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Criminologie : L'affaire Jonathann Daval

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Par   •  30 Janvier 2022  •  Dissertation  •  5 381 Mots (22 Pages)  •  550 Vues

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Lefebvre Laetitia

[pic 1]

Criminologie : L’affaire Daval

Professeur référent : Mr ARPIN-GONNET Franck

DU Criminologie
Lefebvre Laetitia 21003449

Table des matières

I.        L’affaire Daval        3

A.        Introduction de l’affaire : les dates clés        3

B.        Jonathann Daval        3

1.        Un parcours de vie « formateur »        3

2.        Expertises « psys » : la personnalité de l’accusé        4

C.        Modus opérandi        6

1.        Le déroulement des faits        6

2.        Clinique du meurtre conjugal et symbolisation de l’acte        6

3.        Mobile et préméditation        7

II.        L’homicide féminin        8

A.        Psychologie des crimes visant la femme : l’uxoricide et le féminicide.        8

B.        Les conséquences intra et extrafamiliales        9

Bibliographie        11


  1. L’affaire Daval

  1. Introduction de l’affaire : les dates clés[1]

L’affaire Daval (connue sous ses autres noms « affaire Alexia Daval ou encore Jonathan Daval (orthographiée à tort de la sorte, le nom du protagoniste s’écrivant avec deux « nn » pour « Jonathann ») est une affaire criminelle, prenant source en France et plus précisément dans la ville de Gray-la-Ville en Haute-Saône, dans laquelle le corps d’Alexia Daval (épouse de Jonathann Daval) fut retrouvé partiellement calciné deux jours après l’annonce de sa disparition le 28 octobre 2017. Pendant plusieurs mois, l’accusé s’est joué des médias et de la famille de la victime en prétendant ne pas être lié au meurtre de sa femme, pleurant à chaudes larmes la mort de cette dernière au cours de la marche silencieuse, organisée le 5 novembre 2017 en son honneur, aux côtés de ses beaux-parents. Le 6 novembre les résultats de l’autopsie réalisée sur le corps d’Alexia révèlent qu’elle a été victime de violences physiques avant d’être asphyxiée. Quant aux brûlures post-mortem, les médecins concluent à une tentative infructueuse mise en place afin de faire disparaître le corps[2]. Le 8 novembre se déroulent les obsèques d’Alexia. Le 29 Janvier 2018, Jonathann est placé en garde à vue et avouera avoir tué sa femme lors d’une dispute mais il changera ses aveux le 4 juillet 2018, accusant alors son beau-frère (Grégory Gay) du meurtre et se dit victime d’un complot familial. Le 5 juillet, une première expertise psychiatrique relève, chez Jonathann, des « traits pervers » et fait également part de la potentielle capacité de « manipulation » dont pourrait faire preuve Jonathann.[3] Le 4 octobre de la même année une confrontation a lieu entre Jonathann et sa belle-famille et le 7 décembre, au cours d’une ultime confrontation, il reviendra sur ses précédentes accusation et reconnaîtra être l’auteur du crime et d’avoir agi seul. Enfin, le 17 juin 2019, lors de la reconstitution des faits, Jonathann donnera plus de détails sur les circonstances du meurtre et avouera, entre autres, avoir asséné plusieurs coups à Alexia avant de l’étrangler. Il reconnaitra également l’acte de crémation sur le corps de sa compagne dans la forêt de Velet Esmoulins. Le 21 novembre 2020, Jonathann est condamné à 25 ans de réclusion criminelle pour le meurtre de sa femme, par la cour d’assise de la Haute-Saône[4]. Le 25 Mai 2021, la cour d’assise de la Haute-Saône se prononce sur le montant des dommages et intérêts à verser aux parties civiles (165 000 euros), décision contestée par la famille de la victime qui fait appel protestant que la justice a sous-estimé le préjudice engendré par la perte d’Alexia (l’ensemble des parties demandant initialement plus de 800 000 euros en réparation du préjudice commis). A ce jour, le dossier de l’affaire est toujours ouvert.

  1. Jonathann Daval

  1. Un parcours de vie « formateur »[5]

Il grandit dans un environnement assez prolétaire avec un père et un grand-père ouvrier, sa mère est nourrice. Il évolue dans un milieu que l’on peut qualifier de classe sociale moyenne (ni riche, ni pauvre). Ses parents se sont séparés lorsqu’il était petit (2ans) et sa mère s’est remise en couple avec son beau-père (qu’il considère comme son père). Jonathann a toujours été proche de ses parents avec une attention particulière conférée par la mère du fait de son statut de dernier de sa fratrie (il est le sixième et dernier enfant de sa fratrie). C’est un garçon qui se présente comme étant fragile et très introverti étant jeune, timide, et il conservera ces traits de caractère en grandissant. En interrogeant la mère de Jonathann, il a également été fait mention d’une naissance assez difficile (son cordon ombilical s’étant enroulé autour de son cou et sa mère aillant fait une hémorragie). En grandissant, il développe de nombreux problèmes de santé (surdité détectée tardivement ayant ainsi entraîné des problèmes de langage, scoliose, affections ORL chroniques, eczéma, asthme, allergies…) qui l’ont fait souffrir (en silence). Vers ses 12 ans, il est confronté à la mort de son père (d’un accident cardiaque sur son lieu de travail), ce qui le marqua assez profondément au point de déclencher des troubles obsessionnels compulsifs (TOC sur la propreté autant des objets l’entourant que de son propre corps (manie de lavage de mains fréquents), il sera également rapporté qu’il lui était déjà arrivé de passer des heures à se frotter sous la douche car il ne se sentait pas proche (l’expert psychologue Tony Arpin soulignera ce trait en évoquant la possibilité d’un traumatisme sexuel survenu dans la petite enfance)[6]). Il n’a jamais réellement fait part de la souffrance qu’avait engendré la mort de son père. Une tentative de prise en charge psychologique avait été initiée mais sans succès.

