L'Influence Des Yakuza Dans La Société Japoanaise

orés. Certains portent même « l’uniforme » de leur clan. Mais leur particularité reste tout de même leur tatouage et la ou les phalanges manquantes à leur doigt. Ces deux derniers sont appelés Irezumi (刺青, Bōryokudan) et Yubitume (刺青, Bōryokudan).

Les principales familles yakuza sont la Yamaguchi-gumi (山口組), l’Inagawa-kai (稲川会) et la Sumiyoshi-gumi (稲川会).

On peut comparer une famille yakuza à une entreprise, qui suit un plan d'organisation précis, avec différentes fonctions pour chaque poste.

Les yakuza suivent une ligne de conduite, le 任侠団体(la voie chevaleresque) qui contient 9 règles :

1. Tu n'offenseras pas les bons citoyens.

2. Tu ne prendras pas la femme du voisin.

3. Tu ne voleras pas l'organisation.

4. Tu ne te drogueras pas.

5. Tu devras obéissance et respect à ton supérieur.

6. Tu accepteras de mourir pour le père ou de faire de la prison pour lui.

7. Tu ne devras parler du groupe à quiconque.

8. En prison tu ne diras rien.

9. Il n'est pas permis de tuer un カタガリ(personne ne faisant pas partie de la pègre).

Depuis leur apparition pendant l’ère Edo, les Yakuza ont su, au cours des siècles, s’imposer dans la société japonaise en tant que véritable organisation criminelle. Après avoir eu pignon sur rue pendant plus de quatre siècles, distribuant allègrement leur carte « professionnelle » au blason de leurs clans, les Yakuza se veulent actuellement plus discrets. La loi antigang de 1992 a eu un impact considérable pour les Yakuza.

« Après avoir eu, durant plusieurs siècles, une place dominante dans la sphère politique et économique du Japon, aujourd’hui, les Yakuza exercent-ils encore une grande influence sur la société japonaise ?»

I. L’évolution de la place des Yakuza dans la société et la politique japonaise

1. Les débuts : l’air Edo

Le terme « yakuza » apparaît, au Japon, durant la période Edo (1603-1867). Il appartient au vocabulaire des joueurs professionnels et désigne, dans le jeu de cartes 花札, un score perdant composé d’un 8 (ヤ), d’un 9 (ク) et d’un 3 (サン). Le Yakuza se définit donc comme un perdant et revendique cette qualité. Notons que pour les Japonais, le nombre 893 est signe de malheur.

L’origine exacte des Yakuza reste floue et de nombreuses hypothèses sont établies sans avoir de réelles confirmations.

Certains Yakuza disent qu’ils sont les descendants des Bakuto 博徒　(joueur professionnel) et des Tekiya　的屋　(des colporteurs). D’autres affirment qu’ils sont les héritiers des Machi-Yakko　町奴, sorte de samurai Robin des bois luttant contre les Kabuki-mono 傾奇者(composé de rônin et de samurai excentrique volant et tuant pour le plaisir).

Ces groupes sont donc composés de rônin (samurai sans maître), de roturier misérable et de marginaux rejetés par la société (bourreaux, paysans sans terre, voyous, anciens prisonniers, etc.).

Volant et rackettant, ils gèrent également les jeux d’argents, déjà interdits à l’époque.

C’est également durant l’ère Edo que les yakuza héritent des Bakuto leurs deux signes distinctifs: l’irezumi et le yubitsume.

Les yakuza ont longtemps bénéficié de ce prestige de descendant de samurais. Cela peut explique la particularité de cette mafia si visible et si ancrée dans la société japonaise.

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2. L’ère Meiji

En 1868, l’arrivée du commodore Perry oblige un Japon traditionnel et médiéval à se moderniser. Les dirigeants précipitent alors le pays dans une industrialisation, terriblement efficace malgré les résistances de certains samurais.

Les bandes de malfaiteurs de l’époque en profitent pour accroitre leur pouvoir de manière significative en infiltrant les syndicats et les ports. Par exemple, la plupart des entreprises du bâtiment et des travaux publics des grandes villes tombent sous leur contrôle tandis que les chefs de bandes créent des entreprises légales pour couvrir leurs affaires et blanchir de l’argent. Bientôt, des alliances d’intérêt se font entre politicien et Yakuza. Ceux-ci sont acceptés et bénéficient d’une certaine tolérance de la police, tandis que les politiciens obtiennent une force de frappe et de contrôle relatif aux nombreux syndicats.

