruciale : le personnage serait le jouet du destin et le dénouement de la scène relèverait de l'absurde.

On est en présence d'un décor immobile, c'est à la plage, mais la mer semble pourtant en mouvement; c'est l'impression donnée par les nombreuses métaphores et personnification de la mer ( « océan de métal bouillant » ; « la mer haletait de toute la respiration rapide et étouffée de ses petites vagues » ; « vibrante de soleil » ; « murmure de son eau » ). Le décor fait figure de personnage à part entière. La lumière joue un rôle important puisqu'elle trouble la vision de Meursault. Dans un premier temps, Meursault essaye de combattre la chaleur, on a une réaction de tension du personnage déjà exprimée par l'expression « son front se gonfle sous le soleil » qui est une réaction de défense. Puis dans un deuxième temps, on observe les sensations physiques avec le début de la perte de perception visuelle : lorsqu'il voit l'Arabe, il y a en même temps une perception et un espèce de voile qui la rend difficile. Tout est centralisé sur le visage, autour des yeux, et ainsi, on remarque L'aveuglement tient une place importante dans la scène. Les verbes employés témoignent de l'imprécision de sa vision ( « je devinais son regard » ; « son image dansait devant mes yeux » ; « mes yeux étaient aveuglés derrière ce rideau de larmes et de sel » ). La luminosité n'éclaire pas, au contraire, elle est source de confusion : « il avait l'air de rire ». Ce qui conduit le couteau à devenir une « épée » et un « glaive », ce qui fait croire à Meursault qu'il est agressé. L'image de l'épée marque la confusion de Meursault entre l'agression des éléments naturels et celle du couteau. L'expression « la lumière a giclé » met en évidence un mélange eau et lumière que ressent le personnage : Le soleil prend le relais du couteau qui n'est pas encore agressif : l'Arabe n'a fait que de le sortir de sa poche. Finalement, cette confusion entre le couteau et le soleil marque que pour Meursault le soleil a pris la responsabilité du danger du couteau.

Le mot « soleil » est d'ailleurs répété huit fois dans le passage, comme pour l'accuser de la responsabilité des faits. La chaleur a aussi un rôle dans le meurtre. C'est un élément vivant dans le passage ; les verbes d'action soulignent son influence néfaste « se pressait derrière moi » ; « s'opposait » ; « s'appuyait ». La brûlure assimile le personnage à une victime. C'est cette brûlure qui l'oblige à avancer vers l'Arabe. Le lien logique établi par l'expression « à cause de » montre bien la relation de cause à effet entre chaleur et premier pas vers l'Arabe. S'ajoute à cette chaleur « le voile épais » de la sueur qui coule d'un coup sur les paupières.

Les expressions « au même instant » et « d'un coup » montrent qu'il perd d'un seul coup et complètement sa conscience. Le narrateur est dans l'incapacité à discerner ce qu'il voit et ressent, ce qui va le conduire à l'irréparable.

Une force transcendante semble peser sur le personnage. Un champ lexical indique ce rapprochement « glaive, lame étincelante, ciel ». Des hyperboles sont employées pour bien nous faire ressentir ce que ressent le personnage : « plage vibrante de soleil », « brûlure du soleil », « océan de métal bouillant », « la mer a charrié un souffle épais et ardent », « l'ivresse opaque qu'il me déversait », « le ciel s'ouvrait sur toute son étendue pour laisser pleuvoir du feu », on y entrevoit les Enfers grâce au feu, ainsi que l'Apocalypse grâce à l'eau ( pluie diluvienne), et bien entendu cette description est démesurée.. L'expression hyperbolique « océan de métal bouillant » montre que l'eau aussi est touchée par cette chaleur infernale. L'espace perd ses points de repère : avec ce mélange chaleur-eau, on a l'impression que la mer et le ciel se confondent avec la chaleur alors qu'auparavant, avant de déjeuner, la mer le rafraîchissait.

L'expression « quatre coups brefs sur la porte du malheur » nous fait penser à une annonce que le théâtre de la comédie humaine, se met en scène. Il y a comme une espèce de fatalité mais qui n'est pas artistique, qui a pris la forme du hasard et qui rompt avec le calme ambiant qui régnait. Ainsi, l'acte de tuer apparaît comme une rupture avec l'ordre social mais aussi naturel des choses: « détruit l'équilibre du jour » ; le bruit du revolver crée une rupture, un avant et un après la faute. : « J'ai compris que j'avais détruit l'équilibre du jour, le silence exceptionnel d'une plage où j'avais été heureux ». Le plus que parfait d'aspect accompli signale une rupture, et montre qu'on ne pourra pas revenir en arrière.

Bien que la possession de l'arme le met en état de toute puissance, il ne choisit pas sa situation puisque le pistolet ne lui appartient pas. L'expression « la gâchette a cédée » confirme que la responsabilité ne lui appartient pas. C'est à cause des éléments naturels qui le crispent, cet acte lui a échappé complètement.

De plus, il semble manquer de volonté propre : « j'ai pensé que je n'avais qu'un demi-tour à faire et tout serait fini ». Mais il ne le fait pas ! « Je savais que c'était stupide », mais il continue. Le crime n'est ni motivé, ni prémédité. « Rester ici ou partir, cela revenait au même ».

Il apparaît également comme un enfant : les termes « maman » et « épée » renvoient à l'univers enfantin. Cela dénote un manque évident de maturité. De plus, il transforme la réalité : « les cymbales du soleil » ; « la lumière a giclé ». « C'était comme » montre qu'il joue à métamorphoser le réel. On

...

Télécharger au format  txt (13 Kb)   pdf (112.4 Kb)   docx (10.4 Kb)  
Voir 8 pages de plus »
Uniquement disponible sur DissertationsEnLigne.com