Fiche de lecture Comprendre, Bourdieu

Pierre Bourdieu

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Comprendre

Bourdieu propose dans l’article “Comprendre”, tiré de La Misère du monde, les mécanismes de l'entretien, et que la meilleure façon d’explorer une relation de communication, en étant général, est de s’attacher à comprendre les mécanismes pratiques et théoriques, le tout vu dans l'interaction enquêteur-enquêté. Ce qui l’intéresse c’est la relation sociale dans l’enquête. Ainsi il exprime les caractéristiques des instruments utilisés, pourquoi choisir tels enquêtés ? Comment les choisir ? Pourquoi ce terrain ? Quel choix faire pour le mode d’entretien ?

La relation d’enquête diffère des relations que l’on peut avoir tous les jours, ces relations se distinguent par le fait que la relation d’enquête se base et recherche des connaissances et des savoirs que l’enquêteur a et veut recueillir.

Dans un premier point Bourdieu explique comment il faudrait instaurer une relation, une communication non-violente dans l’entretien (car c’est un échange) en deux sous parties :

 Il met en avant le fait qu’il faut faire attention à plusieurs choses lors d’un entretien, faire attention à la dissymétrie qui existe dans la relation enquêteur-enquêté. En cela il faut  maîtriser les effets sans vouloir les annuler car elles existeront toujours et c’est normal, elles sont inscrites dans la structure. Il faut être bon théoriquement, poser de bonnes questions, être réactif mais aussi bien se comporter, ne pas juger les dires et ne pas forcer l’enquêté à répondre. Par ce fait, l’enquêteur doit s’engager dans la conversation et faire que l’enquêté se sente bien pour qu’il se prête totalement au jeu. Bourdieu montre donc qu’il y a une dissymétrie dans la relation enquêteur-enquêté (c’est l’enquêteur qui “mène la danse” et qui en institue les règles) et une dissymétrie sociale dans la relation d’enquête (caractéristiques sociales, position sociale..).

Cet entretien doit donc se faire dans une relation “d'écoute active et méthodique”, où Bourdieu explicite que cette méthode n’est ni celle d’un entretien non-directif ni d’un questionnaire. Il faut avoir l’oeil du sociologue, se contrôler, ne pas juger mais plutôt se mettre à la place de l’enquêté pour le comprendre, «Prendre ainsi son point de vue, c’est à dire comprendre que s’il était comme on dit à sa place il serait et penserait sans doute comme lui». Décrire la façon de penser de l’enquêté, retranscrire sa façon de se représenter le monde.

Dans un second point, Bourdieu développe l’idée de l’imposition. Il faut avoir une maîtrise lors de l’entretien, sur le niveau de langage utilisé, sur les les signes verbaux et non verbaux ainsi que sur la structure-même de la relation. Il faut rester attentif à ce qui est dit, pouvoir rebondir. Pour autant, garder cette posture de sociologue est difficile. Pour cela, il faut rechercher la proximité sociale, la familiarité, des connaissances à qui faire passer un entretien, ceci garantit deux choses :

• La menace de réduction des raisons subjectives à des causes objectives données par l’enquêteur à l’enquêté et contre l’effet d’imposition.
• Un  accord se met en place entre les parties sur les présupposés concernant les contenus et les formes de communication permettant l’encouragement à la collaboration.

“A cause” de cela, l’enquêteur peut être mis en oeuvre dans la conversation, c’est à dire qu’il peut être interrogé : “«L’interrogation tend à devenir une socioanalyse à deux dans laquelle l’analyste se trouve pris et mis à l’épreuve, autant que celui qu’il soumet à l’interrogation».

Il faut faire plus que recueillir le « discours naturel(…)mais aussi construire scientifiquement ce discours de telle manière qu’il livre les éléments nécessaires à sa propre explication ». Il faut pouvoir décrire les instruments utilisé, pas seulement les données sociolinguistique, faire plus que d'écouter les mots mais en comprendre l’ensemble, construire la compréhension de ce qui est dit et de ce qui n’est pas dit.

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