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Commentaire composé Robert Badinter discours 17 septembre 1981

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Par   •  13 Juin 2019  •  Dissertation  •  1 929 Mots (8 Pages)  •  8 397 Vues

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Robert Badinter :

Ce texte est un discours, prononcé par Robert Badinter, ministre de la Justice sous François Mitterrand, devant l’Assemblée nationale le 17 septembre 1981.  Ici, l’orateur s’exprime dans le but de rallier les députés à sa cause afin qu’ils votent l’abolition de la peine de mort. Ce discours aura un grand succès, car les députés voteront l’abolition de la peine de mort à la majorité le 18 septembre 1981. Nous pouvons donc nous poser la question suivante :

« En quoi ce discours de Badinter cherche-t’il à convaincre et à persuader les députés de voter pour l’abolition de la peine de mort ? »

Tout d’abord, nous étudierons les procédés qui font de ce discours un discours argumentatif et éloquent. Puis, nous montrerons les différents arguments employés par Badinter pour convaincre les députés. Enfin, nous étudierons en quoi ce discours est également destiné à persuader les députés.

I) Un discours argumentatif et éloquent

1) Un discours argumentatif ancré dans une situation d’énonciation bien précise

La situation d’énonciation :

  • présence du locuteur : Je / nous / on

« je le dis » (ligne 11), « je ne ferai pas usage de » (ligne 25), mais qui s’efface ensuite derrière le « on » (lignes 22 et 23). Le locuteur est plus présent dans la suite du texte : « je crois » (ligne 37), « je le comprends, je le conçois » (ligne 42), puis s’efface plus loin derrière le « nous » : « nous la refusons » (lignes 60 et 61) qui est sans doute ici collectif et désigne d’une part la gauche au pouvoir qui promulgue cette loi et d’autre part les députés de l’assemblée qu’il englobe ainsi comme s’ils étaient déjà ses partisans. Enfin, la présence du « je » est nettement plus forte à la fin du texte : « j’en ai terminé », « j’ai le sentiment d’assumer mon ministère », « je vous remercie ».

🡪 le locuteur, l’orateur, ici Badinter, s’implique fortement dans son discours, mais le défend également au nom d’un ensemble de personnes, ceux qui sont pour l’abolition : il est ici le porte-parole des partisans de l’abolition de la peine de mort. Comme il prend personnellement fait et cause pour l’abolition, cela lui permet d’être plus convaincant.

- présence du destinataire : le destinataire est aussi fortement impliqué dans ce discours car désigné, appelé à plusieurs reprises :

Présence du « vous » : « c’est par là même que vous retrouvez » (ligne 6), « grâce à vous » à 2 reprises (ligne 64), « vous voterez » (ligne 68) et « je vous remercie » (ligne 69).

Apostrophe : « Législateur français » (ligne 69).

🡪 Le destinataire est fortement impliqué à la fin du texte, tout comme le locuteur : cela montre qu’au moment d’inciter au vote, le discours contient plus de marques de présence des personnes, afin de retenir toute l’attention des destinataires.

  • lieu et temps du discours :

allusion au législateur et en cette enceinte => lieu, assemblée nationale

« Demain, vous voterez l’abolition de la peine de mort »

🡪 Le discours, pour être plus persuasif, plus convaincant, est assumé par un locuteur, qui s’implique en disant JE et est adressé précisément à un destinataire dont le locuteur attend une réaction.

2) Un discours éloquent

Afin de rendre son discours plus éloquent, c’est-à-dire plus attractif et plus persuasif pour l’assemblée de députés à laquelle il s’adresse, Badinter utilise d’autres procédés qui permettent aussi de dynamiser son discours et de contribuer à son argumentation.

Il utilise :

  • vraies questions : « Dans la réalité judiciaire, qu’est-ce que la peine de mort ? » pour dynamiser son discours
  • questions oratoires : « Et comment la dépasser, sinon d’abord en refusant la loi du talion ? »
  • anaphores pour souligner les phrases clefs :
  • « celui-là doit vivre, celui-là doit mourir ! » phrase qui veut montrer le caractère aléatoire de la justice
  • « Et tout paraît si simple, et tout paraît si juste ! » souligne le fait que la justice d’élimination est pour lui naïve
  • « cette justice d’élimination, cette justice d’angoisse et de mort » anaphore souligne les variations après : élimination 🡪 termes encore plus péjoratifs : angoisse, mort
  • « Demain, grâce à vous la justice française ne sera plus une justice qui tue. Demain, grâce à vous, il n’y aura plus, pour notre honte commune, d’exécutions furtives, à l’aube, sous le dais noir, dans les prisons françaises. Demain, les pages sanglantes de notre justice seront tournées. » « Demain, vous voterez l’abolition de la peine de mort. » : fin du discours, rappel de l’importance du vote du lendemain en l’associant à l’idée de grandeur morale

  • questions oratoires ou rhétoriques :

Effet : fait semblant de faire participer l’interlocuteur au raisonnement mais impose le raisonnement

  • anaphores :

Effet : pour souligner les passages clefs, pour donner un rythme au discours, pour attirer l’attention sur quelque chose (une répétition souligne quelque chose, attire l’attention sur quelque chose)

II) Un discours qui vise à convaincre

1) Les arguments qui défendent la thèse de Badinter

Dans une première partie, Badinter expose dans son discours des arguments qui lui permettent de démontrer et de défendre sa thèse, à savoir l’abolition de la peine de mort.

Dans les lignes 1 à 5, Badinter définit la peine de mort comme une pratique totalitaire : la peine de mort signifie que l’Etat se donne le droit de retirer la vie à ses citoyens.

Il utilise ici un raisonnement inductif : il part de l’exemple des dictatures et des pays totalitaires pour en déduire une loi générale.

Dans les lignes 6 à 13, Badinter montre qu’il est difficile pour les 12 membres du juré de juger à coup sûr, le risque d’erreur judiciaire étant immense. Il montre également l’absurdité du fait qu’une telle décision puisse être prise par si peu de gens et illustre donc la légèreté accordée à la vie humaine.

Dans les lignes 13 à 20, Badinter s’appuie sur un argument de nature morale : faire la justice en tuant, c’est adopter les valeurs meurtrières des terroristes que l’on condamne. Il montre donc que l’utilisation de la peine de mort conduit à la perversion des valeurs morales de la démocratie.

2) Les arguments qui réfutent la thèse contraire

Dans un deuxième temps, Badinter utilise des arguments qui lui permettent cette fois de réfuter la thèse contraire (il réfute l’antithèse), à savoir le maintien de la peine de mort.

Dans les lignes 32 à 43, Badinter énonce et fait mine de concevoir un des arguments de la thèse adverse (lignes 33 et 34), puis démontre son inexactitude : une vie pour une vie, cela revient juste à faire un sacrifice, à revenir à la loi du talion qui relève de l’ordre de la vengeance privée et non pas de la justice. La justice doit dépasser ce qu’il présente comme un sentiment personnel.

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