DissertationsEnLigne.com - Dissertations gratuites, mémoires, discours et notes de recherche
Recherche

La Vie Heureuse n'Est Elle Qu'Une Succession De pLaisir

Mémoires Gratuits : La Vie Heureuse n'Est Elle Qu'Une Succession De pLaisir. Rechercher de 53 000+ Dissertation Gratuites et Mémoires
Page 1 sur 7

être conçu. Comme l'estime Épicure, le plaisir d'ordre physique constitue la première et la plus forte expérience de satisfaction dans notre vie. Pourquoi ne servirait-elle pas de référence ensuite pour tout ce qu'on appellera bien ou bonheur ?

C'est aussi ce que montre Freud en établissant que tous les plaisirs viennent d'un même type de pulsion initiale, la libido, donnant lieu à tous les plaisirs d'ordre directement sexuels, mais aussi aux autres. Or le principe de plaisir qui régit la libido consiste à obtenir le plus vite le plus grand nombre de plaisirs possibles. Cela apparaît par exemple dans le fantasme d'une vie sexuelle effrénée, où l'on multiplie les partenaires et les prouesses. La succession des plaisirs, rêvée ou vécue, semble donc servir à nous donner l'idée du bonheur.

3. La définition du malheur

Inversement, en quoi consiste une vie malheureuse si ce n'est une accumulation de déplaisirs, sous la forme de déceptions amoureuses, de souffrances, etc. ? L'histoire de certains SDF ayant successivement subi le chômage, puis le divorce, puis la déchéance financière et quotidienne illustre ce phénomène. Quand Aristote affirme dans l'Éthique à Nicomaque, livre I, chap. 9, qu'un homme pauvre et endeuillé ne peut être heureux, il reprend aussi cette idée.

Ce qui suppose, conformément à l'étymologie du terme bon-heur ou mal-heur qu'il y ait une part de chance (heur veut dire chance) dans la vie heureuse. Quelqu'un qui accumule les éléments favorables, enfants en bonne santé, réussite financière et conjugale, etc., semble le plus heureux possible : cela ressemble au tirage d'un jeu de hasard. La succession des bons numéros fait le bonheur final.

En même temps, un homme en situation apparemment heureuse peut avoir connu des périodes de souffrances pour obtenir cela, et il ne l'a pas obtenu par chance uniquement. Le bonheur ne consiste donc pas uniquement à accumuler les plaisirs. Sinon à quoi ressemblerait-il ?

II. Le malheur du plaisir

1. Le plaisir et le souverain bien

En raisonnant par l'absurde, on voit qu'en additionnant les plaisirs, ce n'est pas n'importe quel type de vie que l'on choisit, si on le fait délibérément. S'il s'agit d'accumuler les plaisirs, sans limite ni arrêt, la vie de débauche est en effet la meilleure possible. Celle où l'on essaie tous les plaisirs, même artificiels, même nuisibles à la santé ou, pire encore, contraires à la morale la plus élémentaire. Une succession de plaisirs, cela peut être aussi ce que recherche le tueur en série psychopathe.

C'est ce que clarifie Aristote en distinguant le plaisir du bien. Selon lui, personne ne choisirait de commettre des actes répugnants, même s'il devait en résulter du plaisir. Il y a donc une priorité autre que celle de la pure succession des plaisirs. Il faut chercher quel est le bien souverain, c'est-à-dire celui qui l'emporte en qualité, en excellence sur tous les autres et ce bien-là ne semble pas être le plaisir en lui-même. Ou, dit autrement, si le bonheur est le bien souverain, parfait et complet, ce n'est pas uniquement par l'accumulation de plaisirs qu'il se définit.

2. Le plaisir source de malheur

On pourrait même accuser le plaisir de nous amener dans une voie contraire au bonheur. Des exemples sont célèbres : le goût immodéré d'Harpagon pour l'argent dans L'Avare de Molière, celui d'Alexis Ivanovitch pour le casino dans Le Joueur de Dostoïevski, ne rendent pas ces personnages heureux, et pourtant c'est le principe même de l'accumulation sans frein qui est suivi.

De façon plus générale, tout objet dont la quantité est illimitée devient, ainsi que le remarque Épicure, un obstacle au bonheur, car le désir s'alimente sans cesse mais sans jamais être comblé, à l'image du tonneau des Danaïdes. Cela crée un état passionnel où rien d'autre ne compte mais où ce qui est compté ne suffit pas.

3. La vertu contre le plaisir

S'en remettre aux plaisirs, c'est aussi prendre le risque, comme le résume Sénèque dans De la vie heureuse, de dépendre du cours des choses extérieures, puisqu'il faut que ce dernier nous soit toujours favorable. Souhaiter accumuler les signes extérieurs de réussite et de « bonheur » par exemple, fait dépendre de l'opinion des autres. Le marketing moderne a très bien exploité cela.

Pour obtenir un bonheur réel, il faudrait au contraire développer la vertu, c'est-à-dire la maîtrise de ses inclinations et de ses jugements, comme le promeut la philosophie stoïcienne. Le sage cherche non pas le plaisir mais la vertu. Comme le dit Sénèque, « son vrai plaisir est le mépris des plaisirs ».

Il est question cependant de « vrai plaisir ». Peut-on en effet définir le bonheur sans faire référence au plaisir ? C'est paradoxal, voire impossible à mettre en œuvre, car n'est-ce pas toujours le plaisir que nous recherchons ? Dans ce cas, quel autre principe doit-on substituer à la succession ou à l'accumulation ?

III. La maîtrise et la surprise du bonheur.

1. Succession sans satisfaction

La succession fait abstraction des ambiguïtés du désir. Ce dernier manifeste d'abord un manque. Il est voué à disparaître dès qu'il est satisfait. Mais si on accumule indéfiniment les plaisirs, c'est parce que la satisfaction d'un désir n'est pas suffisante. Or quelle est la limite ? N'est-on pas toujours à désirer autre chose que ce qu'on a ? Le simple fait qu'il y ait succession de plaisirs montre qu'il n'y aura jamais bonheur.

C'est toute la vision pessimiste de Schopenhauer, pour qui une vie vouée à la recherche permanente de plaisirs est vouée à « osciller entre l'ennui et la souffrance ».

2. Qualité ou quantité ?

La succession pure fait abstraction des qualités différentes de plaisir. La question du souverain bien montre qu'il existe au contraire différents types de plaisir, que les plaisirs diffèrent en qualité au point que l'on en sacrifie certains au profit d'autres, jugés plus importants, ou comme le remarque Mill,

...

Télécharger au format  txt (9.9 Kb)   pdf (94.7 Kb)   docx (9.1 Kb)  
Voir 6 pages de plus »
Uniquement disponible sur DissertationsEnLigne.com