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Rapport de stage en école primaire

Rapport de stage : Rapport de stage en école primaire. Rechercher de 53 000+ Dissertation Gratuites et Mémoires

Par   •  8 Juin 2020  •  Rapport de stage  •  2 981 Mots (12 Pages)  •  599 Vues

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Cadre du lieu de stage

 
I- Description
 
J'ai effectué mon stage dans une école primaire située dans la périphérie de Lyon. Cette école est divisée en deux bâtiments: dans le premier bâtiment nous retrouvons les enfants du cycle 3 et dans l'autre pôle les élèves du cycle 2. Sur un plan culturel, la population est très mélangée. Les élèves fréquentant l’école sont en majorité de familles originaires d’Afrique du Nord et de Turquie. La plupart des élèves sont arrivés récemment de l’étranger. Dans cette école il y a de nombreuses productions des élèves qui ornent les murs et ceux-ci apportent de la vie et de la couleur au lieu. Une cour de récréation commune a été construite entre les deux bâtiments pour permettre aux enfants de tous se connaître. Cette école est composée de 7 classes dont une classe CLIN ouverte. Classée en Zone d’Education Prioritaire (Z.E.P.), l’école travaille en étroite collaboration avec l’équipe des enseignants des classes et les besoins sont importants. Tout ceci fait de l’école Jean Moulin un lieu en « effervescence permanente ».
En ce qui me concerne, j'ai effectué mon stage dans le second bâtiment et plus précisément dans la classe spécialisée, la classe d'initiation (la CLIN), qui a pour vocation d'enseigner le français aux enfants étrangers appelés « primo-arrivants » ou « enfants nouvellement arrivés en France . Cette classe accueille des enfants de cycle deux et trois. Je me rendais trois demi-journées par semaines, à savoir le lundi, le mardi et le vendredi matin. Ils ont comme point commun l'apprentissage de la langue française au niveau scolaire, mais aussi le déracinement de leur pays d'origine au point de vue personnelle.
Dans ce cadre particulier, les enfants et leurs parents sont invités à un premier rendez-vous avec l'enseignante et le directeur d'école, afin de préparer au mieux la rentrée de ces enfants.
Venu d'un pays étranger, les nouveaux arrivants débarquent accompagnés d'une histoire chargée. Les raisons de la venue en France sont complexes et bien souvent douloureuses : décès d'un parent, guerre, asile politique. Alors en arrivant ils vivent des moments incertains, dans des conditions précaires hébergés par des amis ou de la famille, pris en charge pour certains par des associations. La plupart ont vécus des traumatismes de différentes natures.
J'ai participé à des entretiens avec certaines familles, l'enseignante et l'enfant ainsi qu'avec le corps enseignant afin de parler de l'évolution ou pas et du comportement de chaque enfant.
 
 
II-Analyse des objectifs
 
Durant mon stage, ma référente de stage m'a dit que «L’objectif général est de faire de l’enfant un être de communication, à l’aise, osant s’exprimer".
 
La plupart de ces enfants ont vécu des choses traumatisantes au cours de leur vie. Pour beaucoup d'entre eux, il est primordial de créer un cadre accueillant, régulier et sécurisant, qui les détende, les sécurise et les intéresse afin qu’ils trouvent ou retrouvent le plaisir d’agir et d’entrer en relation avec autrui.
Pour (ré)instaurer une confiance de base, l'établissement tente de fournir au jeune des points de repères stables dans l’espace et le temps. Ainsi, la journée est rythmée, chaque moment ayant un sens particulier. L’accent est ainsi mis sur le temps réel et non un temps subjectif, ressenti que vivent souvent les jeunes dans leur milieu d’origine qui ne leur fournit pas cette structure. Enfin, l'école permet aussi au jeune de se situer par rapport à autrui (adulte, équipe éducative,…) qui reste une référence stable. Un règlement d’ordre intérieur concrétise en partie ce concept.
 

