DissertationsEnLigne.com - Dissertations gratuites, mémoires, discours et notes de recherche
Recherche

La Revolution Industrielle

Mémoire : La Revolution Industrielle. Rechercher de 53 000+ Dissertation Gratuites et Mémoires
Page 1 sur 38

XIXe. De même, Bernard Rosier en Pierre Dockès[7] montre que l'avènement du factory system fait suite à l'expérience antérieure du manufactory system et Alexander Gerschenkron note que la révolution industrielle est surtout le résultat d'obstacles économiques, politiques et sociaux qu'opposaient les sociétés traditionnelles et surmontés par chaque État. Enfin, Fernand Braudel note : « Il n'y a jamais entre passé, même lointain et présent de discontinuité absolue, ou si l'on préfère de non contamination. Les expériences du passé ne cessent de se prolonger dans la vie présente ».

De nombreux auteurs datent, en fait, le début de la révolution industrielle de la fin du Moyen Âge, début de la Renaissance. C'est ainsi que Paul Mantoux parle de l'existence d'un capitalisme industriel dès le milieu du XVIe siècle, mais la révolution industrielle en soi date, selon lui, du XVIIIe siècle[8]. C'est cette période entre le XVIe siècle et le XVIIIe siècle que Franklin Mendels qualifie de « proto-industrielle ».

Avant la révolution industrielle [modifier]

De la fin du Moyen Âge au XVIIIe siècle, l’Europe connaît plusieurs phases de croissance démographique et de prospérité économique. Cependant cette expansion est toujours rattrapée par des crises profondes : les épidémies, les guerres et les disettes. La mortalité infantile est très élevée, l'hygiène reste généralement désastreuse, ce qui est attesté par les déformations et autres marqueurs d'innombrables maladies relevées sur les squelettes de l'époque. L'alimentation est essentiellement à base de céréales[9].

La société est encore largement féodale, et presque exclusivement agricole. Toutefois, les premières sociétés capitalistes apparaissent dès la Renaissance en Hollande et dans le nord de l’Italie. Les techniques enregistrent d'importants progrès : navigation, imprimerie, horlogerie et méthodes financières. Les foires, carrefours essentiels des échanges, se développent dans certaines régions d’Europe et attestent de l'existence d'une économie de marché, quoique de manière marginale.

L'usine, au sens moderne, est inexistante. Les manufactures établies par le pouvoir royal, en France notamment, restent une activité marginale. Cependant, certaines formes d'organisations, comme le putting-out system, annoncent la révolution industrielle ; les marchands commencent à fournir les paysans en matières premières, parfois en outils, afin de récupérer ensuite un produit transformé qu’ils revendront en ville. Les paysans en tirent un complément de revenu. Ce mode de vie n'est donc plus tout à fait le servage mais n'est pas encore le salariat. C'est un mélange inédit d’agriculture et d’artisanat. L'économie moderne est en germe.

À l’exception de certaines régions, comme les Flandres, l’agriculture est encore largement sous productive, et végète sous le joug de l’archaïsme féodal. La pratique de l’assolement triennal reste la règle, et les champs sont exploités de façon collective, l’absence de clôtures permettant le mouvement du bétail d’un terrain à l’autre.

D’après les calculs d'Angus Maddison, l’Europe occidentale connaît de 1500 à 1800 une croissance démographique de 0,14 %, un taux faible mais déjà supérieur à ceux des autres régions du monde (0,02 %). C’est donc dès le XIIIe siècle que l’Europe commence à creuser l'écart économique avec le reste du monde. Mais cette avance reste limitée[10].

Néanmoins si l’Europe occidentale n’est pas beaucoup plus riche que le reste du monde, elle a déjà commencé à le dominer, les grandes compagnies de commerce ayant acquis, grâce à la supériorité des techniques maritimes, le contrôle des mers. Mais ce commerce concerne essentiellement les produits de luxe, en particulier les épices, dont la clientèle est la partie la plus riche de la population, c'est-à-dire un groupe social numériquement minime.

Contexte favorable, résultat d'une longue évolution [modifier]

-------------------------------------------------

Structures sociales, économiques et politiques [modifier]

-------------------------------------------------

Évolution de la société [modifier]

Dès le XVIe siècle, la réforme protestante menée par Martin Luther et Jean Calvin secoue l'Europe toute entière. Le protestantisme porte en lui les germes de ce qui constitue un « terreau » de valeurs qui révolutionnent la conception du travail et de la vie. En effet, d'après Max Weber, le travail n'est pas considéré comme le châtiment expiatoire du pêché originel comme dans l'éthique catholique. C'est une valeur fondamentale au travers de laquelle chacun s'efforce de se rapprocher de Dieu[11]. Suite à la révocation de l'Édit de Nantes, par l'Édit de Fontainebleau de 1685, la France s'est privé du savoir-faire et des capitaux des protestants, les huguenots, qui dûrent fuir vers les Provinces-Unies (aujourd'hui les Pays-Bas) et l'Angleterre[12].

