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Iambes, d'André Chénier C'est dans sa prison de Saint-Lazare que André Chénier écrit en 1794 les meilleurs de ses vers, les Iambes, une quinzaine de poèmes en partie inachevés. La référence au vers iambique, explique le

Mémoires Gratuits : Iambes, d'André Chénier C'est dans sa prison de Saint-Lazare que André Chénier écrit en 1794 les meilleurs de ses vers, les Iambes, une quinzaine de poèmes en partie inachevés. La référence au vers iambique, explique le. Rechercher de 53 000+ Dissertation Gratuites et Mémoires
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les merveilles

Dont il étourdit nos oreilles,

Le fait est que je ne vois rien.

- Ni moi non plus, disait un chien.

-Moi, disait un dindon, je vois bien quelque chose

Mais je ne sais pour quelle cause ,

Je ne distingue pas très bien,

Pendant tous ces discours, le Cicéron moderne

Parlait éloquemment et ne se lassait point.

Il n'avait oublié qu'un point :

C'était d'éclairer sa lanterne.

Florian (Il, 7)

La jeune Tarentine,

I- L’ENSEMBLE

A. - Nature et sujet du poème.

Ce texte est une idylle, pleine de grâce et d'harmonie: une idylle est un petit poème sur un sujet familier, généralement pastoral, et qui se double souvent d'un thème d'amour.

Le sujet de celle idylle est très simple : une jeune fille, Myrto, assise sur le devant d'un navire, est enlevée par un coup de vent : elle se noie, son corps échoue au rivage; mais tout concourt à rendre poétique et touchante cette simple histoire : la jeune fille est belle, elle va rejoindre, pour l'épouser, le fiancé qu'elle aime, et elle meurt. L'épisode se passe dans l'antiquité, et l'auteur peut évoquer de poétiques usages, grouper autour de la jeune morte les divinités anciennes ; il place l'événement dans le beau pays de l'Italie méridionale : ainsi, tout est réuni pour poétiser le sujet, y compris le style harmonieux et riche.

B. - La mythologie.

On y trouve des emprunts à la mythologie grecque: Myrte est une jeune Grecque ; n’oubliions pas que la Sicile et l'Italie méridionale avaient été colonisées par les Grecs d'où leur nom de Grande-Grèce. Autour du corps de Myrto, Chénier groupe des divinités grecques, les Néréides : elles sont filles de Nérée, dieu marin, et Thétis, mère d'Achille, est l'une d'elles, Ce sont les Nymphes de la mer. Les Nymphes sont des divinités féminines secondaires ; il y a aussi des Nymphes des montagnes, des sources (0réades, Naïades), etc. ; toutes ces autres Nymphes, les Néréides les appellent. Chénier abuse parfois de la mythologie, mais c'est une idée gracieuse qu'il a eue ici de grouper autour du corps de Mayrto de jeunes et belles divinités.

Les Néréides ont arraché aux flots le corps de Myrto, et l'ont porté sur le rivage, dans un tombeau ; elles ont appelé les autres Nymphes, et, telles les pleureuses des funérailles antiques, elles ont toutes poussé des lamentations sur le corps de la jeune fille.

C. - Intérêt du texte.

Celle idylle est très émouvante : le sujet en lui-même est touchant ; une jeune fille, belle, aimée, s'en va vers le bonheur et va l’atteindre.., une mort tragique et soudaine s'abat sur elle ; nous plaignons Myrto, puis généralement l'impression que nous éprouvons, nous plaignons avec elle les êtres jeunes '' à qui souriait la vie, et que la mort a fauchés : c'est un des thèmes éternels de la poésie, et la façon dont l'auteur a senti et rendu la tristesse de cette mort prématurée contribue à nous émouvoir avantage.

Le sujet nous émeut; de plus, le style harmonieux et doux, le rythme balancé et triste, éveillent en nous une délicate et agréable sensation de mélancolie; les descriptions sont précises et pittoresques, et nous voyons des tableaux se dérouler sous nos yeux, celui de la fête nuptiale, telle que le rêve la fiancée, ou des funérailles qu’accomplissent les Nymphes : ce poème, à la fois, touche notre sensibilité, enchante notre imagination, charme l'oreille, et nous éprouvons un grand plaisir à le lire.

Il. - L'ANALYSE DU TEXTE.

