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Vouloir Bannir Le Sport Des Sociétés Contemporaines A-T-Il Un Sens ?

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Tout d’abord, au sens social, politique et moral, le sport apparaît comme le reflet d’une société. Ses pratiques répondent elles aussi à des règles préalablement établies pour son bon fonctionnement. Il s’agit en effet de règles morales car le sport a pour but de concilier droit et force. Le sport est, depuis l’Antiquité, porteur de valeurs morales et sociales. Les jeux olympiques, notamment depuis leur retour grâce à Pierre de Coubertin en 1896, agissent comme un outil de socialisation et d’humanisation des hommes dans le respect d’autrui et des règles. L’objectif, à cette époque, est d’évacuer les mauvaises passions et le besoin guerrier en pratiquant le sport, lequel agit alors comme une catharsis, un purgatoire. De plus, l’activité sportive symbolise les valeurs démocratiques car il permet au plus grand nombre de partager une culture commune, et peut réaliser un modèle de liberté, d’égalité et de fraternité. En effet, l’égalité grâce au sport est possible, dans la mesure où la mixité sociale y est reine car tous les êtres humains, de tous les âges et origines peuvent le pratiquer. C’est ainsi qu’il agît comme un ascenseur social, dans le sens de la morale méritocratique, car les efforts pour atteindre un niveau d’excellence, progresser et se dépasser sont accessibles à tous, comme le prouvent de nombreux sportifs de haut niveau issus de catégories sociales défavorisées. La fraternité se réalise en raison d’une séduction qui touche tout le monde, universelle, et qui permet dès lors une communion universelle. Le sport semble avoir le pouvoir politique de rassembler les ennemis au sein d’une même nation derrière une passion commune. La culture du sport est donc démocratisée. Le sport est ainsi un moyen efficace d’apprendre la citoyenneté et le respect des règles donc il incarne une sorte de politique sociale. De plus, le rapport au corps est primordial et le sport satisfait un bien-être physique et intellectuel. Il rend beau ce qui est, au départ, seulement fonctionnel, et l’homme façonne son corps tel un artiste en l’investissant de son esprit.

Au sens économique, le sport est une très importante source de revenus, et ce pour de nombreux agents économiques. Depuis les années 1980, les records d’audience encouragent le changement d’organisation de la télévision publique : TF1 est privatisée et n’importe quelle chaîne peut être ouverte, dans la mesure où l’audience est privilégiée. Le comité international olympique (CIO) suit cette évolution en acceptant la professionnalisation des athlètes en 1981 et, cinq années plus tard, l’exploitation commerciale des JO. Se trouvant en situation de monopole, tout comme les fédérations, le CIO détient le pouvoir sur les chaînes de télévision qui, elles, en concurrence, sont prêtes à payer très cher les droits de retransmission. On observe ainsi une reconnaissance du sport à la télévision, accentuant d’autant plus sa popularité. Le sponsoring s’aligne de la même manière en associant les valeurs positives dégagées par les pratiques sportives à l’entreprise afin d’améliorer son image de marque. Les stars du sport sont des agents économiques rationnels car elles adaptent leurs moyens en vue de satisfaire les objectifs et enjeux qui leur sont fixés par les sponsors et leur club. En effet, arriver en tête du championnat présente des enjeux considérables car les revenus de ces joueurs augmentent, grâce à la télévision, et la vente des billets et produits dérivés augmentent de la même façon. Le recrutement des joueurs est primordial car les écarts entre les différents clubs sont très faibles. Le club compare alors l’avantage marginal entre ce que peut rapporter le joueur grâce à ses performances, ce qu’il peut payer pour le recruter et ce que les clubs concurrents seraient, eux, prêts à débourser. Il s’agit ici d’un raisonnement à la marge. L’engagement d’une star permet un cercle vertueux pour tous les agents qui gravitent autour car l’argent qu’elles gagnent peut être redistribué à des dizaines de personnes du club, mais rapporte aussi aux spectateurs en terme de divertissement de qualité, à la télévision grâce à la forte audience, mais également aux sponsors ainsi qu’aux milliardaires qui ont investi dans le club. De plus, les firmes transnationales implantées dans le monde entier achèvent d’étendre le sport et ses valeurs à travers tous les pays et constituent une grande source de revenus.

Ainsi, on donne à voir un sport idéal, fondé sur l’honnêteté, l’égalité, pour cimenter les relations sociales, donner l’illusion qu’on vit dans une société démocratique et encourager à la conformité par son insistance sur la discipline, l’autorité, la modestie, l’esprit de groupe.

