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Le Moment Le Plus Propice À L'accueille De L'Enfant

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tant en termes de représentation de la mère active, d’équipements collectifs pour la garde des jeunes enfants (2) que d’aides financières. Mais s’intéresser aux politiques familiales, à leur efficacité et à leurs effets nécessite d’abord de connaître le contexte dans lequel survient aujourd’hui une naissance. Le modèle du couple où l’homme était le seul pourvoyeur des ressources du ménage a été largement remis en cause. C’est plus globalement la place des femmes dans la société qui s’est redéfinie au cours des dernières décennies, avec un accès accru aux études supérieures et donc un souhait renforcé de se réaliser professionnellement. En parallèle, pour les femmes comme pour les hommes, l’entrée dans la vie professionnelle s’est différée au fil du temps et se fait aussi de manière plus progressive (Sebille, 2009), avec parfois une période de précarité. Dans le même temps, la désinstitutionnalisation des unions, qui s’est accompagnée d’une forte progression des naissances hors mariage, ne s’est pas traduite par une augmentation des naissances survenant en dehors d’un couple (3), au contraire (Charton, 2009), ni d’une hausse de l’infécondité

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a médicalisation de la contraception et la possibilité de recourir librement à l’avortement en cas de grossesse non prévue ont profondément changé le rapport qu’entretiennent les couples avec la fécondité. La maîtrise de la procréation, qui apparaît aujourd’hui en France comme une évidence, est indissociable de deux lois fondamentales : la loi Neuwirth de 1967 autorisant l’usage de la contraception et la loi Veil de 1975 légalisant l’avortement. Il ne s’agit pas de « politiques familiales » au sens où on l’entend généralement ; cependant, ces lois ont très largement imprimé les comportements familiaux. Elles ont permis aux couples d’avoir le nombre désiré d’enfants et de choisir le moment de leur venue. Cette possibilité de choisir, que connaissent la plupart des pays occidentaux, a conduit à une

(1) L’indice conjoncturel de fécondité français est parmi les plus élevés d’Europe avec 2 enfants par femme, contre 1,3 en Allemagne, 1,4 en Italie, 1,7 aux Pays-Bas ou encore 1,9 en Finlande (Pison, 2009 a). (2) Bien que beaucoup de couples rencontrent des difficultés pour faire garder leurs enfants (manque de crèches, coût élevé, etc.), conduisant certaines femmes à renoncer à leur activité professionnelle. (3) Même si la part des enfants élevés par un seul parent a fortement augmenté ces dernières années en raison de la fragilisation des unions, atteignant 16 % aujourd’hui (Chardon et Daguet, 2009).

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(seule une femme sur dix reste sans enfant au terme de sa vie féconde en France – Daguet, 2002). La plupart des couples souhaitent fonder une famille et très peu restent volontairement sans enfant (Toulemon, 1995). Ces changements ont contribué à redéfinir la place du projet familial dans la vie des personnes. La décision d’avoir un enfant est l’une des plus importantes auxquelles un couple est confronté au cours de sa vie (Hobcraft et Kiernan, 1995) et un certain nombre de conditions préalables semblent désormais nécessaires avant d’avoir un enfant. John Hobcraft et Kathleen Kiernan (1995) en ont listé cinq qui prévalent dans la plupart des pays d’Europe : être en couple, disposer d’un logement indépendant, avoir terminé ses études, être titulaire d’un emploi stable et avoir un sentiment général de sécurité. Dans une perspective historique, cet article revient d’abord sur le contrôle des naissances et ses récentes évolutions en France. Trois enquêtes successives de l’INED permettent de retracer l’évolution de la planification des naissances depuis le début des années 1970 (encadré). La maternité est désormais l’objet d’un choix, même si le contrôle des naissances est loin d’être parfait, en particulier à certains moments de la vie, comme en témoigne la fréquence des avortements. Il convient alors de s’interroger sur les raisons qui conduisent les couples à contrôler leur fécondité. À partir de l’enquête Familles et employeurs réalisée par l’Institut national d’études démographiques (INED) et l’Institut national de la statistique et des études économiques (INSEE) en 2005, dans un deuxième temps, sont décryptées les conditions préalables à la concrétisation d’un désir d’enfant au travers des intentions de fécondité et des situations personnelles des personnes avant la naissance de leurs enfants. On distingue, selon les cas, les situations qui entourent l’arrivée d’un premier enfant de celles qui prévalent lors de la naissance d’un autre enfant : l’entrée en parentalité nécessite, en effet, la conjonction d’un ensemble de conditions matérielles et conjugales qui ne se posent pas à l’identique pour les naissances suivantes. Si les résultats vont dans le même sens que ceux obtenus ailleurs, la situation française reste singulière en Europe, en particulier au regard des normes relatives à la fécondité (bon âge pour être parents, nombre d’enfants) et de la perception de l’infécondité volontaire.