 

Mon intégration

 
À mon arrivée, j’ai eu un entretien avec le directeur de l'école et l'enseignante de la classe CLIN qui allait me superviser, puis je me suis mêlée à la population en me présentant moi-même aux enseignants ainsi qu’aux jeunes enfants. Je leur ai également expliqué quel était mon rôle et combien de temps durait le stage. 
L'établissement accueille beaucoup de stagiaires (étudiants, futur professeur des écoles, psychologues), l’équipe est donc habituée et très ouverte aux nouveaux venus ce qui, je pense, a facilité mon intégration bien que je sois, me semble-t-il, quelqu’un de sociable. De plus, j’ai très rapidement été considérée comme une collègue à part entière et tous m’ont tout de suite appelée par mon prénom et non «la stagiaire». Seul les primo-arrivants m'appelait « maîtresse ».
En ce qui concerne mon intégration parmi les enfants, j’éprouvais, au départ, une certaine appréhension quant à leur comportement étant donné que la plupart ne parlait pas ou très peu le français. Je fus tout de suite acceptée par les enfants les plus jeunes qui m’ont d’emblée considéré comme une grande sœur ainsi qu’une source potentielle de câlins. Je rencontrerais quelques obstacles avec une petite fille (qui fera l'objet d'étude de mon cas) c'est d'ailleurs au fur et à mesure de nos activités communes et des moments partagés, qu'elle m'acceptera. 
Par ailleurs, d’aucuns ont fait preuve envers moi d’un grand besoin d’affection imputable, selon moi, aux carences affectives dont ils souffrent. Face à cela (câlins, bisous,…), ma réaction a été de ne pas les repousser car j’estime que s’ils en ont besoin, ils ne doivent pas en être privés. J’ai cependant mis des limites car ce n’est pas mon rôle, je ne suis pas leur mère et que je dois me protéger pour ne pas m’investir affectivement de façon excessive. Je pense qu’il faut pouvoir être « à l’écoute » de ce que l’on ressent par rapport à ces situations afin d’éviter tout débordement.
Enfin, je considère avoir parfaitement réussi mon intégration au sein de l’équipe qui, finalement me considérait comme l’un de ses membres mais aussi parmi les jeunes qui, finalement, semblaient pour la plupart, très attachés à moi (mon départ fut d’ailleurs douloureux pour certains…). Leur spontanéité est très expressive, très parlante c’est pourquoi je ne pense pas me tromper.

 

ETUDE DE CAS

 
Anamnèse et situation de prise en charge.
 
Cette étude de cas concerne un enfant dont j’ai assuré un suivi (entretiens,) durant toute la durée de mon stage et que j’appellerai Sarra. Elle est née en 2002 et est donc âgé de 6ans l'année où j'ai effectué mon stage.
 
