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Analyse Electre Sophocle

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e à travers le dialogue. En effet le dialogue entre Oreste et Electre débute à peine, que déjà un réel champ lexical, autour de la parole, s’installe. Ainsi nous pouvons citer des mots tels que « dire », « mots », « langue », « propos », « parles », « termes » qui reviennent avec vivacité dans le dialogue.

On retrouve un réel désir de dialoguer, notamment chez Oreste qui va tenter de s’introduire dans le monologue d’Electre, en tentant de comprendre son désarroi, « Comment en pourrait il être de plus affreux ? ».

Les deux personnages se cherchent à travers le dialogue, d’où la grande présence de questions dans la scène, « Ah ! que dois-je dire ? quels mots employer dans mon désarroi ? », « Quel chagrin as-tu donc ? A quoi tend ce propos ? ». Ainsi les personnages de l’action n’ont pas d’autres choix que celui de se répondre et ils vont alors entretenir l’action à travers l’entretien qu’ils font de leur dialogue.

On remarque notamment l’omniprésence de stichomythies dans ce dialogue qui créer la vivacité de leur dialogue, mais elles ont aussi pour fonction de renforcer le sentiment.

Cependant, chez Sophocle, c’est dans le monologue que s’exprime la pensée intérieure. C’est ici le cas d’Electre elle place comme une barrière entre le public et elle, et se laisse aller à ses pensées les plus douloureuses.

Son monologue s’inscrit en effet directement dans le registre du pathétique, mais il présente surtout le thème récurent de la mort. Thème très présent tout au long de l’œuvre car il va s’agir d’une intrigue où la vengeance se devra de passer par la mort puisqu’elle en est issue. Ici Electre tient l’urne des cendres de son frère défunt et se lamente sur sa mort, on va donc retrouver un champs lexical de la mort très fréquent avec des expressions telles que « O dernier souvenir du plus aimé des hommes », « mort », « tombeau », « amas de cendres », « tuée ».

C’est grâce à ce monologue qu’Electre va éclairer le spectateur sur l’action. C’est très fréquent dans la tragédie grecque et particulièrement chez Sophocle, il y a un refus de montrer les scènes violentes, elles sont racontées sur scène. Ici Electre nous confirme donc la mort d’Oreste ( « O dernier souvenir du plus aimé des homme, de celui que, vivant, on appelait Oreste » ) et nous rappelle celle d’Agamemnon, son père ( « Notre père n’est plus » ).C’est ainsi que va surgir le thème de la vengeance intimement lié, nous l’avons vu, à celui de la mort. Electre désirait tuer sa mère afin de venger son père mais à travers son monologue on perçoit un bouleversement complet de l’action, Oreste étant mort elle n’aura personne pour l’aider elle se propose donc elle aussi à la mort en disant « Oui, tu m’as tuée, frère bien-aimé ! A toi donc de me recevoir dans cet abris où tu reposes : nos deux néants s’y rejoindront. », elle va ainsi lier son destin à celui de son frère. C’est à travers la parole que nous percevons le bouleversement de l’action.

L’action chez Sophocle prend une importance particulière, c’est ce qui explique l’adjonction d’un troisième personnage dans ses tragédies. Ici c’est le Coryphée qui va tenir ce rôle, c’est d’ailleurs lui, et non Oreste, qui va interrompre le monologue d’Electre et donner ainsi plus de vigueur à l’action. Oreste va alors pouvoir prendre la parole et un réel dialogue va s’installer entre Electre et Oreste. Le dialogue, nous le verrons plus tard, est le meilleur moyen de faire réfléchir le spectateur sur des réflexions complexes. Sophocle privilégie les parties parlées en diminuant les interventions du chœur, seul le Coryphée intervient dans le dialogue ici, et il ne va intervenir que deux fois.

Au fur et à mesure du dialogue l’intrigue va se construire et va alors naître une réelle évolution certes dans l’action, mais aussi dans les personnages. Nous allons tenter d’analyser cette étrange évolution du dialogue et l’ambiguïté qu’elle va créer.

Cette scène est singulière dans le sens où l’on passe réellement des lamentations à la reconnaissance. Il y a une vraie évolution de l’action et des personnages dans le texte.

Au début Electre se retrouve plongée dans un monologue qui vient directement s’inscrire dans le pathétique. Cette dernière se lamente, en effet, sur la mort de son frère.

On y retrouve toutes les formes du pathétique, en passant d’abord par des expressions telles que « Ah ! pitié », « Hélas ! Hélas », « Ah ! pitoyable sort ! ». Le pathétique passe notamment par l’emploi abusif des points d’exclamations.

