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Le Langage Sert Il a Exprimer La Realité ?

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la réalité, il la découpe, la divise, pour mieux se l'approprier, se l’accaparer.

Le langage sert à exprimer ses sentiments, ses sensations. En effet, l'expression est la voie par excellence de l’abstraction, de la pensée, et notamment de la philosophie. Le langage peut-il exprimer une réalité personnelle, intérieure, relative aux sentiments ?

Prenons ici l'exemple de la douleur qui paraît fort significatif. Combien de fois connaissons-nous la frustration de ne pouvoir exprimer avec exactitude la douleur que nous ressentons pourtant de manière si présente ? Cette expérience semble nous indiquer la limite en deux points très précis : l'incompréhension régnant dans les rapports intersubjectifs ; mais surtout, et ce qui nous préoccupe ici, elle nous prouve à quel point le langage peut se montrer imprécis, limité, inexact, face à toutes ces sensations et impressions que nous ressentons. Bien souvent, je connais une émotion très forte que j'aimerais communiquer à mes proches tant cette impression me paraît formidable. Mais à ce moment très précis, je me trouve face à une difficulté terriblement pesante et pourtant incontournable : celle du langage. Nos impressions personnelles, c’est-à-dire notre réalité interne, ne peuvent être traduites par des mots dont la signification semble vide et bien pauvre face à la force et à la présence de nos sentiments. Le langage paraît bien incapable d'exprimer mes sensations personnelles. Le langage n'est capable de fournir que des approximations, il est vrai fort décevantes et frustrantes. Le langage ne peut donc pas servir à exprimer une réalité que nous définissons comme personnelle.

Le langage, reflet de la finitude humaine, ne peut pas établir une réalité pure sans la déformer. Le langage ne sert donc pas à exprimer une réalité première et infinie. Mais n'est-ce pas le langage qui permet à l’homme de créer une réalité à visage humain, la seule d'ailleurs qu'il soit en mesure d'appréhender et de comprendre ?

L'homme considère comme réel ce qui fait partie de son monde. Or, comme nous l'avons signalé, c'est le langage qui permet à l’homme de diviser le monde et ainsi de se l'approprier. La réalité du monde n’et pas aux yeux de l'homme la réalité du tout. En effet, l'homme se trouve dans l'impossibilité de comprendre l’infini et de le saisir du fait de sa finitude. L'homme se voit dans l'obligation de poser des limites, des frontières certes arbitraires, mais nécessaires à son évolution.

La réalité telle que nous la concevons, à savoir la réalité humaine, n'est que le fruit de la division créée par le langage pour saisir le monde. Ainsi la réalité humaine est intimement liée au langage. Dans ce sens le langage sert à exprimer à la réalité, ou plutôt à créer la réalité. Nous voyons très nettement ici que le langage est le moyen d'appréhension que possède l’homme pour se constituer un monde, c’est-à-dire. une réalité.

Ainsi, la réalité humaine n'est pas exprimée par le langage, elle découle de ce dernier. On voit ici que le langage n'a pas été créé pour exprimer une réalité à l'état pur, que l'homme est d'ailleurs incapable de concevoir, mais pour permettre à l'homme de s'établir en société.

Ainsi, il est intéressant de souligner ici la différence qui existe entre « exprimer » et « communiquer ». Le verbe exprimer renvoie à un monde sensible. Comme nous l'avons signalé dans l'introduction, le langage revêt diverses fonctions : la première est sociale, il s'agit de la communication, la seconde est personnelle, elle sert à exprimer ses sentiments, ses sensations, ses expressions.

Nous avons précédemment établi que le langage ne pouvait servir à exprimer la réalité de nos sentiments. Mais est-ce réellement ce qui nous préoccupe le plus ? Les mots que nous plaçons sur nos sentiments servent en effet à extérioriser certains éléments pénibles qui nous gênent fortement. La réalité exacte n'est pas la préoccupation première. Le langage sert avant tout à extérioriser certains sentiments, à les exprimer.

Ainsi la réalité n'est pas le fondement de notre langage. Le langage est la traduction du besoin de socialisation auquel l'homme est confronté. Le langage sert donc à exprimer un monde à visage humain. La seule réalité que le langage est en mesure d'exprimer est la réalité humaine. Il ne faut pourtant pas oublier que chaque langue a une vision différente du monde, elle le divise d’une certaine façon et ainsi sa réalité est différente des autres langues. Lorsque nous parlons de réalité humaine, nous entendons par là que la réalité est pour l'homme la division, telle que l’opère le langage. Il ne faut pas en déduire que la réalité humaine est unique. À chaque division du monde correspond une réalité, il ne faut pas sombrer ici dans un ethnocentrisme certain qui nous pousserait à dire que seule une vision du monde est correcte et valable.

En effet, l'homme ne doit pas oublier que chaque division n’est qu'une trahison face à la réalité première et que de ce fait aucune réalité humaine n’est absolue et infinie donc parfaite. Il est nécessaire de noter qu' « un mot n'est finalement qu’une excitation nerveuse dans les phonèmes » (Nietzsche). En effet comment un mot peut-il transcrire une réalité ? La formation des mots traduit-elle une certaine approche de la réalité ?

Un mot est bien souvent décrit comme une limite arbitraire un ensemble à la base indissociable. Il est vrai qu'un phénomène physique, à savoir un son, ne peut traduire une réalité concrète. Un mot a bien souvent un caractère flou qui regroupe quelques caractéristiques générales d’un objet. Parfois, l'homme tente de donner au mot un aspect réel en le rapprochant de son objet : le mot sifflement atteste cette approche du réel. Il apparaît évident que les mots ne peuvent traduire une réalité dans le sens où un phénomène physique ne peut être mis sur un pied d'égalité avec un objet concret. Ainsi la réalité est trahie par l'arbitraire que représente un mot.

Il faut cependant ici introduire la notion de concept qui nuance les propos tenus ci-dessus. En effet, lorsque l'on me dit le mot arbre, j’arrive tout à fait à concevoir un arbre en esprit, je vois cet arbre alors que concrètement il n'y en a pas en ma présence. Imaginons que les arbres disparaissent de la surface terrestre, il me restera en mémoire le concept arbre. C’est-à-dire les différentes

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