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Vivre En Ville Au Xviiie Siècle

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si à des immigrés venus des campagnes françaises. Ce phénomène se retrouve à Paris, Bordeaux, Nantes, Lyon ou encore Marseille. Ces commerces florissants font la fortune de nombreux artisans au cours du XVIIIe siècle, on assiste à un renouvellement très important de la bourgeoisie industrielle. Les profits potentiels séduisent aussi une noblesse entreprenante. Dans certaines villes, comme à Sedan, les activités deviennent extrêmement concentrées. On trouve, selon des registres datant de 1723 et 1750, 114 fabriques de textiles pour la première date et seulement 33 pour la seconde, pour un chiffre d’affaires total multiplié par cinq. Dans les villes portuaires, l’essor économique est spectaculaire. C’est l’augmentation du trafic maritime mondial et la densification des échanges internationaux qui sont les principaux responsables. On observe dans les villes portuaires un brassage important de populations différentes ; ces villes sont en quelque sorte mondialisées à cause de leurs activités. Dès lors, la géographie des villes se transforme ; les artisans se regroupant au cœur des villes tandis que les logements s’étalent en périphérie.

Depuis le Moyen Âge, les villes sont entourées de remparts. Au XVIIIe siècle, ces structures sont bientôt considérées comme archaïques, puisqu’elles n’ont plus beaucoup d’utilité et entravent la croissance des villes, qui ne demandent qu’à s’étirer toujours plus. Les travailleurs émigrant des campagnes se rassemblent dans les faubourgs, celui de Paris étant le plus important. Cette transformation entraîne de nombreux problèmes pour la vie urbaine, notamment fiscaux. À Paris, en 1784, le mur des Fermiers Généraux est mis en place. Ceux-ci doivent prélever un impôt sur toutes les marchandises qui transitent entre Paris et son faubourg. Les populations des plus pauvres doivent donc, en plus d’impôts, s’acquitter de taxes dont sont exemptés les parisiens. Par ailleurs, l’immobilier parisien n’est pas bon marché. La pression démographique provoque, dans de nombreuses villes, une forte hausse des prix immobiliers, et l’écart avec les campagnes s’accroît là-aussi considérablement.

La croissance démographique rurale que l’on observe tout au long du XVIIIe siècle, durant lequel la population de la France augmente très fortement, joint aux opportunités urbaines, alimente l’exode rural. À Paris, on observe que les immigrés sont souvent jeunes. Le recensement de Dijon mené à la fin du XVIIIe siècle montre que les jeunes migrants de 15-30 ans sont surreprésentés et les femmes beaucoup plus nombreuses que les hommes. Il ressort de ces évolutions économiques de profonds changements sociaux.

Grâce à l’essor des affaires, les villes sont le lieu où se font et se défont les fortunes. Dès lors, les disparités sociales sont largement amplifiées en ville, comparé aux campagnes dans lesquelles les écarts de richesses sont beaucoup moins marqués. En étudiant les élites urbaines, on remarque que les apports au mariage croissent de manière quasi-générale tout au long du siècle, ce qui est le signe d’un enrichissement des élites. En moyenne, la valeur des apports observés dans les contrats de mariage est de 61 050 livres en 1701 et de 260 712 livres en 1786 à Angers. Les bénéfices de l’essor économique ont toutefois moins profité aux travailleurs des villes qu’aux élites, mais une frange bourgeoise aisée a pu tirer son épingle du jeu, ce qui lui permet de s’adonner à de nouvelles consommations, notamment alimentaires.

Ces catégories sociales urbaines enrichies sont en effet de plus en diversifiées dans leurs dépenses alimentaires. Dans certaines villes moyennes, de nouveaux corps, jusqu’alors exclusivement installés à Paris, Lyon, Marseille ou Bordeaux, s’installent dans de nombreux villes moyennes. Des pâtissiers, des fromagers, des marchands de confiture, s’installent à mesure que la demande se fait de plus en plus variée. La consommation alimentaire populaire, quant à elle, reste marquée, même en ville, par une très forte prépondérance du pain, mais les disparités sont très fortes en fonction des villes. Bordeaux est réputé au XVIIIe siècle pour ses salaires élevés, tandis que Rouen l’est également pour ses salaires faibles. Les plus pauvres bénéficient néanmoins dans les villes de la politique d’assistance, renouvelée par le général Laverdy. Par ailleurs, les concentrations démographiques très fortes des villes diversifient les lieux de sociabilité.

Le mouvement des créations d’académies s’élargit au cours du siècle des Lumières, la « bonne société » décrite par Mercier s’y retrouve. Dans ces lieux de partage qui sont aussi des lieux de rencontre, s’acquièrent et se complexifient les codes sociaux nécessaires pour bien paraître et pour se distinguer du peuple. Des essais littéraires sont lus, des poèmes sont déclamés ; épitres, éloges ou odes sont échangés. Les académies organisent des concours très populaires. Jean-Jacques Rousseau devient célèbre en remportant celui de Dijon en 1750 avec son Discours sur les sciences et les arts. Dans les salons, les élites se côtoient également. Toutes les villes de province en ont ; on en trouve à Paris, Lyon, Marseille, Nantes, Lille, Rennes. À Bordeaux, Mme Duplessy reçoit dans son hôtel toute la bonne société. Dans les milieux populaires, on ne trouve ni académie, ni salon, mais des cafés, des tavernes et des cabarets, dont le nombre explose tout au long du XVIIIe siècle. À Paris, on en trouve 5000 en 1710. S’y retrouvent principalement les hommes, et les femmes se retrouvent au lavoir, où elles échangent beaucoup. Tous ces lieux de sociabilité ont bien évidemment des conséquences importantes. On assiste bientôt à la naissance d’une opinion publique dans les villes qui sera déterminante pour les années et les siècles à venir.

Après un siècle d’absolutisme monarchique ayant abouti à l’écrasement des autonomies urbaines, l’assouplissement royal au XVIIIe siècle détend les relations entre l’État et les villes. Mais la contestation des autorités s’accroît à mesure que l’opinion publique se forge dans la rue. La production imprimée qui avait explosé au XVIIe siècle et qui s’intensifie au XVIIIe siècle ne fait qu’accélérer le processus inéluctable. Le pouvoir royal instaure un système de censure administrée. Certains livres obtiennent un « privilège », une « permission tacite » ou une « permission simple ». Les autres sont systématiquement rejetés, et ce sont souvent la majorité des ouvrages. Mais en réalité, le marché clandestin est très ouvert. Des livres entrent dans le Royaume par contrebande et sont importés en masse dans les villes. Le citadin qui le désire peut très facilement obtenir des ouvrages. On trouve aussi une presse de ville, qui relate le plus souvent les événements locaux. Si l’on ajoute à cela le succès des collèges et la croissance des taux d’alphabétisation, l’opinion publique

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