D’une fécondité sous contrainte à une fécondité choisie

Petit détour historique. D’une révolution contraceptive à l’autre

L’histoire de la contraception atteste de l’existence de méthodes contraceptives dans des temps très reculés (Bergues, 1960 ; McLaren, 1996), mais elles étaient à la fois très peu utilisées et d’une efficacité parfois douteuse (on peut évoquer, par exemple, l’abstinence périodique pour laquelle les avis divergeaient concernant les jours à éviter). En France, il faut attendre le XVIIIe siècle pour voir se développer le contrôle des naissances. Dès 1740, la fécondité dans le mariage commence à décliner, plus encore à partir de 1770. Les premières naissances surviennent plus tardivement, l’espacement entre deux enfants s’accroît et les couples cessent d’avoir des enfants de manière assez précoce dans le mariage (bien avant la fin de leur vie féconde). Jusqu’aux années 1960, les couples parviennent ainsi à limiter leur descendance à un niveau tel qu’aucune génération née après 1870 n’a eu plus de 2,7 enfants par femme en moyenne (Leridon et al., 1987). Cette « première révolution contraceptive » se produit sans qu’il y ait eu d’innovations majeures dans le domaine de la contraception, outre les quelques méthodes parfois utilisées (diaphragme, préservatif masculin, crèmes spermicides). Le report du mariage représente, à l’époque, une solution pour limiter la taille de la descendance (4), dans un contexte où les naissances hors mariage sont mal acceptées par la société (5). Mais le principal « instrument » de la première révolution contraceptive a été le retrait. L’usage très fréquent de cette pratique, souvent aux dépens du plaisir, atteste d’une grande détermination des couples à limiter le nombre de leurs enfants. Un sentiment de répugnance de la part de certaines femmes à l’encontre de la maternité naît dès la fin du XVIIe siècle (Ariès, 1973), avec l’idée que celle-ci gâte la beauté féminine. Des raisons d’ordre économique émergent également. La bourgeoisie ne souhaite pas voir son patrimoine dispersé entre de trop nombreux descendants, tandis que les classes moyennes voient dans la limitation des naissances une possibilité d’élévation sociale. C’est aussi plus généralement la place de l’enfant dans la société qui se modifie.

(4) Les parents soucieux du devenir de leurs enfants les incitent alors à retarder de quelques années leur mariage, limitant ainsi la durée de vie féconde du couple (McLaren, 1996). De manière illustrative et anecdotique, on peut rapporter le cas d’une mère de famille qui regrettait d’avoir marié sa fille trop jeune, celle-ci venant d’accoucher de son septième enfant : « si j’eusse bien pensé que ma fille eût été si vite en besogne, je lui eusse laissé gratter son devant jusques à l’âge de vingt-quatre ans, sans être mariée » (Bergues, 1960). (5) L’Église conservait alors une forte emprise sur la vie privée des couples, à la fois parce qu’elle avait solennisé le mariage (depuis le XIIIe siècle) et parce qu’elle condamnait les grossesses et les relations sexuelles hors mariage par le biais de la confession (Leridon, 1995).

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Présentation des sources et construction des indicateurs

Mesure de l’évolution de la planification des naissances depuis les années 1970 Afin d’étudier la diffusion de la contraception et ses impacts sur la planification des naissances (et par voie de conséquence sur l’évolution du niveau de fécondité), l’Institut national d’études démographiques (INED) a réalisé depuis le milieu des années 1970 une série d’enquêtes. Dans chacune d’elles, on demande aux répondants de lister leurs enfants en précisant, pour chacun d’eux, leur année de naissance, et d’indiquer si la grossesse était souhaitée « à ce moment-là », « plus tard », « pas du tout », « plus tôt », ou si elle est survenue alors que la personne « n’y pensait pas ».

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