Il rencontre Alexia à l’âge de 21 ans (elle, en avait 16) au cours d’une sortie de ski avec son copain (vers 2004-2005). A partir de 2005, ils s’installent tous les deux chez les parents d’Alexia et Jonathann est traité comme un fils adoptif par les parents de la jeune fille (la mère d’Alexia révèlera également que ce dernier l’appelait même « maman »). Par la suite, ils rachètent la maison de la grand-mère d’Alexia pour s’y installer, tout en restant à proximité des 2 familles, mais les travaux à effectuer dans leur nouvelle demeure les obligent à rester chez les parents de la jeune fille. Selon Jonathann, c’est durant la période de vie chez les parents de la jeune femme que les problèmes sexuels ont commencé : Alexia est gênée par la faible distance entre sa chambre et celle de ses parents et Jonathann se créer un blocage[7] à cause des nombreux refus de relations sexuelles par cette dernière. Mariés depuis le 18 juillet 2015, ils semblaient incarner un couple parfait, heureux et épanouis.

Très vite dans le couple, Alexia occupe une place prépondérante, c’est elle qui impulse la relation. Le projet d’avoir un enfant se pose également rapidement mais sans succès, ce qui entraîne une prise en charge médicale de la part d’Alexia qui l’amènera à consulter des médecins et prendre des médicaments afin d’augmenter sa fertilité. Mais en questionnant un peu les proches, on se rend compte que le désir de parentalité était plus du fait d’Alexia que de Jonathann, qui se détache totalement des situations le ramenant à cette réalité de parentalité et se réfugie dans son travail afin d’esquiver les rendez-vous médicaux d’Alexia. Les conflits sont de plus en plus fréquents, Jonathann rentre de plus en plus tard afin de les éviter et Alexia se confie à sa meilleure amie son désarroi face à cette situation dans laquelle elle ne trouve plus sa place entre le fait qu’il ne semble pas savoir s’y prendre ni comprendre les femmes, et également sur le fait qu’il souhaite du contact mais l’évite lorsque celui-ci se présente.

  1. Expertises « psys » : la personnalité de l’accusé

Afin de tenter de comprendre un peu plus la personnalité qui se cache derrière l’homme accusé d’uxoricide, des psychiatres et psychologues ont mené plusieurs expertises dans lesquelles ils révèlent un personnage manipulateur et pervers[8], pouvant transformer la réalité en fonction de ses circonstances[9], précisant qu’il ne représente pas de danger sur le plan psychiatrique contrairement au plan criminologique[10] (couplé d’une « toute-puissance » et d’une tendance au secret ; cette conclusion est apportée par le  psychiatre Joffrey Carpentier en charge d’une expertise le 26 juin à la suite d’un interrogatoire dans lequel Jonathann change sa version des faits en racontant, avec un certain détachement émotionnel, qu’il aurait assisté à la mort de sa femme mais qu’il n’en serait pas l’auteur, sans pour autant faire part au psychiatre de cauchemars ou d’envies suicidaires)[11]. Dans ces rapports, il fera état de la personnalité très complexe de Jonathann, qualifiée de « caméléon » (appartenant au spectre des personnalités antisociales ou psychopathiques, elle se caractérise par une impulsivité et une intolérance à la frustration, une tendance à la dysphorie et une présence de traits hystériques (comme la mythomanie ou encore la revendication affective) ou paranoïaques)[12].
Une première expertise psychologique réalisée par Tony Arpin démontra un enfant surprotégé par sa mère, un homme avec un faible estime de soi ayant souffert de la perte prématurée de son père. Il sera également dit de Jonathann qu’il est un homme immature, n’ayant pas dépassé le stade de la maturation sexuelle, bloqué dans l’adolescence, passant d’une dépendance affective à sa famille à une dépendance affective à sa femme et sa belle-famille.
[13] L’expert rebondit également sur la perte de connaissance (le 18 novembre) de Jonathann lors de son procès, qu’il voit comme le résultat du choc entre ses deux personnalités[14] qu’il ne pouvait plus tenir éloignées l’une de l’autre[15] (personnalités résultant d’un clivage entre une personnalité docile, répondant aux attentes de son entourage, et une autre plus dominatrice, aux antipodes de ce que le trentenaire laisse paraître).
Enfin, le psychiatre Jean Caterino, se détache complètement de l’image du manipulateur et se place sur le versant de l’accumulation psychologique de frustrations. Pour lui, la dissimulation des faits par l’auteur ne résulterait d’un fait de manipulation mais plutôt d’un mécanisme psychique d’acceptation des faits (comme une tentative désespérée d’un retour dans le temps impossible), ce qui fait de lui plus un obsessionnel qu’un manipulateur (observation pouvant s’appuyer sur les situations mettant en scène les TOC et rituels de Jonathann encore présents lors de son emprisonnement).

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