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La distinction entre partis politiques et mouvements sociaux

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Par   •  5 Janvier 2021  •  Dissertation  •  3 543 Mots (15 Pages)  •  485 Vues

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La distinction entre partis politiques et mouvements sociaux

Les 25 et 26 mai 2019, lors des élections européennes, les Gilets Jaunes, mouvement

pourtant opposé à toute reprise politique de ses revendications, ont tenté de basculer de la rue

aux urnes. Deux listes ont donc été créées : “alliance jaune” et “évolution citoyenne” et trois

autres ont essayé de revendiquer une affiliation au mouvement avec des candidats issus de ce

dernier, dont : “les patriotes”. Cependant, les faibles résultats obtenus (aucune liste ne

dépassant les 1%) montrent une importante hostilité à la formation d’un parti. Cela s’explique

par l’existence d’un clivage constant entre les partisans convaincus qu’institutionnaliser le

mouvement est un aboutissement et ceux considérant cela comme un échec. Les avis divergent

donc quant à la relation que doivent entretenir partis et mouvements.

Or, “La palette des relations mouvements partis est remarquablement complexe”

explique Erik Neveu. Selon lui, un mouvement social est une intervention collective destinée

à transformer les conditions d'existence des acteurs, à contester des hiérarchies ou des relations

sociales et à générer pour cela des identités collectives et des sentiments d'appartenance. Alors

que les partis politiques se définissent comme des organisations durables et institutionnalisées

ayant pour vocation de mobiliser le peuple avec pour objectif la conquête du pouvoir politique.

Il semble alors que ces deux notions soient distinctes l’une de l’autre.

Néanmoins, étymologiquement parlant, le terme “distinction” entend une séparation

nette entre deux sujets. Pourtant, on assiste ces dernières années à l’émergence croissante de

parti-mouvement, tel que LREM ou MAS (mouvement vers le socialisme) en Bolivie, qui se

définit comme n’étant « pas un parti politique, mais un instrument des mouvements sociaux ».

Il y aurait donc des liens, des collusions ou bien encore des emprunts entre partis et

mouvements. Il semblerait, alors, que ces catégories soient inters pénétrables et de ce fait que

la vision dichotomique classique opposant celles-ci ne soit pas totalement juste.

Une certaine complexité semble donc sous-jacente aux définitions de ces deux notions.

Il serait alors légitime de s’interroger sur ce qui unie un parti et un mouvement, sur l’éventualité

d’un basculement d’un mouvement vers un parti.

Et finalement, puisque la notion d’opacité entre ces deux termes n’apparaît pas si

évidente, dans quelle mesure peut-on parler de confusion entre parti politique et

mouvement social ?

Il est possible de constater une certaine interpénétration entre ces deux notions pourtant

distinctes (I), de plus le mouvement social peut se trouver happé par la légitimité dont bénéficie

le parti politique dans la sphère publique (II).

I/ Une forte interpénétration de deux notions distinctes

a. Deux “idéaux-types” en théorie différents

Les notions de partis politiques et de mouvements sociaux ont été longtemps étudiées

séparément dans le champ académique. On peut noter plusieurs différences entre partis

politiques et mouvements sociaux ne pouvant instituer une convergence entre les deux.

Cependant, nous postulons de fait, l'idée que ces différences constituent deux idéaux-types ne

permettant pas de rendre pleinement compte de la réalité effective des liens unissant ces deux

organisations.

Tout d'abord, ils entretiennent un rapport différent au pouvoir. En effet, dans la définition même

de ce qu'est un parti politique apparaît la participation à la compétition politique, donc la

volonté de prendre le pouvoir. Cette caractéristique essentielle, qui se traduit d'un point de vue

organisationnel par la formation de candidats, la participation à des élections constitue une

donnée absente des mouvements sociaux. Ces derniers se forment plutôt en opposition aux

gouvernants. Ils ont la volonté d'influencer le pouvoir politique, non pas de le conquérir. En

protestant, en montant des actions, les mouvements sociaux entendent interpeller les pouvoirs

publics sur une question qui, a leur sens, n'est pas bien prise en charge. Une différence

fondamentale entre ces deux serait que les partis politiques s'appuient sur l'Etat et les

mouvements sociaux sur les citoyens lambda, la société civile, l'opinion publique.

Les attentes envers ces deux organisations sont aussi différentes. Selon Manuel Azcarate,

ancien dirigeant du parti communiste d'Espagne : « Le rôle spécifique du parti politique est

d’élaborer une alternative globale, aujourd’hui pour sortir de la crise, en général pour aller

vers une nouvelle société, alors que les mouvements sociaux tendent à avoir une vision partielle

». Ainsi, ces deux organisations auraient un rôle totalement différent. La nécessité d'un parti

d'avoir un projet global lui demanderait d'être plus consensuel, d'intégrer plus de facteurs

différents dans sa prise de décision. A l'inverse, est attendu d'un mouvement social, puisqu'il

défend un intérêt particulier, qu'il soit plus radical dans ses revendications. Cependant, cette

distinction académique traditionnelle ne trouve pas résonance chez tous les chercheurs. Alain

Touraine voit la nécessité de renverser le « rapport classique entre partis politiques et

mouvements sociaux ». Il donne l'exemple du mouvement antinucléaire dont les revendications

dépassent le simple cadre de l'utilisation de l'énergie nucléaire pour questionner les thèmes plus

larges du type d'industrialisation, de développement économique que devrait entreprendre la

société.

Un rapport différent à la professionnalisation, la bureaucratie peut être évoqué. En effet, ces

caractéristiques peuvent être considérées comme inhérente au parti politique, en atteste la loi

d'airain de l’oligarchie de Roberto Michels. Par sa forme d'organisation, un parti finit toujours

par engendrer une élite professionnelle, une hiérarchisation et une organisation extrêmement

structurée due à son institutionnalisation. Cela n'est à l'inverse pas l'essence d'un mouvement

social. Il convient pourtant de nuancer cela puisque certains mouvements se retrouvent très

organisés et hiérarchisés. Dès qu'ils commencent à prendre de l'ampleur, ils forment des pôles

différents au sein du mouvement et certains individus pérennisent leur engagement au sein de

ce mouvement, certains en devenant même salariés. Ce qui peut être liés au processus

s'enclenchant dans un parti politique.

La production des élites, la formation d'un leader est devenue une caractéristique prégnante des

partis politiques, sous la Ve République notamment. La présidentialisation du régime a

provoqué chez les partis politiques la tendance à former un leader présidentiable, capable de

représenter le parti. Or, certains mouvements s'opposent à cela, ils refusent la représentation

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