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Berbere

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de dire qu'elle en a eu trop, d'où une confusion qui déroute parfois l'historien ou le géographe.

L'instabilité politique du pays et l'humeur turbulente de ses habitants, au cours des siècles passés, ne lui ont permis que tardivement d'en fixer quelques-uns qui ont aujourd'hui une assez large audience. Citons notamment Afrique du Nord (par opposition sans doute à Afrique du Sud) qui a été adopté par tous les géographes français et quelques historiens et Berbérie adopté par les historiens et les ethnographes. La Berbérie est, évidemment, le pays des Berbères, ethnique désignant les habitants indigènes; nous verrons plus loin l'origine de ce mot.

Parmi les autres noms qui ont servi à désigner l'Afrique du Nord et qui n'ont plus cours, le plus anciennement connu est certainement Libye ou Libya, employé par les auteurs grecs (Homère, Hésiode, Hérodote et les géographes jusqu'à Strabon) pour désigner l'Afrique du Nord et même le continent ou «tierce partie du monde» distinct de l'Europe et de l'Asie.

La Libye était à l'origine le pays des Lebous, peuplades qui habitaient les côtes africaines entre l'Egypte et Cyrène, que fréquentaient les premiers navigateurs grecs. Les Lebous sont également cités dans la Genèse sous le nom de Loubim, qui est un pluriel, et par les textes égyptiens. D'après Carette (Origine et migrations des principales tribus de l'Algérie, p. 260-261) et Tissot (Géographie de la Province Romaine d'Afrique, I, p. 388), les Lebous qui donnèrent ainsi leur nom au continent africain sont les Louata, la grande tribu berbère originaire de Tripolitaine et de Cyrénaïque citée par Procope et Corripus (VIme siècle de notre ère), puis par Ibn Khaldoun (XIVe siècle) dans son Histoire des Berbères I, p. 171 et passim, qui nous dit que les Loua formaient deux grandes familles ethniques: les Nefzaoua et les Louata, lesquels se partageaient en grand nombre de branches. Ces tribus après avoir joué un grand rôle au cours des siècles obscurs du Maghreb, sont rentrées dans l'ombre avec l'avènement des Turcs, mais le nom des Louata en tant que fictions subsiste encore en Tripolitaine, en Tunisie et en Algérie.

Cependant le nom de Libye après s'être appliqué au continent, se restreignait à l'Afrique du Nord, puis ne désignait plus, à l'arrivée des Arabes, qu'une partie de la Cyrénaïque et de la Tripolitaine; il avait été supplanté par le vocable Africa. Voici dans quelles conditions.

Au cours des guerres puniques, les Romains eurent l'occasion de constater que le territoire de Carthage s'appelait d'un terme, soit indigène soit punique, qu'ils transcrivirent Africa et qui est parvenu jusqu'à nous sous cette forme sans aucune altération. D'après Gsell ce vocable désignait l'habitat des Afri, tribu berbère distincte des Numides qui occupaient les royaumes de Massinissa et autres chefs indigènes. D'autres historiens donnent une origine sémitique à ce vocable. Ce qui est certain c'est que le territoire de Carthage, qui s'étendait entre la Méditerranée et une diagonale partant de Tabarca pour aboutir à Sfax, fut annexé à Rome sous le nom d'Africa; ceci démontre que le nom d'Africa qui lui fut donné officiellement correspondait à une réalité géographique dans l'esprit des Romains. Notons que Polybe, historien lucide des guerres puniques, emploie uniquement le vocable Africa pour désigner l'Afrique du Nord.

Par un phénomène d'extension onomastique dont on a d'autres exemples, ce nom qui répondait, à l'origine, à un territoire modeste par ses dimensions, supplanta celui de Libye inventé par les Grecs et s'appliqua assez vite au continent tout entier, probablement peu de temps après la chute de Carthage. Dans le Bellum jugurthicum, Salluste nous dit que «dans la division du globe terrestre, la plupart des auteurs regardent l'Afrique comme troisième partie du monde, quelques-uns n'en comptent que deux, l'Asie et l'Europe, et comprennent l'Afrique dans cette dernière». Pour P. Mela, qui écrivit vers 40 après J.-C., l'Africa est bien un continent comme l'Europe et l'Asie auxquelles il la compare, mais il désigne aussi sous ce nom la province romaine d'Afrique.

Bien avant cette emprise géographique du vocable, les Romains distinguaient, très probablement à la suite des Carthaginois, outre l'Africa, la Numidie qui lui était limitrophe à l'Ouest et la Maurétanie qui faisait suite à la Numidie, l'une étant habitée par les Numides et l'autre par les Maures. Justin, abréviateur de Trogue-Pompée, nous dit (XIX, 2, 4) que Carthage eut à combattre sous les Magonides, au Vme siècle avant J.-C., des Maures et des Numides, deux peuples différents dont on ne nous précise pas l'habitat. Mais leur localisation dans l'espace est plus évidente dans Polybe, qui nous dit que Cirta était la capitale de la Numidie et les Maurétaniens un peuple habitant les côtes atlantiques.

