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Géographie Linguistique Et Variations Régionales Du Français

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sent l’Acadie à l’Angleterre, en 1763, après des affrontements, ils doivent abandonner tout le Canada. Pendant le temps de la domination britannique, le français n’a pas de statut officiel, mais il est toujours utilisé par la majorité de la population qui est francophone. Pour éviter des mouvements d’indépendance inspirés par les révolutions française et américaine, de nombreux documents légaux ne prennent pas position sur les questions de langue.[3] Mais l’économie et le commerce passent aux mains des anglais, ce qui a une grande influence. Dès le dernier quart du 18e siècle, on commence à consigner les premiers anglicismes.[4] À partir du milieu du 19e siècle, le français commence à être menacé par l’anglais : les raisons sont des tentatives d’anglicisation qui se succèdent en politique et dans l’instruction publique[5], l’immigration anglophone, l’émigration des Canadiens français et l’industrialisation qui se fait en anglais[6]. Vers la fin du 19e siècle, les francophones se rendent compte de la menace de l’anglais : il y a des publications comme celle de Jules-Paul Tardivel, intitulée L’anglicisme, voilà l’ennemi (1880) et en 1902, la Société du parler français est fondée. Sans soutien d’état, les francophones s’organisent pour le soutien de leur langue et de leur identité.

3. La lutte contre l’anglais et les lois qui précèdent la Loi 101

C’est en 1910 qu’il y a une première loi linguistique. La Loi Lavergne impose l'usage du français et de l'anglais dans les titres de transport de voyageurs et autres documents fournis par les entreprises d'utilité publique[7]. Cette loi n’était appliquée que très progressivement. Jusqu’à la Seconde Guerre mondiale, un grand nombre d’organismes, de journaux et de revues sont fondés qui ont comme objectif la défense de la nation canadienne-française et de la langue française[8]. Les anglicismes et les personnes qui les utilisent sont de plus en plus méprisés. Mais avec l’urbanisation du Québec, l’anglicisation continue : Dans les villes, l’anglais est dominant dans presque tous les domaines. Dans un survol de textes qui décrivait le paysage linguistique du Québec depuis le 19ème siècle, Bouchard et Maurais (2000) ont remarqués l’omniprésence de l’anglais dans l’affichage commercial, surtout à Montréal. Le paysage linguistique du centre-ville de Montréal des années 1950-1960 fut décrit ainsi par Roland Lorrain :

« Regardez au centre de la ville, dans le quartier Sainte-Catherine–Peel par exemple : presque toutes les grandes enseignes sont uniquement en anglais, et cela malgré la fameuse Révolution tranquille (oh, ce tranquille!) et la majorité française qui fait vivre même le centre de la ville. Il y a bien peu de français sur les petites pancartes des vitrines et sur les menus, pour la vente! Mais pour s’affirmer, allez donc! C’est en anglais qu’ils se proclament, ces commerçants. L’anglais, leur langue, ou celle du plus fort, au Canada, pour laquelle ils ont opté, faisant fi de la réalité démographique française du Québec et de Montréal même ». 9

De plus, l’influence de la culture américaine augmente. Après la guerre, « les élites canadiennes-françaises […] acceptent de moins en moins pour elles-mêmes et pour leur langue, un statut de seconde zone sur leur propre territoire »10 Banni de quasiment tous les domaines, le français se trouve relégué à la sphère privée. On donnait à la langue une image noire, l’autocritique était dure11. C’est dans les années 60 que la question sur les anglicismes et sur le français canadien s’échauffe : c’est le débat sur le joual ( la prononciation québécoise du mot « cheval »). Ce débat dénonce un français appauvri et troué d’anglicismes, un manque de vocabulaire, une syntaxe informe et une prononciation avachie12. Un autre problème qui menace le français sont les immigrants qui s’orientent plutôt vers l’anglais que vers le français. Un exemple : la grande majorité des enfants d’immigrants sont inscrits aux écoles de langue anglaise. Avec des bouleversements sur le plan politique dans les années 60 (Révolution tranquille) et un mouvement d’indépendance du Québec, on commence à chercher des solutions politiques pour les problèmes linguistiques. Pour cela, l’Office de la langue française est créé et des commissions d’enquête sont érigées. En 1969, le gouvernement instaure une première loi linguistique : C’est la Loi 63 pour promouvoir la langue française. Cette loi est trop ambiguë : elle « reconnaît d’une part, l’obligation des commissions scolaires de donner les cours en français mais, d’autre part, le droit des parents au libre choix de la langue d’enseignement »13. La Loi 22 sur la langue officielle suit en 1974 : Cette loi proclame le français langue officielle du Québec. « Son champ d’application [s’étend] à cinq grands secteurs : l’administration publique, les entreprises et les professions, le monde du travail, le monde des affaires et l’enseignement »14. À la suite des critiques de groupes de pression favorisant le fait français au Québec, le gouvernement du Parti libéral adopta en 1974 la Loi sur la langue officielle (loi 22) qui, entre autres, rendait obligatoire la présence du français dans l’affichage public tout en permettant le bilinguisme égalitaire français/anglais. Cette Loi n’était pas assez radicale : il y avait toujours des ambivalences et elle laissait souvent