A. - Divisions.

Le poème se compose des différentes parties:

a) Apostrophe aux alcyons, entrée en matière poétique, originale, très antique d'allure ;

b) Myrto sur le vaisseau qui la conduit à son fiancé : description des préparatifs faits pour les noces, évocation de la fête nuptiale future ;

c) La chute de Myrto dans les flots, contée, comme elle a lieu, rapidement ;

d) intervention des divinités marines ; la cérémonie funèbre, toutes choses qui donnent, à cette aventure humaine, une conclusion merveilleuse d'une gracieuse poésie.

B. - Les détails.

Myrto se tenait-elle à la proue du vaisseau car la proue est la partie du vaisseau qui se trouve à l'avant : Myrto s'y tenait, impatiente d'arriver au terme de son voyage, pour apercevoir plus vite Camarine, et les amis qui l'attendaient.

Le vent souffle violemment dans le détroit de Sicile ; un coup de vent, gonflant les voiles de Myrto, enlève la jeune fille penchée à la proue, et elle est précipitée dans les flots.

L'ayant retiré des flots, les Néréides

le déposèrent an cap du Zéphyr, dans un monument;

les Néréides et les Nymphes rappellent que Myrto n'aura pas revêtu la parure nuptiale, elles déplorent de voir la vie de la jeune Tarentine fauchée avant l'hyménée. Chénier se souvient ici des poètes grecs, lyriques ou tragiques, qui se lamentent., en termes semblables, sur les jeunes filles mortes au seuil de la vie, sans avoir connu le mariage (comme Antigone, lphigénie).

III. - LE STYLE. LES EXPRESSIONS.

Cette pièce est grecque d'inspiration: le poète y chante, comme les Grecs d'autrefois, l'amour de l'existence, la suprême douleur de voir se briser une vie douce et pleine de promesses; mais cette idylle est grecque aussi de forme ; dans ses idylles, Chénier a un sens parfait de l'antiquité ; des Grecs, dont il est pénétré, il a l'élégance et l’harmonie, la grâce et la mesure, le sentiment de la beauté des choses extérieures, et le talent de la rendre sensible et concrète en de beaux vers doux ou sonores.

Avant tout, cette pièce est harmonieuse. Comme en un chant de deuil, où l'on revient volontiers sur les mêmes paroles, l'auteur reprend certains thèmes, en une sorte de refrain, suivant ou renversant l'ordre de la phrase primitive, ut sur un rythme volontiers monotone et berceur, d'une infinie tristesse :

« Pleurez, doux alcyons, ô vous, oiseaux sacrés, Oiseaux chers à Thétis, doux alcyons, pleurez!

Elle est morte, Myrto, la jeune Tarentine!...

Elle a vécu, Myrto, la jeune Tarentine »

La coupe des vers, en les partageant en deux hémistiches égaux nettement séparés, accentue cette impression de monotonie berceuse. Les quatre vers de la fin, quatre phrases de même longueur pour exprimer quatre idées douloureuses, donnent aussi une sensation de profonde mélancolie. Des vers aux coupes plus variées indiquent la brusquerie du coup de vent, la rapidité avec laquelle Myrto est entraînée :

« Le vent impétueux qui soufflait dans ses voiles L’enveloppe ; étonnée, et loin des matelots,

Elle crie, elle tombe, elle est au sein des flots... »

Pour indiquer un mouvement lent et mesuré, le rythme est aussi merveilleusement évocateur :

Là, l'hymen, les chansons, les flûtes, lentement,

Devaient la reconduire au seuil de son ami,

Le mot lentement, et, plus foin, mollement indiquent bien l'allure , des personnages. Toute cette idylle, récitée à mi-voix, serait un endentement pour l’oreille .

Ajoutons que le style de Chénier est élégant et pittoresque ; élégant : le poète exprime les idées et les sentiments sous une forme délicate et gracieuse ; les alcyons pleurent la mort de Myrto ; c’est la description de la parure, la poétique vision du cortège qui évoquent le prochain mariage. Le poète ne nous donne aucune idée affreuse du cadavre de Myrto: elle reste très belle dans la mort :

« Sou beau corps a roulé sous la vague marine. »

Le style de Chénier est pittoresque, précis, coloré, concret. L'auteur aime et sent la beauté des mouvements, l'harmonie des attitudes, il est bien Grec en cela ; sa poésie fait penser à la peinture, à la sculpture ; au lieu de nous dire que le mariage attend Myrto, il nous peint le cortège nuptial, avec ses musiciens et ses chanteurs, et la parure dans ses moindres détails ; tout cela donne de la couleur, et de la couleur antique à ce beau poème. Chénier a, de plus, le sens des sonorités, ses rimes sont riches et les noms propres leur donnent beaucoup de relief.

André Chénier : La jeune Tarentine

Pleurez, doux alcyons, ô vous,

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