En 1881, dans les zones les plus démunies et les plus inadaptées au modernisme, un groupe de révolte se forme. C’est à Kyushu, qui abrite une importante communauté d’ancien samurai ayant alors rejeté le nouvel ordre social, que va naitre la Genyosha (玄洋社)soit « La société de l’océan noir » dont le fondateur est Misturu Toyama (頭山満), descendant de samurai. Elle servira de base à l’ultra nationalisme japonais. Les membres de la Genyosha servent de garde du corps aux personnalités gouvernementales et d’agents de pression aux politiciens locaux. Ils feront également pression sur des syndicalistes et prépareront des actes terroristes visant des personnages politiques favorables à une ouverture du pays. Ils assassineront également la reine de Corée, sous demande secrète du Ministère de la Guerre. Cela provoquera l’invasion de son pays.

Pour les yakuza, l’ultranationalisme et le militarisme font qu’un, et ils seront donc les premiers à participer à la guerre.

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3. De la fin de la Seconde Guerre mondiale jusqu’à nos jours

a) Les yakuza : pilier du Japon

La défaite lors de la 2nd GM a laissé le Japon dans un piteux état. Les yakuza profitent du désordre social et économique pour établir un monopole sur le marché noir. Le pouvoir des yakusa va être doublé : d'un côté, ils bénéficient dans l’ombre de l’appui des hommes politiques et de la police - qui leur demande de lutter contre les mafias étrangères qui tentent de s’installer au Japon - et sont en plus nécessaires à la société d’après-guerre. Le marché noir restant le seul moyen de survie pour la majorité des Japonais. L'organisation criminelle japonaise devient donc un des piliers du Japon.

Les Américains, ayant peur de voir le Japon sombrer dans le communisme venant de Chine, relâchent certains détenus politiques d’extrême droite comme Kodama Yoshio (児玉 誉士夫 ). Le pays se protège ainsi du communisme grâce aux alliances tissées par Kodama avec les Yakuza.

La CIA engage comme informateur Kodama ainsi qu’un de ses compatriotes, Ryōichi Sasakawa (笹川 良一 ).

C’est grâce à ces années de travail qu’ils ont pu financer le parti libéral démocrate (自由民主党), ou PLD, qui fut créé en 1955.

En 1957, Kishi Nobusuke (岸 信介 ), ancien criminel protégé de la CIA, et secrétaire général du parti libéral démocrate, deviens le premier ministre. De plus, le Yakuza Ichiro Kono (河野一郎), élu au parlement japonais, devient ministre de l’Agriculture. Le monopole de la gestion des paris et des courses de hors-bord est confié à Sazakawa. En un même temps, Kodama participe à la création de la ligue anticommuniste.

Entre 1958 et 1963, les yakuza accroissent leurs effectifs de 150 % pour atteindre leur apogée, d’environ 184 000 yakuza, répartis en 126 gangs. L’organisation compte alors plus de membres que l’armée japonaise elle-même.

La seconde moitié de cette décennie est extrêmement violente. En effet, le PLD essaye d’abolir les réformes démocratiques de l’occupation. Ils entreprennent alors une série d’assassinats, notamment contre le président du parti socialiste Inejiro Asanuma (浅沼 稲次郎) en 1960. Le pays est complètement terrorisé par cette soudaine montée de violence. Dans cette même année, de nombreux mouvements s’opposent au traité de sécurité nippo-américain ou AMPO (安全保証条約). Les Américains ont alors l’autorisation d’installer des armes nucléaires au Japon. Kishi, le 1er ministre japonais signe ce traité de force. Il engage alors les Yakuza pour combattre, au côté de vétérans de la Seconde Guerre mondiale, les militants de l’AMPO. Les yakuza et les ultranationalistes transforment les manifestations en batailles rangées. C’est un désastre total pour Kishi qui est obligé de démissionner après avoir fait usage de la force non justifiée contre des étudiants non armés le 15 juin 1960.

En 1970, les Yakuza s’infiltrent dans le secteur politique par l’intermédiaire du secteur économique. Les Yakuza contrôlent désormais, en plus du PLD, les plus importants systèmes économiques, comme les banques, les bureaux de placement boursiers et immobiliers.

En 1976, l’affaire Lockheed éclate et une série de procès est lancée contre les yakuza les plus connus. Le 1er ministre Tanaka démissionne et Kodama ainsi que plusieurs de ses compatriotes doivent alors s’expliquer

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