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Compétence Et Indifférence En Politique, L'Exemple Des Jeunes

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dite cognitive, ce serait selon le Robert, avoir une connaissance approfondie ou encore avoir intériorisé des règles et des éléments pour former un jugement correct et cohérent sur un sujet. Rapportons cette définition à la dimension politique : l’électeur compétent dispose d’une connaissance approfondie du fonctionnement monde politique, des institutions lui conférant le droit de juger ou de décider. Or posons déjà une question qui nous occupera dans notre exposé : n’y-a-t-il que la compétence technique qui vaille et même, n’est-ce pas anti-démocratique de penser que la condition sine qua non pour être électeur réside dans une expertise, un savoir sur le politique ? De la même manière, que penser de l’électeur indifférent, celui qui ne se sent pas concerné, celui que la politique n’intéresse pas ou n’intéresse plus au point qu’il préfère l’abstention ? Car l’abstention n’est elle pas en soi une forme de prise de position politique ce qui nous amène à penser que la politique ne se joue pas uniquement aux urnes ? La compétence et l’intérêt, des concepts qu’il nous faut déconstruire ?

Pour résoudre ces différents problèmes qui se posent à nous, nous étudierons déjà ce que c’est que d’être compétent politiquement pour un électeur français en proposant une forme d’état des lieux de l’électorat français pour en appeler à une extension de la notion de compétence en politique grâce aux analyses sociologique de P. Bourdieu ou D. Gaxie. Nous en viendrons ensuite à intégrer l’exemple des jeunes pour déconstruire cette notion problématique de compétence politique comme le proposent les travaux de Luc Blondiaux. Et nous utiliserons également les études d’Anne Muxel sur l’expérience atypique des jeunes en politique.

I. Qu’est ce qu’être compétent politiquement ?

A. Incompétence, indifférence. L’Etat des lieux et les difficultés : comment mesurer la compétence et l’intérêt pour la politique ?

Etat des lieux : qu’est ce qu’être compétent et intéressé par la politique ?

Le rejet et l’incompétence semblent apparents. (Statistiques, sondages, …)

[Cf. : sondage Ipsos sur l’abstention]

Cela dresse un double constat pour notre société : forte majorité de non-participants d’où un intérêt pour la politique pas universellement partagé par des citoyens compétents comme le voudrait la mythologie démocratique du citoyen omnicompétent.

Au-delà du vote il y a une participation politique faible des citoyens : moins de 5% des individus ayant le droit de vote font partis d’un parti politique en France. Le peu d’intérêt pour la politique s’exprime aussi ainsi : 50% citoyens interrogés déclarent n’avoir jamais de discussions à caractère politique / 10% des électeurs déclarent s’intéresser fortement à la politique et 50% se disent indifférents.

Les participants, la minorité de citoyens qui se disent compétents et intéressés apparaissent comme les seuls légitimes pour effectuer un choix politique informé et raisonné

Idée d’une inégalité fondamentale : les masses à tenir à l’écart du politique en subissant décisions prises par une élite et une acceptation des règles du jeu avec un consensus minimal pour maintenir en place le système.

[Opposition aux théories élitistes : idée d’ouverture des élites auxquelles tous les citoyens pourraient accéder avec des règles régissant une certaine concurrence pour l’accession aux fonctions de pouvoir avec une acception du verdict d’élections régulièrement organisées Théorie de Robert Dahl et les théoriciens du pluralisme : le pluralisme politique reflète le pluralisme social. ]

Loïc Blondiaux et la compétence politique : présupposés et explications

Comme nous l’avons vu en introduction, la notion de compétence politique induit l’intégration de deux aspects complémentaires, à savoir une dimension cognitive et une dimension politique. La dimension cognitive c'est-à-dire la capacité pour le citoyen de raisonner, quand à la dimension politique c'est-à-dire la connaissance du champ politique par les citoyens.

Loïc Blondiaux dans son ouvrage « Faut-il se débarrasser de la notion de compétence politique ? » rappelle aussi qu’être compétent politiquement trouve son fondement dans la considération des autres (donc de la société) pour cette compétence, c'est-à-dire non seulement être informé et connaitre le champ politique mais aussi pouvoir se placer dans celui-ci idéologiquement, en prenant l’exemple américain basé sur le clivage libéraux/conservateurs.