La rencontre avec Sarra et Salim: des jumeaux
 
Nous étions dans le bureau du directeur avec l'enseignante de la classe CLIN Mme BEROUD pour accueillir des nouveaux enfants ( le directeur étant absent ce jour-là pour maladie). En arrivant, les deux enfants étaient accompagnés de leur père, tous trois étaient bien habillés, Salim donnait la main à son père, mais Sarra était caché derrière celui-ci. La petite fille avait toujours la tête baissée contrairement à son frère qui regardait partout autour de lui.
Mme BEROUD l'enseignante de la classe CLIN se présente et me présente également en expliquant ma présence et en demandant au père si cela ne le dérangeait pas que je puisse rester, celui-ci répondit que non. En début d'entretien, l'enseignante recueille tous les renseignement administratifs (adresse, lieux et date de naissance … etc …), puis elle donne les premières informations indispensables pour que les deux enfants puissent bien commencer leur scolarité. Elle leur explique que dans un premier temps qu'ils seront inscrit dans deux classes: la CLIN pour l'apprentissage de la langue française et leur classe d'âge c'est à dire en Cours Préparatoire pour les autres enseignements tel que les mathématiques, la musique, le sport... et ensuite quand leur niveau de français sera nettement meilleure ils pourront intégrer totalement leur classe d'âge. Le père traduit à ses enfants, mais j'ai remarqué que pas une fois il avait lancé un regard à sa fille, il ne regardait que son fils. Comme j'avais la chance de comprendre la langue, je savais qu'en s'adressant à eux ils leurs parlaient pourtant à tous les deux car ils employaient le pluriel. 
Sarra et Salim âgés de 6ans n'ont pas de frères et sœurs. Ils sont nés en Algérie et sont arrivés en France en été 2007. Leurs parents sont divorcés: ils ont du quitter lepays,car leur mère est décédé et sont donc venus s'installer avec leur père qui a immigré en France où il s'est remarié. 
Au cours de mes conversations avec Sarra, j'apprendrais que la petite fille a toujours eu de très bons rapports avec sa mère, elles étaient très proches contrairement avec son père qui a l'air d'être sévère avec sa fille (je n'ai pas eu plus ample informations quant au commencement de ce type de relation). La séparation prolongée du père avec les enfants, hormis quelques retours au pays natale pendant les vacances, fait que celui-ci ne connait pas bien ses enfants et a du mal à établir une relation père/enfant, surtout avec Sarra.
Le père parle correctement le français, il est très attentif aux renseignements que lui fournit l'enseignante. Il pose des questions, n'hésite pas à interrompre s'il ne comprend pas quelque chose. Ensuite nous faisons une visite de l'école et nous terminons par leur classe CLIN: lieu où il vont passer beaucoup d'heures. Salim entre et regarde, Sarra se cache toujours derrière son père, d'ailleurs durant toute la visite Sarra s'est senti mal à l'aise, dans une insécurité totale, car elle n'a pas lâché la main de son père. Ce pressentiment s'est avéré exacte car lorsque c'était l'heure pour le père de partir Sarra s'est mise à pleurer. Face à cette situation , je ne savais quoi faire, mais j'avais envie de la prendre et de la serrer dans mes bras pour l'envelopper, la contenir afin de la rassurer. La séparation avec son père était très difficile pour cette petite fille qui n'a pas l'air de se sentir en sécurité ( pourtant elle n'est pas seule puisque son frère est là). Le père a dû hausser la voix pour que Sarra finisse par accepter son départ.
Quand Sarra est rentrée en classe, elle n'est pas contente, elle boude, d'ailleurs elle mettra du temps pour s'installer donnant l'impression de ne pas vouloir rester. Elle se décide à s'installer et comme son frère, elle sort tous ce qu'il y a dans son cartable: une trousse et un cahier. Sarra et Salim sont venus à l'école avec un cartable neuf. Les enfants se trouvent face à la maitresse qui se présente à nouveau et me présente également. Je ne pense pas qu'il ai réellement compris ma présence et mon statut, d'ailleurs cette information se confirmera plus tard lorsqu'il m'appelleront « maîtresse ». 
Pendant que Mme Beroud fait les présentations, j'observe avec une grande attention cette petite fille et ce qui m'a frappé le plus ce jour-là, la première fois que je l'ai vu, c'est son physique et sa grande cicatrice sur la main droite. Elle est mince et donne l'impression qu'elle ne se nourrit pas. Son visage n'exprime jamais d'émotion, on ne sait pas si elle est triste ou si elle est contente: elle a souvent le regard plongé dans le vide. J'ai su plus tard que Sarra avait été victime d'un traumatisme. En effet, elle a vu sa maison familiale bruler d'où sa blessure à la main. Sarra porte ce deuil psychologiquement et physiquement. 
Dès leur arrivé en classe, l'institutrice commence à évaluer leur niveau de compétence en langue française. De mon côté, j'essayais d'apprivoiser le regard de cette petite fille, de lui sourire mais elle ne renvoyait un visage froid toujours sans expression, figé. Elle était totalement indifférente à mes sollicitations contrairement à son frère qui ne cessait de me regarder et de me sourire. Cette situation me frustrait énormément.
Puis retentit la cloche (chose qui fit sursauter Sarra et Salim) pour signaler l'heure de la récréation et l'enseignante leur explique qu'il est l'heure d'aller à la récréation pour aller s'amuser et pour voir les autres enfants, Salim tout excité est très content et se précipite dans le couloir, prend sa veste et courre en direction de la cour. Pour Sarra, les choses semble plus compliqué, elle hoche la tête pour nous dire qu'elle ne souhaite pas sortir, mais l'institutrice n'est pas d'accord et lui explique qu'il faut qu'elle y aille, qu'il y a pleins de petites filles et de petits garçons avec qui elle pourra s'amuser. Cependant les arguments de Mme BEROUD ne la convainc pas, bien au contraire car celle-ci se met tout à coup à pleurer. Ne sachant quoi faire et sans réfléchir je proposais a Sarra de l'accompagner dans la cour et de rester avec elle. Etant donné qu'elle m'avait totalement ignoré durant toute la séance j'étais persuadé qu'elle allait refuser, mais non elle sécha ses larmes me tendit la main pour me monter qu'elle acceptait. A cet instant là, je me suis sentie reconnue, plus précisément j'avais besoin de ressentir une impression d'être reconnue, c'était peut-être pour cela que j'ai suggéré cela.
Sarra m'a fait ressentir du rejet et je n'arrivai pas à l'accepter, j'ai donc maintenu un effort « relationnel ».Durant toute la récréation Sarra ne m'a pas lâché la main et a refusé tout contact avec les autres élèves qui ont pourtant tenté à plusieurs reprises de lui parler, de lui proposer de jouer avec eux, mais sans succès Sarra refusait toujours. J'ai vu que durant toute la récréation , elle avait caché son autre main dans la poche, main qui avait la cicatrice. Sarra a commencé a me parler en arabe et m'a avoué que sa maman lui manquait énormément ainsi que ses copines d'Algérie. J'ai essayé de la rassurer en lui disant que tout allait bien se passer et qu'elle aura aussi des amis ici.
La fin de la récréation arriva, l'expression du visage de Sarra montrait un grand soulagement. J'avais remarqué que c'était très dure pour cette petite fille de se retrouver dans un nouveau pays, avec une nouvelle école, entouré de nouvelles personnes, il y avait trop de changement d'un coup.
En classe, l'institutrice me demanda comment cela s'était passé, puis on commença le cours. Elle explique l'exercice qui consiste à travailler sur le vocabulaire des fruits et légumes, elle pose donc sur la table pleins de fruits et légumes en plastique et deux paniers. Et pour bien être sûre que les 2 enfants ont compris elle prend un une banane et le met dans le panier de gauche car c'est un fruit puis prend un poivron et le met dans le panier de droite car c'est un légume, l'objectif étant qu'il savent faire la différence entre les fruits et les légumes et qu'ils savent les nommer. Assis autour d'une table ronde, les enfants commencent à jouer et c'est Salim qui se lance le premier. J'observe Sarra et je remarque que depuis le début elle a ses mains en dessous de la table, comme si elle ne voulait pas qu'on voit sa brûlure. Quand arrive son tour, elle fixe l'orange pendant quelques temps, sans la prendre et l'institutrice lui dit «Allez Sarra c'est à ton tour, choisi et dis nous dans quel panier tu le mets», Sarra ne bouge toujours pas. Je la vois fixer l'orange et j'ai l'impression qu'elle sait que cet objet en plastique est un fruit. Je vois que ces mains sont toujours sous la table et qu'elle les sert très fort. Puis avec les encouragements répétés de l'institutrice Sarra fini par sortir sa main gauche, elle prend rapidement l'orange et la met dans le panier à fruit, puis me regarde et me fait un sourire et je lui souris également. Durant toute cette activité ludique, Sarra s'en est très bien sortie, mais sa main droite est restée tout le long caché sous la table.
 
