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1Er Gueere Mondiale

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s, leur cœur. Et voilà qu’aujourd’hui j’ai le couteau à la main. L’eustache de Bonnot4. « Vive l’humanité ! » je palpe une froide vérité sommée d’une lame tranchante. J’ai raison. (…) Me voici les nerfs tendus, les muscles bandés, prêt à bondir dans la réalité. J’ai bravé la torpille5, le canon, les mines, le feu, les gaz, les mitrailleuses, toute la machinerie anonyme, démoniaque, systématique, aveugle. Je vais braver l’homme. Mon semblable. Un singe. Œil pour œil, dent pour dent. A nous deux maintenant. A coups de poing, à coup de couteau. Sans merci. Je saute sur mon antagoniste. Je lui porte un coup terrible. La tête est presque décollée. J’ai tué le Boche. J’étais plus vif et plus rapide que lui. Plus direct. J’ai frappé le premier. J’ai le sens de la réalité, moi, poète. J’ai agi. J’ai tué. Comme celui qui veut vivre. »

Blaise Cendrars6, J’ai tué, 1918.

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Le « nettoyage des tranchées » désigne la phase finale d’une offensive victorieuse : des soldats sont désignés pour aller « liquider » les derniers soldats ennemis encore réfugiés dans une tranchée qui vient d’être prise. 2 Grenade à base d’acide. 3 Dans le langage familier, couteau de poche servant d’arme. 4 Gangster célèbre de l’époque. 5 Obus à ailettes tiré depuis une tranchée avec un mortier. 6 Blaise Cendrars (1887-1961) est un écrivain d’origine suisse, naturalisé français en 1916. Quand la guerre éclate en 1914, il lance un appel aux artistes étrangers qui vivent en France pour qu’ils s’engagent comme volontaires dans la Légion étrangère. Il combat jusqu’à sa blessure en 1915 qui lui vaut d’être amputé d’un bras. J’ai tué est un récit de son expérience sur le front, publié en 1918.

Corrigé du sujet

(Analyse plus développée que ce que l’on attend dans le cadre d’une épreuve d’une heure. Je l’ai détaillée pour mieux vous montrer ce que l’on attend, en particulier la manière de passer des citations aux connaissances qui les expliquent) La propagande insistait sur l'héroïsme des "braves Poilus" qui défendaient la patrie, mais les écrits de certains soldats après la guerre donnent une vision tout autre de la réalité des combats. C'est la cas de ce texte, un témoignage de guerre extrait de J’ai tué, écrit par Blaise Cendrars, écrivain d’origine suisse, naturalisé français en 1916. Quand la guerre éclate en 1914, il lance un appel aux artistes étrangers qui vivent en France pour qu’ils s’engagent comme volontaires dans la Légion étrangère. Il combat jusqu’à sa blessure en 1915 qui lui vaut d’être amputé d’un bras. J’ai tué est un récit de son expérience sur le front, publié en 1918. Cet extrait est particulièrement riche car il évoque à la fois le caractère total de cette guerre et la brutalisation des comportements qu’elle a engendré. Blaise Cendrars évoque le caractère total de la guerre, des lignes 3 à 8. Il insiste d’abord sur sa dimension industrielle : « C’est à ça qu’aboutit toute cette immense machine de guerre », en parlant des « usines » et des « mines » qui tournent à plein régime pour répondre aux commandes militaires. C’est non seulement l’économie des pays belligérants qui est mobilisée, mais aussi celle de leurs colonies : « sur toute la surface de la terre, on ne travaille que pour moi » ; « mille millions d’individus m’ont consacré toute leur activité d’un jour… ». Cette économie de guerre repose sur la mobilisation des civils, « ouvriers », « paysans », et « femmes [qui] se crèvent dans les usines ». Des femmes qui jouent également un rôle important pour soutenir le moral des soldats : les « âmes [qui] prient » sont une allusion aux prières des mères et des épouses. L’auteur cite aussi les « marraines [qui] écrivent des lettres » : par leurs lettres et leurs colis, ces femmes jouent en quelque sorte le rôle de soutien affectif d’une épouse pour les soldats issus de la France du Nord et du Nord-Est qui, en raison de l’occupation allemande, ne peuvent plus communiquer avec leur famille. Cette mobilisation des civils résulte notamment de la propagande. En effet, la foule des grandes villes se rue au ciné et s’arrache les journaux » : la presse et les actualités cinématographique étaient sous le contrôle des service de propagande qui censuraient toute mauvaise nouvelle relative au déroulement des combats et veillaient à entretenir le sentiment patriotique et la haine de l’ennemi, du « Boche » évoqué par l’auteur. Le récit de Blaise Cendrars vise en effet principalement à décrire son état d’esprit pendant les combats. Il évoque, à travers une énumération des armes utilisées, les combats d’une extrême violence qui caractérisent une offensive dans le cadre de la guerre de position : le « canon », tirant des obus de plus en plus gros et des obus à « gaz » asphyxiants pour affaiblir au maximum les lignes ennemies avant l’assaut de l’infanterie. Des lignes ennemies défendues par des champs de « mines », par le « feu » des « mitrailleuses » et par les « torpilles » tirées par des mortiers depuis les tranchées. Mais au-delà de cette « machinerie anonyme, démoniaque, systématique, aveugle », l’auteur s’attarde sur le nettoyage des tranchées (ligne 1) qui désigne la phase finale d’une offensive victorieuse : des soldats sont désignés pour aller « liquider » les derniers soldats ennemis encore réfugiés dans une tranchée qui vient d’être prise. Il s’agit donc de combats qui peuvent se terminer au corps à corps, d’où la distribution de « couteaux à cran ». C’est surtout cette expérience que l’auteur relate.

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