Cependant, le sport présente parfois des dérives qui peuvent amener à relativiser ses bienfaits.

Le sport peut amener à des dérives morales. En effet, celui qui est censé appliquer les valeurs démocratiques, à commencer par la fraternité, se traduit parfois en chauvinisme et violences lors des rencontres sportives. Certaines preuves de déchainement irrespectueux envers les supporters adverses ont pu mener à des démonstrations de haine, tels que les sifflements contre l’hymne national de l’autre équipe. L’éloge du sport n’apparaît finalement que tel un discours idéologique, où le sportif vénéré ne véhicule aucune réflexion ni message implicite. Ce culte inconditionnel envahit le monde, à travers les médias notamment. Cette tentative de faire naître un homme nouveau par le sport est à rapprocher de l’objectif des grands régimes totalitaires du XXe siècle. Ainsi, le culte des corps façonnés par le sport et les différents rituels appliqués dans les stades du totalitarisme fasciste ou communiste montrent que le sport n’est pas toujours au service des valeurs démocratiques. En s’appuyant sur la psychanalyse et le marxisme, la vision critique du sport montre les différentes voies de l’aliénation des individus par le sport : les spectateurs, par le mécanisme de l’identification, sont infantilisés, manipulés et entretenus dans leur chauvinisme. Pour atteindre leurs objectifs de performance, les sportifs peuvent avoir recours au dopage, qui est aussi bien tricherie que mise en danger de leur vie, et ils en sont peu sanctionnés car ils n’en paient pas le prix. La tricherie et la corruption peuvent ainsi être liées au prestige et à la reconnaissance. S’agissant des vertus d’égalité rattachées au sport, Redeker critique cette idée en y opposant que le sport hisse seulement une minorité au rang d’idoles, tout en contraignant l’immense majorité à intérioriser les valeurs du sport. En outre, le sport est le reflet d’une société de domination de certaines classes car certaines catégories sociales sont surreprésentées, les classes supérieures. Certaines disciplines sont socialement marquées et le rôle auto-attribué des classes supérieures est de donner l’exemple. Des populations sont obligées de pratiquer tel ou tel sport par le pouvoir politique qui les domine, d’où l’exemple des colonies. Cette inégalité s’applique également au genre, car la place des femmes dans le sport est inférieure à celle des hommes.

Le rapprochement certain entre sport et argent a donné lieu à des dérives sportives. La corruption par l’argent, comme l’illustre l’affaire Bernard Tapie, montre la fin de la moralité dans le milieu sportif. Certaines règles du jeu sont mêmes modifiées à cause de la télévision, donc de l’argent. Pour en gagner plus, les joueurs s’imposent, ou bien on leur impose, de gagner afin de satisfaire les annonceurs, les sponsors mais aussi les primes. Les transferts des joueurs illustrent également le nouveau statut de marchandise du sport et des sportifs. Le sport est le « catéchisme hard du capitalisme », selon les mots de Redeker, car la santé est devenue une marchandise comme une autre, se fabrique et se vend. Ainsi, le sport ressemble au travail : les athlètes vendent leur force de travail et deviennent des marchandises en vue d’acquérir la reconnaissance sociale ; dans l’entraînement, leur corps est soumis à une discipline et à une rationalisation comparables à celles de l’usine : spécialisation, productivité, rentabilité. Le sport obéit à un principe de hiérarchisation et de bureaucratisation qui rappelle le monde de l’organisation capitaliste, le tout en vue de l’amélioration continue de la performance. Les conséquences de la violence, de la corruption et du dopage sur le sponsoring sont paradoxales car positives. On cherche surtout la notoriété de l’entreprise : une mauvaise publicité reste néanmoins une publicité et les spectateurs, heurtés par celle-ci, la mémorise alors plus facilement. De surcroît, une différence très importante de salaire entre les stars et les autres joueurs est à noter. Un plafonnement de ceux-ci est impossible en Europe, en raison des ligues ouvertes à tous. Les clubs cotés en bourse voient leurs actions et leur indice diminuer fortement. L’endettement des clubs européens est colossal car il se cumule. Il y a un nouveau mode de domination d’une catégorie sociale aisée, qui finance le sport.

Le sport présente ainsi de nombreuses failles qui se sont créées puis accentuées au cours du siècle dernier jusqu’à aujourd’hui.

Cependant, le sport reste encore et toujours nécessaire pour la société, c’est pourquoi il faut envisager des solutions pour le conserver, tout en supprimant les problèmes qui vont de pair.

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