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L Education Sentimental

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relle, posée contre le banc, et il affectait d'observer une chaloupe sur la rivière.

Jamais il n'avait vu cette splendeur de sa peau brune, la séduction de sa taille, ni cette finesse des doigts que la lumière traversait. Il considérait son panier à ouvrage avec ébahissement, comme une chose extraordinaire. Quels étaient son nom, sa demeure, sa vie, son passé ? Il souhaitait connaître les meubles de sa chambre, toutes les robes qu'elle avait portées, les gens qu'elle fréquentait ; et le désir de la possession physique même disparaissait sous une envie plus profonde, dans une curiosité douloureuse qui n'avait pas de limites.

Une négresse, coiffée d'un foulard, se présenta, en tenant par la main une petite fille, déjà grande. L'enfant, dont les yeux roulaient des larmes, venait de s'éveiller. Elle la prit sur ses genoux. " Mademoiselle n'était pas sage, quoiqu'elle eût sept ans bientôt ; sa mère ne l'aimerait plus ; on lui pardonnait trop ses caprices. " Et Frédéric se réjouissait d'entendre ces choses, comme s'il eût fait une découverte, une acquisition.

Il la supposait d'origine andalouse, créole peut-être ; elle avait ramené des îles cette négresse avec elle ?

Cependant, un long châle à bandes violettes était placé derrière son dos, sur le bordage de cuivre. Elle avait dû, bien des fois, au milieu de la mer, durant les soirs humides, en envelopper sa taille, s'en couvrir les pieds, dormir dedans ! Mais, entraîné par les franges, il glissait peu à peu, il allait tomber dans l'eau ; Frédéric fit un bond et le rattrapa. Elle lui dit :

- " Je vous remercie, monsieur. "

Leurs yeux se rencontrèrent.

- " Ma femme, es-tu prête ? " cria le sieur Arnoux, apparaissant dans le capot de l'escalier.

Flaubert - L'éducation sentimentale - Extrait du chapitre 1 de la première partie

Annonce des axes

Nous verrons que nous avons ici une description subjective, puis la manière dont elle est décrite la naissance de la passion. Enfin, nous étudierons deux points opposés.

Commentaire littéraire

I. Une description subjective qui transfigure la scène

1. Une situation banale

La banalité réside sur le paysage décrit. On a champ lexical de la banalité « même », « vide », « ennui ». On a aussi la description des voyageurs qui montre également la banalité. Or, dans une scène ennuyeuse, le regard de Fréderic se fixe sur une seule personne. L'activité de broderie est tout à fait commune. L'apparition d'une « négresse » est banale à cette époque.

2. Un point de vue qui transfigure la scène

Le passage alterne récit descriptif et narratif. Pratiquement dans toutes les séquences descriptives, on a une focalisation interne. On a un champ lexical de la vision : « distingua », « regarda », « avait vu ». La description est prise en charge par le regard de Frédéric. Le terme « amoureusement » montre bien le point de vue interne. La description se caractérise par l'émerveillement et l'enthousiasme.

On remarque l'emploi du mot « apparition » qui a son sens le plus fort : c'est la manifestation d'un être surnaturel qui se montre sous une forme visible. Vocabulaire montrant l'admiration du jeune homme pour cette femme : « éblouissement », « splendeur », « séduction », « finesse », « extraordinaire », « ébahissement ».

Le choix du point de vue transfigure une situation banale en une révélation quasi mystique. L'apparition d'un certain type de femme inaccessible manifeste de l'émerveillement chez le personnage Frédéric.

II. La naissance de la passion

1. Le coup de foudre

On remarque bien l'instantanéité. En effet, dès que Frédéric voit la femme, il semble l'aimer. La comparaison marque bien que le mot « apparition » prend tout son sens. Cette apparition provoque l'éblouissement par la « splendeur », « ébloui » comme une lumière. On a un champ lexical d'une lumière qui irradie et aveugle comme la foudre. La description souligne que l'unicité de cette personne a réussi à faire disparaître toutes les autres personnes.

2. La cristallisation amoureuse

L'homme amoureux est ébloui. On a un portrait assez vague de la femme, il nous renseigne sur le sentiment mais non pas l'apparence. On note aussi l'emploi du mot « palpitaient », on peut supposer que ce qui palpite est le cœur de Frédéric. Il est en état amoureux.

Les objets qui entourent Mme Arnoux « le panier », « long châle ». Nous remarquons que les objets sont des objets ordinaires mais pour Fréderic, ils sont dotés de qualité exceptionnelle. Ils deviennent des choses extraordinaires. Le « châle » est le point de départ d'une rêverie. A partir de quelques détails, la servante, « négresse », « andalouse », « créole », « au milieu de la mer », on est plongé dans une vie exotique et extraordinaire.

On peut parler d'une cristallisation de l'amour. Mme Arnoux est comme une incarnation de la femme inaccessible, la femme mystérieuse mais derrière l'enthousiasme et le transport, un autre regard est présent qui est le point de vue du narrateur.

III. Des points de vue contrastés

1. Le regard du narrateur omniscient sur Fréderic

Toutes les séquences narratives du texte sont prises en charges par le narrateur omniscient. Le regard ne se porte pas sur la femme. Il se porte sur le jeune homme.

C'est parce que cette femme le regarde qu'il exprime une gène « il fléchit involontairement les épaules ». La gestuelle de Fréderic qui traduit les éléments contradictoires : le rapprochement de cette femme, et en même temps la timidité. Il ne veut pas se déclarer de manière claire. On a un champ lexical du masque « dissimuler », « affecter », faire semblant : tout cela marque bien la maladresse du personnage, un certain ridicule. On peut parler d'un registre comique. Fréderic découvre le désir de la possession physique, mais en même temps le manque et l'impossibilité que traduit « une curiosité douloureuse

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