Mais il va prendre toute sa forme dans l’origine des souffrances d’Electre à savoir la mort ! C’est en effet dans la tragédie un thème récurent et il est très souvent lié au pathétique. Electre pleure la mort de son frère, viennent alors les souvenirs, « Jamais tu n’as été aussi cher à ta mère que tu le fus à moi. Ce n’étaient pas nos gens qui t’élevaient, mais moi, et sans cesse tu m’appelais : « Sœur ! » », puis les remords « Ah ! qu’ils sont différents, les espoirs que j’ai mis en toi, le jour où je t’ai fait partir de ces lieux, et ceux avec lesquels je te reçois ici ! ». Tous les ingrédients du pathétique sont inscrits dans le monologue d’Electre, mais le pathétique va continuer d’évoluer dans le dialogue d’Electre et d’Oreste, celui ci veut en effet comprendre las maux de la jeune fille, le dialogue se voit envahir par des termes telles que « souffrance », « maux », « affreux », « brutalités », « pitié ». Electre va s’abandonner à ses confidences et dévoile alors son autre souffrance, à savoir celle de vivre « avec des assassins ». Tout comme Oreste le spectateur s’éprend de pitié pour Electre.

Mais très vite l’ambiguïté du discours va se révéler à notre conscience. En effet Oreste est en vie, il est l’ « étranger » auquel Electre s’adresse, ces maux n’ont donc plus de raisons d’être, il faut alors sortir Electre de l’illusion.

La reconnaissance va se transmettre à travers le dialogue que partage Electre et Oreste, il va falloir faire évoluer l’action et cesser toute ambiguïté. Electre est placer dans un réel quiproquo celui qu’elle croit mort se tient face elle et elle est la seule ( avec le chœur ) à l’ignorer.

La reconnaissance commence par Oreste, il fait le lien entre l’apparence pathétique de cette femme en deuil et le souvenir qu’il a de sa sœur, « Faut-il donc que je voie en toi la noble figure d’Electre ? ». Une première étape consiste donc à la regarder à l’observer, comme va le remarquer Electre, « Pourquoi me contempler ainsi, étranger, en te lamentant ? », afin d’accepter cette figure, ce corps marqués par la souffrance et les mauvais traitements.

La deuxième étape va consister à lui poser différentes questions sur l’origine de ses malheurs, « Et qui donc te soumet à pareille contrainte ? », puis à avoir pitié d’elle, « tu es le seul, sois-en sûr, à avoir jamais eu quelque pitié pour moi. ».

Oreste va ensuite tenter de la séparer de l’urne, de la lui prendre. Electre va alors le supplier de ne pas la séparer de l’objet, malgré le face à face que va nécessiter cette action, Electre ne reconnaît pas son frère parce qu’elle n’arrive pas à quitter la situation d’énonciation dans laquelle son interlocuteur est un « étranger ».

Oreste va donc devoir la persuader qu’il est en vie en disant « un vivant n’a pas besoin de tombe ». Le rapprochement des deux figures ( la figure du défunt Oreste, donc l’inventée et celle de l’Oreste vivant, la réelle ) va se faire par la question d’Electre « Alors tu es Oreste ? » où le prénom de la deuxième personne (« tu ») est associé à celui de la troisième personne (« Oreste »). Malgré out il faudra le sceau d’Agamemnon pour prouver l’identité d’Oreste.

Les deux personnages font alors le geste de se toucher et elle utilise presque les mêmes termes que lorsqu’elle portait l’urne, « je te tiens dans mes bras ».

Il y a donc dans cette scène la personnification progressive d’un objet. En effet, au cours de ce texte Oreste passe du statut d’objet à celui de corps.

L’urne va d’abord servir de support à un hommage au mort puis devient progressivement le substitut du corps même d’Oreste. Tout l’enjeu de la scène, pour lui, va consister à sortir sa sœur de l’illusion dans laquelle elle s’est enfermée pour qu’elle le reconnaisse enfin comme son frère.

Oreste est ainsi présent de deux façons sur scène, il est à la fois l’être fantasmatique créé par le discours d’Electre, réduit à l’urne et au tas de cendre et le personnage en chair et en os identifié par les spectateurs. Verbalement ce dédoublement est aussi montré par le fait qu’Electre dialogue avec l’urne en utilisant la deuxième personne et se coupe ainsi de toute communication avec Oreste qu’elle appelle « étranger ».

Comme pour son père avec qui Oreste aurait dut être confondu dans le même tombeau, Electre éprouve le regret de n’avoir pas pu procéder elle même au rituel funéraire le concernant. Au corps qu’elle aurait dût chérir elle oppose ce qui reste un « chétif amas de cendres dans une urne chétive ».

A la fin de l’action Electre apprend la vérité et elle sert le corps de son frère de la même manière qu’elle serrait l’urne, passionnément.

Mais ce rapport au corps bien que matériel va engendrer plusieurs réflexions sur la

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