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Roman

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théorie d’Aristote : dans les théories, le roman est un ensemble non totalisable de notions, de schémas, de préceptes. Son histoire est elle-aussi un roman ! La question du roman est internationale, plurilingue, abolissant toutes les barrières. Le roman est un genre anti-aristotélicien.

II.

Mythe, épopée, roman 1. Antiquité du roman ?

Héritier de l’épopée, il existe par divers aspects dans la littérature grecque, notamment dans les mythes. Un thème fédérateur est l’amour, mais il est fragile par rapport à l’épopée.

2. Du mythe au roman 1

Le mythe : à l’origine, récit de la création du monde, de l’homme et de la nature, il renvoie au temps primordial. Il est accepté par tous, sans origine. Il dit le vrai pour ceux qui le véhiculent/l’invraisemblable pour l’observateur étranger. Il cumule les deux caractères du roman : récit fictif (roman), récit véritable (histoire) mais sans interférence, contrairement au roman. Transformations du mythe : le roman se lit comme un intériorisation par l’individuel et le psychologique de ce qui est dans le mythe donné pour extérieur aux personnages. Évolution de l’épique (tragique) : de l’homme parmi les hommes vers l’homme en son destin individuel. Mythes et épopées : origine du mythe est dans les sociétés primitives (avant l’histoire), se développe avec l’évolution. L’épopée naît après la « révolution » néolithique, + récente (la plus ancienne est du IIème millénaire, Gilgamesh). L’épopée se nourrit du mythe mais a pour origine et pour sujet des sociétés patriarcales, avec des rois et des guerriers glorifiés en chants récits. Nombreuses variantes et remaniements dans ce genre.

3. Épopée et roman

Le mot « roman » : « roman » < * romanice (à la façon des romains). XIIème siècle : évolution du sens : « récits en langue vulgaire, en vers puis en prose » XIVe s. : littérature courtoise Xve s. : de chevalerie XVIIe s. : usage moderne (mais péjoratif : « mensonges ») De la chanson de geste au roman : chanson de geste + historiographie donnent le roman médiéval. Son auditoire est + limité mais + homogène et défini. La chanson : action collectif/roman : individuelle. Épique : agglomération de formules pour tracer un thème/roman : thème développé comme une formule générative. Le passage de l’épopée au roman correspond, dans la société, du passage d’un monde clos, patriarcal à de nouvelles relations internationales.

4. Le premier « roman » moderne : Don Quichotte

La « folie » romanesque : DON QUICHOTTE s’élance pour transposer dans le réel vécu ce qu’il a vécu par la lecture de romans de chevalerie. Mais la réalité résiste à ses rêves et c’est seulement à sa mort qu’il renonce à les faire coïncider. Le roman s’achève sur la déconfiture officielle du romanesque. Mais le livre est parsemé de récits qui réintroduisent les vertus et prestiges du romanesque (dont les mésaventures de DON QUICHOTTE figurent la parodie) : 2 registres noble/comique. La passion du romanesque : ce qui est moqué chez DON QUICHOTTE (sa folie) serait au contraire révéré chez les autres comme un signe de distinction. Ceux qui gardent les pieds sur terre (le barbier, le curé etc.) sont des passionnés de romanesque, ne sont-ils pas de plats esprits incapable d’admirer la beauté de DON QUICHOTTE ? Ambiguïtés : qui a raison ? frontières ? (raison/déraison, normal/pathologique, risible/sérieux…) règles ? L’ambiguïté constructive du roman moderne : la richesse de DON QUICHOTTE qui remet en cause toutes les frontières et catégories : l’œuvre est matrice de l’infinité des récits romanesques, DON QUICHOTTE invite à considérer comme problématiques les repères de toute fiction : le roman moderne est fondamentalement critique. Le sujet de DON QUICHOTTE est le roman lui-même, conscient de son prestige et de ses contradictions.

5. De l’épopée au roman

L’indiscutable modèle épique : DON QUICHOTTE est nourri d’épopée et la tient pour vraie, foi dans les livres. Mensonges ou vérités romanesques ? Dans DON QUICHOTTE, le livre est sans rival, il embrasse épopée et roman.

6. Baptême théorique du roman

Au travers de définitions du genre romanesque, DON QUICHOTTE fait du roman la plus haute forme de l’épique en même temps qu’il propose une nouvelle liberté (décousu, mélange des registres, alliance poésieéloquence, prose). Cervantès est un précurseur mais son enseignement mettra deux siècles à être compris.