Loïc Blondiaux voit 4 postulats sur lesquels déterminer cette compétence politique et la mesurer. Le premier est que la compétence politique est individuelle, et non une compétence de groupe, bien qu’on puisse évaluer la compétence politique du groupe en regardant ces compétences individuelles, cela suit la logique instaurée dès 1913 avec l’isoloir en France, à savoir que chacun doit choisir en son âme et conscience, seul pour les autres, sans les autres. Dans un second postulat on reviendra à la vision classique acceptée, à savoir que certains s’informent et suivent les évolutions perceptibles ou non du champ politique quand d’autres ne se retrouvent en contact avec celui-ci que très sporadiquement, ainsi on peut dresser une typologie des publics compétents ou non (soit 3, c'est-à-dire, pour Converse idéologues, quasi-idéologues ou non-idéologues mais plus simplement des publics attentifs et de masse). Dans un troisième postulat Loïc Blondiaux revient sur la possibilité d’étudier cette compétence politique hors de tout acte en se fondant sur le raisonnement des citoyens qui sont interrogés lors de différentes études sociologique, finalement évaluer la logique et la capacité cognitive des sujets hors de tout événement. Dans un dernier postulat il rappelle l’idée de dimension politique comme un élément permettant d’évaluer la compétence politique à travers la maitrise de certaines idéologies, de la connaissance de l’actualité…

Le début d’une remise en question de l’idée de compétence politique : l’introduction de l’idée d’indifférence

Loïc Blondiaux, ainsi que Julien Talpin voient dans cette définition divisé entre capacité cognitive et capacité politique ainsi que ces postulats que l’idée véhiculée est celle d’un citoyen parfait omnicompétent, c'est-à-dire que pour être considéré politiquement compétent il faut maitriser un grand nombre d’éléments allant de la connaissance de règles du champ politique (comment voter) à comment lire en passant par des connaissance sur les idéologies. Or, ils rappellent l’un comme l’autre que les citoyens sont loin de maitriser ces éléments, et sont donc selon cette vision classique, incompétent pour la plupart ou au mieux, selon la typologie de Converse, « Quasi-idéologues ».

Est-il pertinent néanmoins de mesurer l’intérêt pour la politique ? En effet bien souvent les sondés s’attribuent un intérêt lors du sondage qu’ils n’ont pas forcément, par exemple cela peut résulter de la croyance en une obligation morale de participation, ou encore à l’inverse l’intérêt n’est pas ressenti mais est présent du fait de besoins individuels inconscients. Il devient donc difficile de mesurer l’intérêt pour la politique clairement.

On peut dès lors se demander si les citoyens sont incompétents ou bien tout simplement indifférents. Cette idée d’indifférence peut se traduire de plusieurs manières : le manque d’offre politique (et donc non reconnaissance des citoyens dans le politique) ou le manque de demande politique (et donc le manque de vocation politique), par exemple. Cette idée d’indifférence peut d’ailleurs être tout aussi dangereuse que l’idée d’incompétence dans une société démocratique, ainsi pourquoi laisserait-on voter les incompétents ? Et si les citoyens sont indifférents pourquoi leur laisse encore cette prérogative qu’est celle de choisir au-delà de la légitimité recherchée par les dirigeants ?

Pour observer cette question de compétence et d’indifférence il faudra se pencher plus particulièrement sur le « Cens caché » de Daniel Gaxie.

B) Le cens caché et l’idée d’une compétence différentielle et d’une incompétence subie.

Si la notion de compétence politique doit être remise en cause, elle doit aussi être élargie..

L’incompétence dépend non seulement d’un manque de connaissances techniques, d’un savoir politique non maîtrisé mais encore et surtout des processus sociaux d’exclusion du politique frappant une grande majorité des citoyens, à commencer par les plus démunis, les moins diplômés, les plus isolés et la non-participation ou l’indifférence est la manifestation d’une impuissance à participer au débat ou même à proposer des thèmes à débattre.

C’est un ensemble d’éléments qui peut expliquer l’incompétence : manque d’instruction, manque d’occasions, manque de raisons tangibles et contraignantes mais cet ensemble est structuré par un jeu de forces sociales qui viennent peser sur les citoyens rendant comme naturelle leur incompétence politique.

Pour percevoir cette discrimination entre des agents

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