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Commentaire Zone d'Apollinaire

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ntituler Eau de vie. Ce n’est qu’au dernier moment que le titre sera changé, en même temps que seront ajoutés les deux textes les plus récents « Zone », placé au début du recueil et « Vendémiaire » placé en dernier. Même s’il règne un désordre apparent et si l’on ne note pas d’unité de ton, on remarque que ce recueil est composé de façon cohérente autour du symbole du phoenix.

Il est intéressant de remarquer qu’Apollinaire choisit de commencer son recueil avec le poème « Zone ». C’est un texte fondamentalement novateur : par son thème (la ville, la tour Eiffel, les affiches publicitaires...), par son écriture (vers libres et absence de ponctuation), par sa longueur inusitée, par son propos (qui mêle le récit de 24 heures dans une vie et les souvenirs de toute une vie). En fait « Zone » est une sorte de manifeste à tonalité pessimiste. Il est l’expression d’obsessions non résolues qui ne trouveront de solution que dans le dernier texte du recueil « Vendémiaire » (cf. La résurrection du Phoenix).

[2ème version pour présenter le poème : Le poème « Zone » a été écrit en 1911. Il est le dernier texte sur le plan chronologique et le premier dans le recueil. Cela montre qu’il joue un rôle clé de « poème manifeste ». Il est une vision du travail de création du poète. En écho « Vendémiaire » à la fin du recueil possède le même thème et la même fonction. C’est un poème sur la modernité. L’apparence est décousue et surprenante. On y note de nombreux éléments autobiographiques. Il raconte l’échec de la transformation du poète dans l’expérience de la création. Le poème se compose de vers libres et d’images surprenantes.]

Axes de lecture :

I) Le rejet des valeurs passées

II) Un appel à la modernité

I) Le rejet des valeurs passées

1) Un état de fermentation

Le poème commence par un vers qui est une véritable provocation. En effet, il discrédite le « monde ancien » et en même temps compose ce vers de la façon la plus traditionnelle : C’est un alexandrin avec diérèse + assonance en [Ε®] et allitération en [s] : « A/ la/ fin/ tu/ es/ las// de/ ce/ mon/de an/ci/en/ ». Ce paradoxe se justifie dans la mesure où il marque un désir qui n’est pas encore réalisé(⌠ la volonté de voir apparaître un monde nouveau qui n’existe pas encore)

Ce désir de voir changer le monde ramène le lecteur au titre Alcools qui évoque la fermentation, la transformation en autre chose (cf. thème du phœnix).

Ce premier vers crée aussi un effet de surprise (image choc) dans la mesure où ses premiers mots (et donc les premiers du recueil) sont « A la fin ». L’expression ne fait que renforcer le sentiment que l’on est sur le point de voir apparaître un nouveau monde. (De même l’expression « le matin » au v.2 /v.11 /v.15 insiste sur cette volonté de renouvellement)

2) Des valeurs dépassées :

Le poème est une remise en cause des valeurs passées à une époque où le « néo classicisme » est encore en vogue. V.3 : « tu en as assez de vivre dans l’antiquité grecque et romaine » ⌠ tu en as assez de vivre à une époque où l’on préfère les modèles anciens plutôt que de chercher à innover. [Apollinaire a souvent reproché à l’art de n’être qu’une imitation]

Dans le v.4 Apollinaire va même jusqu'à accuser « les automobiles » pourtant à la pointe de la technologie de l’époque, d’avoir « l’air d’être anciennes » elles aussi. Simple boutade ? A moins que pour le poète le renouvellement ne soit que dans ce qui n’existe pas encore.

3) Le poids des souvenirs

Si cette modernité à laquelle le poète aspire ne peut encore se réaliser, c’est peut-être parce qu’elle est gênée par le poids des souvenirs.

En effet, dans les vers 9 et 10 le poète fait part de ses remords « la honte te retient ». Sans entrer dans les détails le poète fait allusion à un passé trop lourd dont il ne parvient pas à se détacher. Les deux vers renvoient à l’idée de péché : « honte », « église », « confesser »

On note un deuxième champ lexical celui du regard avec « les fenêtres » ⌠ regards des autres sur soi, regard du public. Là encore , on en retient la peur d’être jugé.

Poids des souvenirs ou difficulté à être pleinement soi-même, le poète a du mal dans son poème à parler de lui. On remarque que dans certains vers (1-3-9-10), il est question de lui à la deuxième personne du singulier, alors qu’au vers 15 le « je » réapparaît. Il semble qu’il réapparaisse lorsque le poète n’essaie plus de parler de ses sentiments (trop délicat) mais se contente d’observer le monde (regard neutre).

II) Un appel à la modernité

1) Une religion toujours jeune

La religion a un statut paradoxal dans ce poème. Elle est à la fois signe du passé comme nous l’avons vu mais elle est aussi ce qu’il y a de plus moderne.

Le v.5 serait incompréhensible si l’on ne songeait que la religion étant liée à l’enfance du poète, elle se trouve aussi d’une certaine manière liée à la jeunesse ⌠ La religion est jeune car elle appartient au domaine de l’enfance.

On note ce vers 5 encadré par le mot « religion » ⌠ vers symétrique et sonorité neuve/seule. Le pivot central du vers = « est restée ». Renforce à l’extrême l’impression d’une religion immuable. (immuablement neuve)

Aux v.7/8 Apollinaire poursuit sa description d’un christianisme toujours jeune. La référence au pape Pie X ne manque pas de surprendre ayant été l’un des papes les plus rétrogrades de l’histoire.

On note la construction en parallèle des deux vers : Europe v.7 / Européen v.8

pas antique / le plus moderne

christianisme / Pape pie X

Au v.6 l’image devient saugrenue en comparant la religion à l’aviation. Modernisme extrême ? [Elle permet néanmoins de préparer la comparaison plus loin dans le poème entre le Christ et l’aviateur (v.40-41). A la limite d’être iconoclaste.]

2) Hommage à la ville moderne

Par son titre « Zone » le poème évoque un contexte urbain. En général le terme possède une connotation négative désignant un lieu aux contours mal définis. Ici, il est positif comme on le voit avec l’évocation v. 15 d’« une jolie rue dont j’ai oublié le nom ». Cette rue n’est pas située dans d’anciens quartiers élégants au passé historique chargé mais dans un quartier industriel récent : v.16 « neuve et propre ». [v.24 « l’avenue des Ternes » se trouve à l’extrême ouest de Paris, presque en banlieue]. De même, v.6 « les hangars de Port-Aviation » renvoient à un Paris de banlieue dont la connotation reste positive.

Le texte décrit les aspects les plus modernes de la ville. Ainsi au v.2, on note une métaphore sur la tour Eiffel, gardienne des ponts de Paris. Cette tour est à l’époque encore très récente (exposition universelle de 1889 et le texte date de 1912 ou 1913) et elle suscite de nombreuses polémiques étant jugée d’une esthétique douteuse. [ cf. Cocteau Les mariés de la tour Eiffel]. Il est donc intéressant que, pour définir la modernité, Apollinaire choisisse une symbole aussi controversé. (Elle représente peut-être Apollinaire lui-même seule figure moderne dans un monde dépassé.)

Enfin la ville devient moderne dans son activité industrielle et tertiaire : v.17-18 et son charme tient dans le va et vient régulier d’une population active. On note l’énumération exacte des passages selon les heures et les jours. La régularité du vers en renforce l’effet.

Apollinaire prend également plaisir à énumérer les activités humaines modernes «

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