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De quoi parlons nous en évoquant la santé ?

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Par   •  8 Janvier 2023  •  Fiche de lecture  •  4 081 Mots (17 Pages)  •  181 Vues

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Table des matières

1. L’ACCOMPLISSEMENT DES LOIS DE LA NATURE        4

1.1 Description        4

1.2 Le tour de passe-passe        4

1.3 Le recours à un système de forces opposées        5

2. L’EXISTENCE DU SUJET HUMAIN DANS UNE SOCIÉTÉ, UNE DÉFINITION RELATIVE DE LA SANTÉ        8

2.1 Prélude relativiste.        8

2.2 La réhabilitation du sujet        9

2.3 La santé comme norme disciplinaire        11

CONCLUSION :        13

NOTES BIBLIOGRAPHIQUES :        14


Bonne année et surtout la santé !

Mais qu’est-ce que la santé ? 

 

La santé est une notion souvent évoquée dans la vie quotidienne à différentes occasions festives. Elle se présente comme allant de soi, une évidence qui parle à tous sans être questionnée. Dans le monde du soin, avoir la santé apparait comme un but ultime, dans lequel un bon rétablissement est souhaité au patient, un retour à la bonne santé.  

Mais de quoi parlons nous en évoquant la santé ? Si la santé est un but pour beaucoup de professionnel « de santé », nous devrions pouvoir définir clairement l’objectif de ces mêmes professionnels en définissant la santé. Or nous verrons que définir la santé n’est pas si simple. Cette potentielle indétermination pourrait bien entrainer des difficultés à se définir soi-même comme « professionnel de santé » tant cela consisterait à poursuivre un but au contour assez flous. Ainsi, une telle indétermination de la notion de santé pourrait bien n’avoir cessé de produire des variantes et nouveaux modèles de soin, qui fonder sur le concept de santé, demeurerons nécessairement toujours interrogeables. Pourtant, il parait bien noble d’être animer par la défense de la vie de ses semblables. Quand bien même la détermination d’un but ultime serait abstrait, il n’est sans doute pas vain de se contenter de cerner (entouré) le concept de santé pour soutenir son action.  

Ainsi, loin de l’exhaustivité et de manière simplifiée, je vous propose d’aborder deux perspectives de la notion de santé à partir de notre époque moderne (fin du XVe siècle). Tout d’abord, il est immanquable de définir la santé comme un accomplissement normal à partir de l’idée de lois de la nature. Puis relativiste, nous verrons que la santé peut aussi se définir à partir du vécu singulier du sujet humain, liberté contrebalancée par l’idée d’une santé prédéterminé par un environnement social et politique.  

 

 

1. L’accomplissement des lois de la nature

        1.1 Description

Partir du XVème siècle pour définir la santé est pleinement justifié. Ce n’est pas seulement historique ou bien « retro ». Une des composantes largement répandue aujourd’hui de la notion de santé se construit à cette époque. L’idéal poursuivie, c’est d’être conforme à la nature tel que Dieu la fait, c’est-à-dire aux lois qui organisent la mécanique du corps. Cette norme, c’est ce dont nous visons par un bon rétablissement des lois régissant le fonctionnement du corps humain. En effet, la simplification des modèles peut conduire à comparer le système digestif à un système de tuyauterie, le cœur à une pompe, le squelette à une structure porteuse, etc. Ainsi, les substitutions des parties du corps ou prothèses que nous utilisons aujourd’hui répondent nécessairement à des lois. La santé est alors régie par une législation dite naturelle, imposée et extérieure à notre volonté, à laquelle il apparait dans notre intérêt de se soumettre.  

 