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III.

Le roman de l’âge classique : procès en légitimation 1. Le discours des censeurs classiques : une théorie négative

Les critiques classiques ont une vision péjorative du roman, mais il est aussi fort apprécié. Les humanistes méprisent le roman qui est pour les femmes. Il est condamné au nom d’une stricte morale chrétienne. Il est jugé inutile au XVIIIe s. La critique est davantage morale qu’esthétique, le roman est sans cesse accusé et doit se défendre.

2. Le roman, corrupteur du goût

Critiques de Boileau contre le courant précieux : les Anciens n’ayant pas écrit sur le roman, c’est un genre inutile (roturier) d’où le dédain de Boileau. Seconde critique : il gâte le goût (invraisemblable, irréaliste, jargon ridicule), il faudrait plus de vraisemblable. Permanence de la critique du goût précieux : et de l’invraisemblable (et du poids de l’amour dans les romans).

3. Le roman, peinture de l’amour

Peindre l’amour est le second chef d’accusation à l’âge classique, au nom de la morale et de la religion. Il comporte des fautes contre les bienséances inséparables de celles contre la vraisemblance. Vraisemblance ou bienséance : pourtant, le courant précieux est très soucieux de la bienséance. Le roman se veut supérieur sur ce point à l’histoire car il ne présente que des personnages exceptionnels et sans reproche, surtout dans les romans héroïques et galants (au contraire des romans picaresques ou comiques). Le précieux s’appuie sur les bienséances, le rare et l’extraordinaire, il refuse le scandale et le dégoût. L’invraisemblance va avec la bienséance tandis que la vraisemblance serait corruption des mœurs (le monde est laid). Pour Montesquieu, si les héros de Manon Lescaut sont un fripon et une catin, leur amour fait oublier leurs défauts. Le roman, parce qu’il peint l’amour, égalise les niveaux sociaux et moraux, car l’amour fait tout pardonner. Or l’adhésion du lecteur est suscitée par l’amour sans considération pour la morale et le social. On ne se soucie pas de la morale chrétienne, que de la morale amoureuse : c’est un divertissement qui éloigne des voies religieuses. Le roman, libre-fiction : les attaques contre le roman sont portées contre tous les divertissements mondains. Boileau ne critique pas la tragédie mais la comédie (et surtout la farce). Rousseau s’en prend au théâtre qui corrompt les jeunes filles. (Le théâtre est défendu par le parti des philosophes). Le roman doit donc se défendre sur le plan moral (comme le théâtre) mais aussi esthétique. Il est sans noblesse et paie sa liberté d’être une fiction sans règles. C’est un non-genre, futile et immoral.

4. Un apologiste honnête homme : Pierre-Daniel Huet

1670 : Traité sur l’origine des romans. Il souligne l’antiquité du genre romanesque, d’où sa noblesse. Le goût classique est mis au service du roman. Double naissance du roman : avec la barbarie, perte de la vérité : fables mensongères du Moyen-Âge. Jusqu’à ce que les troubadours et chanteurs romanisent à nouveau. Le roman est fruit d’un besoin de plaisir, besoin naturel de la fable car la réalité présente ne suffit pas à exercer l’esprit. Catharsis du roman : « toutes nos passions s’y trouvent agréablement excitées et calmées ». le roman est un délassement honnête. Il faut chercher, sous l’écorce, « l’excellence de l’invention et de l’art ». Les faussetés enveloppent un sens caché, elles sont des figures de la vérité. La tradition de la figure : Huet évoque les figures de la Bible et du Moyen-Âge. Il y a une valeur ésotérique du fictif, défendable à partir du modèle de la Bible. Définition du roman régulier par Huet :

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« Ce que l'on appelle proprement Romans sont des fictions d'aventures amoureuses, écrites en prose avec art, pour le plaisir et l'instruction des lecteurs. Je dis des fictions, pour les distinguer des histoires véritables. J'ajoute, d'aventures amoureuses, parce que l'amour doit être le principal sujet du Roman. Il faut qu'elles soient écrites en prose, pour être conformes à l'usage de ce siècle. Il faut qu'elles soient écrites avec art, et sous certaines règles ; autrement ce sera un amas confus, sans ordre et sans beauté. » L’accent est mis sur l’amour, l’histoire et l’aventure amoureuses, il connaît les goûts classiques et la tradition romanesque. Il rejette les fables comme invraisemblables. Les romans sont des « fictions de choses qui ont pu être ». Éloge des femmes : en France, elles

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