Mais est-ce qu'une œuvre théâtral doit être nécessairement joué pour être comprise ?

dans Andromaque de Racine ou Horace de Corneille. Il en est de même pour le registre, le contexte historique et religieux ou encore le style comme l’écriture en vers dans les pièces de théâtre classiques. Le lecteur est donc invité à revenir sur des passages nécessaires quand il le désire, voire à reprendre la lecture de l’œuvre intégrale plusieurs fois, pour avoir une parfaite compréhension de l’œuvre.

Cette possibilité de concevoir de ce promené dans l’œuvre est importante tout d’abord pour cerner le message implicite que l’auteur a voulu cacher derrière son écriture. Chaque élément, que ce soit dans les répliques ou dans les didascalies à un sens. Dans En attendant Godot de Beckett, la chaussure qu’Estragon essaie désespérément de s’enlever ou la ceinture qui se casse quand Vladimir essaie de se pendre traduisent toutes deux une certaine impuissance face au destin déjà dessiné.

Dans un second temps, les va et viens du lecteur dans l’œuvre lui permettent de voir le type d’écriture utilisée. L’aspect poétique dans Bérénice de Racine mérite d’être vu en profondeur par le biais de multiples figures de styles comme métaphore, comparaison, antithèse, ou chiasme.

Finalement, suite à un certain temps consacré à l’œuvre, le lecteur est libre d’imaginer ses comédiens, leur voix, leur taille, mais aussi pour tout ce qui concerne les cadres spatio-temporels comme les décors, les costumes. Il peut imaginer sa propre « représentation ». Les metteurs en scène eux, sont obliger de lire la scène attentivement pour pouvoir la mettre en scène et de son point de vue. Malgré les avantages que peuvent présenter la lecture d’une pièce de théâtre, sa représentation semble être difficilement négligeable car le théâtre est créé tout d’abord pour être joué. Le jeu sur scène permet de concrétiser les éléments dans la pièce, et facilite donc l’accès à la compréhension de l’œuvre.

La vocation primaire d’une pièce de théâtre est d’être vue. Le théâtre est d’abord créé dans le but de faire participer tous les citoyens à une manifestation religieuse et de leur apprendre à respecter les dieux. On peut noter que les « pièces à lire » sont apparu au cours du XIXème siècle avec des auteurs romantiques comme Hugo avec Cromwell. Dans chaque pièce de théâtre, en parallèle avec les répliques se présentent les didascalies qui sont des indications soit pour l’espace scénique soit pour le jeu de l’acteur. Cette présence traduit la volonté des auteurs que leurs œuvres soient mises en scène. Pour le cas des pièces qui ont peu de didascalies comme chez Molière ou Racine, on apprend que ce n’est pas du à une volonté d’écrire une pièce à lire mais parce qu’ils sont eux-mêmes des metteurs en scène pour leurs pièces.

La mise en scène permet de voir concrètement l’espace scénique. Elle offre au spectateur une des visions possibles de l’œuvre. Les objets théâtraux ont tous des significations importantes qui permettent de mieux comprendre l’œuvre. La façon de mettre en scène le décor et les objets théâtraux peut révéler ce que le metteur en scène a compris dans le sens de l’œuvre.

La question de la voix au théâtre est un élément très important également. La musicalité des vers, et le rythme des répliques sont mis en valeur au théâtre. Le metteur en scène peut désirer respecter la ponctuation mise en place par l’auteur.

Représenter une pièce, c’est rendre actuelle aux yeux du spectateur par la mise en scène. D’une réapparition après certaines transformations par le metteur en scène. La représentation d’une pièce de théâtre est aussi importante que la lecture pour l’aborder. Ne serait-il pas mieux de les voir en tant qu’éléments complémentaires plutôt que comme deux adversaires ?

La combinaison entre lecture et représentation promet la meilleure réception d’une œuvre théâtrale. Lecture et représentation ne sont pas du tout incompatibles et de plus chacune apporte de son côté des éléments pour mieux appréhender une pièce de théâtre.

Tout d’abord, les « pièces à lire » ne sont pas forcément difficilement représentables. Bérénice est une pièce plutôt destinée à être lue plutôt qu’à être représentée, et pourtant les représentations de Bérénice ont connu beaucoup de succès. Cela montre que même si certaines pièces paraissent plus conformes à la lecture qu’à une représentation, il est toujours possible d’aborder une pièce par la représentation et par la lecture.

Il serait dommage que la découverte d’une œuvre théâtrale soit réduite seulement à la lecture ou bien seulement à la représentation. Avoir la possibilité d’être en contact avec les deux, surtout de façon continuelle. Ces deux travaux se différencient de plus en plus notamment avec les metteurs en scène contemporains qui cherchent à se distinguer véritablement de l’auteur. Les représentations d’une pièce varient énormément selon le travail des

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