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La Question De La Difficulté Des Noirs à Se Libérer De La Suprématie Des Blancs Dans Une Tempête d'Aimé Césaire

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me dit que c'est l'homme du pardon. Ce qui est essentiel, chez lui, c'est la volonté de puissance … C'est le monde européen campé en face du monde magique, du monde primitif »

Ainsi, en étudiant deux axes de lecture : le portrait de Prospéro puis les deux positions antagonistes de Caliban et Ariel face à la suprématie Blanche, nous nous poserons la question de la difficulté des Noirs à se libérer de la suprématie des Blancs.

La tempête, dernière tragi-comédie de Shakespeare se présente sous la forme d’un conte fantastique où Prospéro, personnage principale est le héros mystique triomphant sur son propre sentiment de vengeance, dans un ultime message de tolérance et de compassion que l’auteur a voulu véhiculer avant de quitter la scène. Quatre siècle plus tard, cette œuvre arrive entre les mains d’Aimé Césaire qui avait déjà, dans le discours sur le colonialisme, révélé son incompréhension face à la rationalité occidentale hypocrite, mettant à nu les contradictions d’un système occidentale ambigüe qui, d’un côté, prône les principes de liberté, d’égalité, de démocratie, d’humanisme chanté par les philosophes des Lumières et qui en même temps, sous couvert d’une bonne intention civilisatrice, s’est donné la mission de conquérir les peuples sauvages, pour les « sauver » de leur inculture.Ainsi, il va réécrire la tempête, l‘adaptant et la conceptualisant dans une autre réalité historique: la colonisation, et dénoncer le personnage de Prospéro qui a pourtant fait preuve d’une valorisation surprenante au XIXème siècle, considéré comme l'emblème de la haute spiritualité, et qui est surtout, détail important bien plus reprit dans la version de Césaire, un maître en manipulation qui exerce sa domination totale sur l’île qu’il a prise de force à l’autochtone Caliban et qui le tient sous son joug en esclavage ainsi qu'Ariel.

Prospero est le colonisateur autoritaire. Il emploie souvent des impératifs : « Dépêche-toi », « Occupe-toi de lui », des verbes de volonté : « je veux », « j’exige », « il faut », et les didascalies qui lui sont le plus souvent associées sont : « hurlant », « criant ». Il se sent supérieur jusqu’à considérer Caliban comme un sous-homme, d’où son langage péjoratif et injurieux : « monstre », « pauvre sot », « bête brute », « vilain singe ». Il est tyrannique et incarne le droit du plus fort : « C’est à cela que se mesure la puissance. Je suis la Puissance », « Je suis le plus fort et à chaque fois le plus fort ».

Ainsi donc, Dans la scène 1 de l'acte 2, l'auteur remet efficacement en cause l'arbitraire et l'autorité du pouvoir Blanc par la confrontation des arguments de Prospéro et de Caliban. En effet, la relation de conflit des deux personnages met en valeur la forte résistance de l'exclave et la faiblesse relative du maître car la parole de ce dernier est forte des armes de la dérision et de l'ironie tandis qu'on voit que le maître domine par la violence (exemple : la language de la trique) et réemploie les mêmes arguments usités par tous colons à savoir l'éducation et la civilisation. Arguments bien maigres face au raisonnement mieux articulé et plus percutant de Caliban.

Le projet initial de Césaire était que la pièce se passe aux Etats-Unis et il en reste des traces comme les allusions à Malcolm X. Caliban prend en effet le nom de X dans son dialogue avec Prospero, il a recours à la violence et parfois même à des remarques extrêmistes, racistes : « me débarrasser de toi, te vomir […] ta blanche toxine » (p.87, édition Points).

Caliban incarne donc quant à lui l’esclave révolté, il veut sa liberté à tout prix et est donc prêt à employer la violence : il menace plusieurs fois Prospero de mort. Il emploie essentiellement le registre polémique, le langage familier et les grossièretés. Il est fier et refuse l’humiliation : il préfère mourir que subir l’injustice (p.38, édition Points). Il est le porte-parole d’une négritude radicale et sans compromis.

Ariel quant à lui incarne Martin Luther King en refusant la violence. Ses répliques font écho au discours « I had a dream », il est plus idéaliste et optimiste. On remarque aussi les indices qui permettent de transposer l’intrigue aux USA tels l’allusion aux « ghettos » ou l’expression en anglais « Freedom now ».

Ariel est donc un esclave calme, obéissant, qui, contrairement à Caliban, mise tout sur le dialogue. Il n’est pas violent, mais cela ne veut pas dire qu’il se laisse faire bie nque son identité soit altéré par la main mise de Prospéro sur lui : « C’est du despotisme » dit-il à Prospero (Acte II scène 2). Il veut faire changer Prospero et pense que sa liberté sera une conséquence. Il passe pour un lâche auprès de Caliban, peut-être parce qu’il est « mulâtre » et bénéficie donc d’un traitement de faveur, mais en fait, il est le seul à obtenir sa liberté. C’est un personnage complexe, car si l’on considère qu’Une Tempête

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