 
Suivi personnel
 
Lorsque j'ai proposé à Sarra de se voir régulièrement pour « parler », (une fois par semaine mais à tout moment, si elle en éprouvait le besoin), elle fut d’emblée d’accord, « Très vite l’enfant est étonné de la considération qu’on lui porte. Il y a là un adulte qui est à sa disposition, qu’il ne partage pas avec ses frères et sœurs ou ses camarades de classe. Il peut se montrer preneur de cette « relation professionnelle » qu’on lui offre et en faire usage pour une communication inhabituelle, profonde. » (Chiland, C., 1983).Lors des entretiens je parlais en français d'une part et si elle ne comprenait pas je lui parlais en arabe.
 
Nous avons donc programmé une première rencontre avec l'accord bien sûre de l'institutrice qui s’est déroulée à la BCD qui en faite est une grande pièce. Au préalable, elle me demanda si j’étais d’accord pour qu'on puisse terminer un jeu que l'on avait commencé avant la récréation. Je marquai mon accord. J’ai commencé par lui demander si elle désirait me parler de quelque chose en particulier ce à quoi elle répondit par la négative. J’ai alors décidé de lui parler de banalités afin d’installer un climat de confiance. « Tout examen doit ainsi commencer par un « bavardage » familier, de contenu en général banal, visant à sécuriser l’enfant, à dédramatiser la situation, à gagner sa confiance et sa collaboration ». (Perron-Borelli, M., Perron, R., 1973). Malgré cela, notre conversation resta très superficielle et Sarra ne répondait à mes questions que de façon très brève et toujours superficiellement. J’avais compris que son objectif principal était le jeu que je lui avais promis plutôt que notre conversation. J’ai donc décidé de ne pas insister et nous avons entamé une partie qui m’a toutefois permis d’observer qu’elle aimait mettre en exergue ses connaissances générales afin d’être valorisée par l’adulte et qu’elle voulait gagner à tout prix, même s’il fallait tricher pour y parvenir.
 

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