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9 Lorrain, 1966, p.80, cité dans Bouchard et Maurais, 2000,p. 2.

10 Plourde M. et al., op. cit., p. 162.

11cf. Bouchard C., op. cit. p. 207 - 209.

12 Corbeil J.-C., « Essai sur l’origine historique de la situation linguistique du Québec », in A. Valdman et al., Le Français hors de France, Paris, Honoré Champion, 1979, p. 26.

13 Plourde M., La Politique linguistique du Québec 1977 – 1987, Québec, Institut québécois de recherche sur la culture, 1988, p. 11.

14 Plourde M., op. cit., p. 16.

la possibilité d’un bilinguisme. C’est avec la Loi 101, nommée la Charte de la langue française en 1977 qu’il y a vraiment un tournant.

4. Qu`est-ce que la Loi 101 ?

La Loi 101 ou la Charte de la langue française est une Loi qui définit les droits linguistiques des Québécois. Elle permet également de maintenir la langue française dans son statut immédiat, à savoir la langue officielle du Québec. L’adoption de la Loi 101 a été proposée le 26 août 1977 par le ministre du Développement culturel Camille Laurin dans le cadre de l’Assemblée nationale du Québec.

5. L`aménagement linguistique de la Charte

Le corpus de la charte est divisé en six titres et contenait, en 1977, 232 articles. La charte définit d`abord le statut de la langue française et son usage dans les différents domaines d`activité. Elle présente ensuite le rôle des organismes qui sont crées en vue de l`application de la Loi. Elle traite enfin des infractions et prévoit les peines à imposer aux contrevenants.

5.1 Préambule

Contrairement à la Loi 22 qui admettait la coexistence du français et de l’anglais dans plusieurs domaines, la Loi 101 faisait du français la seule langue officielle du Québec (art. 1). Comme le démontre le préambule de la loi 101, le français était déclaré symbole de l’identité québécoise (Bariteau, 2000): « Langue distinctive d`un peuple majoritairement francophone, la langue française permet au peuple québécois d`exprimer son identité »…L`importance de ce préambule réside dans le faite qu`il résume, en moins de vingt lignes, l`objectif essentiel et l`esprit de la Charte : « faire du français la langue de l'État et de la Loi aussi bien que la langue normale et habituelle du travail, de l'enseignement, des communications, du commerce et des affaires », mais en même temps, « poursuivre cet objectif dans un esprit de justice et d'ouverture », dans le respect des minorités ethniques et du droit des premiers habitants du pays, la population indienne.

5.2 Chapitres 1 et 2

Le chapitre premier ne contient qu`un article, qui déclare que « le français est la langue officielle du Québec ». Il est suivi de l`énumération des « droits linguistiques fondamentaux ».

5.3 Chapitres 3-8

Ces chapitres s`appliquent à définir le statut et l`usage du français, ainsi que les mesures qui sont à prendre pour que le français devienne le plus vite possible « la langue normale et habituelle » des Québécois dans les suivants domaines d`activités publiques :

la législation et la justice

Au Québec, le français est langue de la justice. Les projets de loi, les lois et les règlements sont publiés dans les deux langues et ils ont la même valeur juridique.

l`administration

Tout organisme de l`administration doit être francisé, sous contrôle de l`Office de la langue française. Pour mentionner quelques exemples : les textes et les documents ainsi que les contrats sont rédigés en français.

les organismes parapublics

Les services des entreprises d`utilité

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