L'évolution des idées est également marquée par la dimension prise par la bourgeoisie au sein de la société. Il est notable que l'expansion économique précoce se fait souvent dans un contexte politique déjà en partie affranchi du féodalisme. Venise, en Italie du Nord, est dominée par les marchands et les Provinces-Unies ainsi que l'Angleterre se sont dotées d'un régime parlementaire.

-------------------------------------------------

Naissance de l'entreprise [modifier]

Le capitalisme ne naît pas avec la révolution industrielle ; Fernand Braudel note que les activités du capitalisme marchand et financier sont déjà largement développées à la fin du Moyen Âge, dans des régions comme le nord de l'Italie ou les actuels Pays-Bas.

Par exemple, les grandes compagnies commerciales maritimes, comme la Compagnie anglaise des Indes orientales (1600) ou bien la Compagnie néerlandaise des Indes orientales (1602), préfigurent, dès le XVIIe siècle, l'entreprise moderne. Elles constituent en effet les premières entités à rassembler capitaux, moyens matériels (navires), progrès technologiques (boussole, sextant, etc.) et hommes. Leurs objectifs annoncent ceux des entreprises modernes : le profit monétaire.

D'autre part, durant l'ère préindustrielle, ou « proto-industrielle » selon l'expression Franklin Mendels, on retrouve des « nébuleuses industrielles » (P. Léon) comme en Flandres au XVIIe siècle dans lesquelles se développent des formes embryonnaires d'entreprises pour contourner les règles corporatives. C'est donc à cette époque que les premières formes juridiques d'entreprises sociétaires voient le jour ; c'est le cas de la société en commandite.

Les entreprises joueront un rôle majeur durant la révolution industrielle car elles permettent une importante concentration de capitaux servant au financement des investissements de plus en plus coûteux, comme les chemins de fer au XIXe siècle. Les premières sociétés de capitaux comme les sociétés en commandite par actions (actions négociables à la Bourse) en France remonte au Code du commerce de 1807, mais restent marginale[13]. C'est la création d'une nouvelle forme juridique d'entreprise, la société anonyme (SA), qui facilitera les apports en capitaux de plusieurs investisseurs dans la mesure où ceux-ci n'engagent leur responsabilité qu'à hauteur des montants investis, ce qui limite les risques. Jusque-là, les « investisseurs » associés au sein de sociétés en nom commun (SNC) découpées en parts non négociables, et non en actions, avaient la qualité juridique de « commerçants » et étaient, à ce titre, responsables sur leurs biens propres. La mise en place des joint stock companies (JSC) en Angleterre fait suite à l'abrogation du Bubble Act en 1825 et au Joint Stock Companies Act de 1856. La France, quant à elle, instaure la société anonyme après les lois de 1863 et 1867 et l'Allemagne en 1870. Entre 1879 et 1913, 11,4% des sociétés créées en France sont des sociétés anonymes d'après François Caron[14].

-------------------------------------------------

Le libéralisme à l'aube de l'industrialisation [modifier]

La réflexion sur le rôle de l'État dans l'économie se développe principalement au XVIIIe siècle. Adam Smith préconise en 1776 dans sa Recherche sur la nature et les causes de la richesse des nations la présence d'un État-gendarme assurant d'une part ses prérogatives régaliennes et d'autre part des fonctions tutélaires. Il ne s'agit donc pas d'un État minimal.

De surcroît, le siècle des Lumières a accouché d'une conception de l'État qui garantit les libertés individuelles. Économiquement, cet État défend la libre concurrence ; c'est donc en toute logique qu'il l'introduit dans la société et l'économie. Concrètement, cela se traduit en France par l'abrogation des corporations suite au décret d'Allarde en mars 1791 et par l'interdiction de toute coalition suite à la loi Le Chapelier du 14 juin 1791 : « Il n'y a plus de corporations

...

Télécharger au format  txt (63.5 Kb)   pdf (427.6 Kb)   docx (31.9 Kb)  
Voir 37 pages de plus »
Uniquement disponible sur DissertationsEnLigne.com