Après la destruction de Carthage, Scipion fit creuser un fossé frontière appelé fossa regia parce qu'il était contigu aux royaumes indigènes, et dont le tracé affectait une ligne brisée, en diagonale, partant de la Tusca (Oued El-Kébir près de Tabarca) et aboutissant à Thenae (près de Sfax). Au delà de ce fossé jusqu'au Muluchat flumen (Moulouia) s'étendait la Numidie où régnaient les descendants de Massinissa, avec Cirta pour capitale. La Maurétanie, pays sous la domination du roi Bocchus, était comprise entre le Muluchat et l'Atlantique.

Quant à la région méridionale en bordure du Sahara, c'était le domaine des Gétules nomades et pillards, dont Saluste a été le premier à nous informer.

Ainsi environ un siècle et demi avant notre ère, la personnalité géographique des territoires comprenant l'Algérie actuelle était déjà distincte sous les noms de Numidie, de Maurétanie et de Gétulie. Mais les frontières de ces trois contrées étaient fort imprécises, sauf à l'Est où le fossé de Scipion, comme nous l'avons vu, délimitait le domaine de Rome.

A partir de Jules César, Rome va modifier et préciser les limites de l'Africa, de la Numidie et de la Maurétanie sans changer les appellations en cause qui survivent aux guerres entreprises par les Romains pour consolider leur conquête.

Après sa victoire de Thapsus (46 avant J.-C.) sur les Pompéiens et Juba I, leur allié, Jules César, réorganisa et agrandit les possessions romaines d'Afrique. Le royaume de Juba qui englobait la Numidie au delà du fossé de Scipion fut supprimé et constitua l'Africa Nova, tandis que l'ancienne province en deçà du fossé prit le nom d'Africa Vetus Sittius, aventurier au service de César, recevait pour prix de ses services les quatre colonies cirtéennes de Cirta, Rusicade, Chullu et Milev qui formèrent une enclave territoriale dotée d'une sorte d'autonomie interne.

Bocchus le Jeune qui régnait sur la Maurétanie put étendre ses Etats, probablement jusqu'à l'Ampsaga (Oued El-Kebir).

Vingt ans plus tard, l'Africa Nova était réunie à l'Africa Vetus pour former la Proconsulaire (Provincia Proconsularis), qui eut pour limite, autant qu'on puisse la suivre exactement sur le terrain, une ligne partant de la mer au Nord-Ouest d'Hippo Regi us et contournant à l'Ouest les villes de Calama, Thubursicum Numidarum, Thagura, Thagaste, Madauros et Theveste qui se trouvaient en Proconsulaire, de même que les villes de la région syrtique.

La Numidie disparut en tant qu'entité politique et forma une marche militaire commandée par un légat de l'empereur ayant sous ses ordres la IIIme Légion Auguste en garnison à Lambèse. Cette province était limitée à l'Orient par la Proconsulaire suivant le tracé sus-visé, tandis que sa frontière occidentale contiguë à la Maurétanie partait de l'embouchure de l'Ampsaga, longeait ce flumen, contournait Cuicul à l'Ouest et Sitifis à l'Est, passait par Zaraï et continuait vers les confins sahariens.

Auguste attribua toute la Maurétanie à Juba I, qui établit sa capitale à Iol-Césarée (Cherchell); mais en 42, après l'assassinat de Ptolémée, fils de Juba, la Maurétanie fut annexée à Rome. Cette vaste contrée forma deux provinces nouvelles séparées par la Moulouia: la Maurétanie Césarienne ayant Iol-Césarée pour capitale et la Maurétanie Tingitane avec Tingis pour capitale. Ces deux provinces furent gouvernées par des procurateurs de rang équestre dépendant de l'empereur.

Sous le Bas-Empire, à la suite d'une réorganisation administrative décidée par Dioclétien, la Maurétanie Césarienne fut divisée en deux provinces: la Maurétanie Césarienne proprement dite ayant toujours Iol-Césarée pour capitale et la Maurétanie Sitifienne, à l'Ouest, ayant pour chef-lieu Sitifis (Sétif). Ces deux provinces furent rattachées au diocèse qui dépendait de la préfecture d'Italie, tandis que la Maurétanie Tingitane (Maroc) fut rattachée au diocèse d'Espagne.

Jusque là, dans les derniers temps de la domination romaine, les provinces d'Afrique eurent comme limite méridionale, en bordure du Sahara, une ligne fortifiée allant des confins du Maroc, appelée limes. Le limes ou Fossatum Africue était destiné à protéger les zones de colonisation des Hauts-Plateaux et du Tell contre les incursions des pillards.

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