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Quelle Conception De l'Histoire Se Dégage Du Salut Dans Les Mémoires De De Gaulle?

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scination pour le personnage d’Hitler, laissant complètement de côté les conditions socio-économiques de l’Allemagne de l’entre-deux-guerres, qui furent le terreau de l’ascension d’Hitler.

B. L’événementiel et le temps long

Le récit des faits est globalement chronologique, même s’il y a des analepses et prolepses dans les chapitres thématiques (exemple : dans le chp. « L’ordre », évocation de mesures économiques et sociales qui s’étendent sur 1944 et 1945). Cf. par exemple l’importance des dates qui ponctuent le récit dans le chp. « La libération ». Sans tomber dans la chronique, on est dans un récit où l’événementiel tient une place importante (+ importance accordée à des données factuelles avec l’utilisation des chiffres – forces armées, données économiques, etc.). Néanmoins, DG ne limite pas son discours aux événements de la période couverte par le tome 3 : il prend aussi en compte le temps long, il inscrit les enjeux politiques et économiques de cette période dans des logiques qui trouvent leur origine dans le passé et, en ce sens, il y a une démarche d’explication et d’interprétation qui est une démarche historienne. Exemple : les considérations sur le déclin de la France p. 282-283 (évocation de la Révolution, de la période napoléonienne, etc.), sur la classe ouvrière dans le chp. « L’ordre » (évocation encore de la Révolution, et des révolutions du XIXe siècle, jusqu’à la Commune). (NB : Churchill, lui, dans ce qu’on a ensuite appelé ses Mémoires de guerre, mais qui s’intitulent au départ The Second World War, commençait le récit de la seconde guerre mondiale par… celui de la Première guerre mondiale).

C. Des réflexions philosophiques sur l’histoire

DG narrateur propose aussi des réflexions sur l’histoire qu’on pourrait qualifier de philosophiques, il y a une méditation sur l’histoire qui apparaît à certains moments. Voir notamment les réflexions sur la guerre dans le chp. « L’ordre », p. 115 (« A mes yeux, il est clair que l’enjeu du conflit c’est, non seulement le sort des nations et des Etats, mais aussi la condition humaine. […]Toujours la guerre, dans son aspect technique, est un mouvement des sociétés. Les passions qui l’animent et les prétextes qu’elle invoque ne manquent jamais d’enrober une querelle concernant la destinée matérielle ou spirituelle des hommes » : utilisation du présent de vérité générale, généralisation par les adverbes « jamais », « toujours », références au genre humain…), et juste après, la réflexion sur le « machinisme » qui domine l’univers et les grandes idéologies. Ou encore les réflexions suscitées par Hiroshima et Nagasaki, etc.

⇨ Certaines caractéristiques du Salut rappellent donc la démarche d’un historien traditionnel, un aspect dont témoignent aussi les documents rassemblés à la fin de l’ouvrage, qui apportent une sorte de caution au récit par l’archive, authentification, etc. Mais la tendance à l’objectivité que traduisent ces documents, ou le recul pris par l’auteur que traduisent ses méditations sur l’histoire, ne doivent pas faire oublier que la mise en récit des événements est sous-tendue par une vision très personnelle de l’histoire.

II. La mise en récit : une histoire dominée par l’idée de destin

La mise en récit des événements par DG accentue la cohérence de l’action et de la vision gaulliennes, qui s’inscrivent dans une conception de l’histoire nationale dominée par l’idée de destin.

A. Au nom de la France : le destin de De Gaulle

Conscience de DG d’avoir « rencontré l’Histoire » (chp. « Le départ ») ; DG narrateur présente DG personnage comme investi d’une mission, et l’idéal de grandeur du personnage est à l’image de la grandeur de la France, etc : cf. vos cours. L’idée est de montrer comment le récit met en valeur le sens de l’Histoire de DG (on pourrait dire aussi, pour utiliser un concept aristotélicien, son sens du kairos, mot grec signifiant le moment opportun, le moment qui convient pour agir), sa capacité à faire les bons choix. Régulièrement, le texte évoque son « but », son « dessein », son « projet », son « idée », ses prévisions sur tel ou tel aspect de la situation historique, sans jamais la moindre nuance rétrospective, aucun regret, aucune remise en question de ses décisions de l’époque, cf. vos cours. La cohérence entre les idées et les actes, entre les prévisions et ce qui advient, est mise en valeur par la façon de construire le récit et la démonstration. Le récit est, sur ce point, loin d’être neutre.

B. Au nom de l’Histoire : le destin de la France

La façon de raconter les événements dans Le Salut tend aussi à les inscrire dans une logique nationale qui est celle d’un destin particulier de la nation française. Cf cours. La France doit être à la hauteur d’un destin historique, les événements sont lus en fonction de la fidélité du pays à ce destin (qu’on peut résumer par : grandeur, rayonnement mondial, blabla…). Les faits sont interprétés à la lumière d’une « certaine idée de la France », idée qui fait de la nation une réalité indépendante des individus, une essence qui perdure par-delà les aléas du moment ; en ce sens, épisode de Vichy apparaît comme un accident de l’histoire, une aberration pendant laquelle la France n’était pas la France (cf quand DG dit que la France doit « redevenir la France » ! Une affirmation qui aurait peu de sens pour un historien contemporain !). De manière générale, DG a une conception de l’histoire qui le met très clairement du côté du XIXe siècle : référence aux peuples antiques, Gaulois, Germains, etc., quand il évoque les enjeux européens, une continuité qui correspond au nationalisme du siècle précédent.

Mais pour DG, envisagé sur le temps long, le destin de la France n’est pas linéaire, il est cyclique.

C. Une vision cyclique de l’histoire de France

Pour DG, histoire de la France fonctionne par cycles, alternance déclin/grandeur (visible dans la structure du Salut : mouvement ascensionnel jusqu’au chp. « La victoire », puis chute jusqu’au « Départ »). Les dernières pages du volume, avec prosopopée de la Nature évoquant le cycle des saisons = alternance mort/renaissance, assimilent cycle naturel et cycle de l’histoire de France, cette « Veille France, accablée d’Histoire, meurtrie de guerres et de révolutions, allant et venant sans relâche de la grandeur au déclin, mais redressée, de siècle en siècle, par le génie du renouveau ! » Malgré l’aspect cyclique, c’est bien l’élan du renouveau qui domine et, en cela, il y a coïncidence entre le mouvement de l’histoire du pays et le mouvement de l’histoire du mémorialiste qui, à la fin du Salut, est prêt à renaître à la politique après une longue phase de quasi-mort politique (la fameuse « traversée du désert »).

⇨ Le Salut rappelle donc une idée qu’on peut régulièrement lire dans les trois tomes des Mémoires de Guerre : la rencontre entre DG et l’Histoire, c’est la rencontre de deux destins, celui d’un grand homme et celui de la nation.

III. Ecrire l’histoire, c’est aussi faire l’histoire : l’histoire au service d’un projet mémoriel et politique

A. L’épopée de la France libre

Accents épiques du récit, qui visent à valoriser l’action de la France libre. Le Salut conte l’aboutissement de la démarche de résistance lancée par l’appel du 18 juin (cf. titre du tome I), accent mis sur cette France-là, plutôt que celle de Pétain. Volume final qui ne passe pas sous silence la nécessité de régler le sort des collaborateurs (cf. question de l’épuration dans « L’ordre » et procès des grandes figures de la collaboration dans « Désunion »), mais

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