        1.2 Le tour de passe-passe  

La bonne santé serait que le corps soit conforme aux lois de la nature. Pourquoi une telle définition de la santé ? Au commencement de l’époque moderne, le corps est considéré comme une disposition partagée avec l’animal, alors que l’intellect ou l’esprit propre à l’homme « ici-bas » serait une disposition partagée avec Dieu. Privé de l’intellect, l’animal serait soumis à ses instincts, il répondrait alors totalement aux lois de la nature, réduit à un corps physique sur lequel peut s’appliquer nos connaissances des lois de la nature. Puisque l’homme serait partagé, avec d’un côté le corps de l’animal, de l’autre l’intellect ou l’esprit (Descartes, 2011, p.187)[1]. Nous voilà donc autorisés à appliquer au corps humain les lois physiques : « La santé est une disposition des parties, de l’animal, qui le met dans un état propre à faire bien ses fonctions. La maladie est une certaine disposition des parties qui empêche que les fonctions de l’animal ne se fassent pas assez bien. Par le mot de partie nous entendons une substance corporelle qui compose le corps conjointement avec d’autres, et qui est destinée à faire quelques fonctions. » (Regius, 1661, p.288). Si chaque partie fait bien son travail, il n’y a pas de raison pour que ça ne fonctionne pas. Le corps humain est comme une machine qui fonctionne selon un modèle légal qui ne changera jamais, pas plus que la bonne et la mauvaise santé. Une telle conception statique n’est pas sans poser problème dans un monde vivant, en mouvement perpétuel (dynamique) : l’être humain est une partie du vivant, il évolue au cours de sa vie, il nait, vieilli et meurt. Réduire l’humain au modèle d’une machine ou à un robot ne peut donc qu’être insatisfaisant, au mieux partiellement satisfaisant et complémentaire.

         

 

1.3 Le recours à un système de forces opposées

Nous trouvons dans nombre de théories des oppositions entre des forces antagonistes, entre le bien et le mal (manichéisme, env. 250 ap. JC), la vie et la mort, l’amour et la haine, le nord et le sud, telles des forces dont résulteront une variable ainsi équilibrée par un pôle positif et un pôle négatif. Tout comme Newton introduisit des forces mystérieuses afin de rendre compte de l’attraction terrestre et de l’équilibre du système solaire, Xavier Bichat (1771-1802), professeur de médecine, n’hésite pas à recourir à des forces antagonistes pour définir la santé. En voici l’extrait :  

 

« On cherche dans des considérations abstraites la définition de la vie ; on la trouvera, je crois, dans cet aperçu général : la vie est l'ensemble des fonctions qui résistent à la mort. Tel est en effet le mode d'existence des corps vivants, que tout ce qui les entoure tend à les détruire. Les corps inorganiques agissent sans cesse sur eux ; eux-mêmes exercent les uns sur les autres une action continuelle ; bientôt ils succomberaient s'ils n'avaient en eux un principe permanent de réaction. Ce principe est celui de la vie ; inconnu dans sa nature, il ne peut être apprécié que par ses phénomènes ; or le plus général de ces phénomènes est cette alternative habituelle d'action de la part des corps extérieurs, et de réaction de la part du corps vivant, alternative dont les proportions varient suivant l'âge. Il y a surabondance de vie dans l'enfant, parce que la réaction surpasse l'action. L'adulte voit l'équilibre s'établir entre elles, et par là même cette turgescence vitale disparaître. La réaction du principe interne diminue chez le vieillard, l'action des corps extérieurs restant la même ; alors la vie languit et s'avance insensiblement vers son terme naturel, qui arrive lorsque toute proportion cesse. La mesure de la vie est donc, en général, la différence qui existe entre l'effort des puissances extérieures, et celui de la résistance intérieure. L'excès des unes annonce sa faiblesse ; la prédominance de l'autre est l'indice de sa force. » (Bichat, 1882, p. 1-3).

 

Bien qu’il n’utilise pas le terme de santé, Bichat définie cette notion comme rester en vie, c’est à-dire par « l'ensemble des fonctions qui résistent à la mort », la bonne santé serait alors la réussite d’une force vitale indépendante du corps organique (vitalisme). Elle exercerait une force à distance sur le corps tout comme la force gravitationnelle de Newton explique les marées, la gravité, l’équilibre du déplacement des planètes dans l’univers. La réaction de cette force vitale serait plus forte que les forces extérieures mortifères pendant l’enfance, autrement dit, l’enfance est pleine de vie. La réaction entre ces forces serait équilibrée à l’âge adulte, puis décroissante pendant le vieillissement, période où les forces mortifères serait plus importante que les forces vitales. Nous voyons là l’effort explicatif que produit Bichat pour décrire le dynamisme du développement humain au cours d’une vie, dans un processus évolutif, en mouvement. Mais la force qui permet de se maintenir en bonne santé ne ferait que décroitre, ainsi la mort nous attend. La notion de santé chez Bichat trouve une explication sur le modèle mécanique, non plus à partir d’une seule description statique mais maintenant à partir d’un modèle d’une mécanique du mouvement (forces inertielles).

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