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La globalisation des processus d'innovation et la mondialisation des développements technologiques contribuent-ils à réduire ou à accroître les écarts économiques et sociaux dans le monde ?

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retourne vers elle et lui impose ses problématiques. Maintenant que le monde est interconnecté, comment sera géré mondialement ce bien crucial qu’est l’innovation ? L’innovation, comme l’information par exemple, est un bien très volatile. Elle circule donc dans le monde. Et elle a pour objectif premier d’améliorer le quotidien des sociétés. D’où la question, naissant du croisement entre la définition de l’innovation et le contexte de la mondialisation : la globalisation des processus d'innovation et la mondialisation des développements technologiques contribuent-ils à réduire ou à accroître les écarts économiques et sociaux dans le monde ? Les mots « globalisation et mondialisation » sont, selon Maria Harvey, « souvent pris comme synonymes dans la langue française ». Elle montre cependant que l’économiste Cohen limite la définition du mot « mondialisation » à « l'extension du commerce international avec certains pays en développement », tandis que l’économiste Giraud voit plutôt la mondialisation comme synonyme de « globalisation », c'est-à-dire « comme étant le passage progressif de croissances autocentrées à des croissances plus ouvertes et exposées à la concurrence internationale ». Pour ne pas entrer dans le débat et avoir la vision la plus large possible, les deux termes seront considérés comme synonymes.

Il est impossible de répondre à la question sans faire d’autres définitions bien plus larges. La première étape consistera donc à poser les termes du débat, à comprendre ce que représente la globalisation des processus d’innovation ainsi que ses effets ambigus sur les écarts économiques et sociaux dans le monde. La seconde étape aura pour objectif de comprendre et d’expliquer ces ambiguïtés pour en trouver les solutions.

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En premier lieu, il importe de poser le cadre de l’analyse. Il s’agit de comprendre ce qu’est l’innovation, car le terme fait débat, et d’appréhender les différentes globalisations technologiques qui ont chacune leurs caractéristiques propres. Ensuite, il faut constater les liens entre ces technologies et les écarts économiques et sociaux dans le monde.

D’abord, qu’est-ce que l’innovation ? Le mot peut être compris selon plusieurs manières. Selon Marc Giget, professeur au Conservatoire national des arts et métiers, le mot « innovation » a servi à remplacer le terme « progrès », moins neutre. Mais la signification désigne à peu près la même chose. Une innovation n’est pas une fin en soi. Comme le progrès, c’est une « force positive qui arrache l’humanité dans son ensemble à ses misères et à ses servitudes. (…) Kant voit dans le progrès non un concept explicatif, mais une idée régulatrice, un idéal de la raison vers lequel nous devons tendre », selon le Dictionnaire de Philosophie. Pour en donner une définition plus concrète, on peut citer Schumpeter, qui distinguait cinq catégories d’innovation : la fabrication de biens nouveaux, des nouvelles méthodes de production, l'ouverture d'un nouveau débouché, l'utilisation de nouvelles matières premières, la réalisation d'une nouvelle organisation du travail. Ce sont ces innovations que nous étudieront de façon globale. Ces types d’innovation, dans le contexte de la mondialisation, ont tendance à être mondialisés, répandus et appliqués avec plus ou moins de succès. Cependant, cette globalisation des technologies ne se fait pas de manière uniforme. Daniele Archibugi et Carlo Pietrobelli distinguent plusieurs types de mondialisations technologiques, avec chacun une implication particulière. Selon eux, la première manière de répandre une découverte ou l’application de cette découverte est l’exploitation internationale de technologies développées dans un pays particulier. Ce type d’expansion permet au pays exportateur de conserver une marge sur le produit développé, auquel nul ne peut encore trouver d’alternative. Il lui permet ensuite de vendre des brevets. Enfin, la technologie ainsi répandue permet au pays exportateur d’installer des IDE dans les pays d’accueil et de faire fructifier ces IDE. Par exemple, les ventes d’AIRBUS français en d’autres pays permet à la France d’installer plus facilement des capitaux dans les pays ayant acheté les avions. La seconde manière de répandre une technologie est la production globale d’innovation. Concrètement, il s’agit de la production dans des laboratoires affiliés à une multinationale d’une nouvelle technologie. Cette technologie est ensuite appliquée à tous les échelons de la multinationale, et se trouve ainsi exportée et appliquée directement dans une multiplicité de pays. La technologie peut être soit développée au cœur de la multinationale, puis répandue dans toutes les filiales, soit développée dans des unités de production locales et appliquées sur place voire même extrapolées à toute la multinationale. Il y a une foule d’exemple à ce sujet. Ainsi, toutes les entreprises qui délocalisent exportent leurs technologies dans les pays d’accueil. Un autre exemple pertinent est le cas des chaînes de distribution. Carrefour, présent en Chine, a ainsi exporté son modèle de distribution. Enfin, le troisième moyen de répandre une technologie de façon mondiale est la collaboration scientifique internationale. Cette collaboration peut aussi naître entre deux firmes, souvent situées dans des pays différents. Elle concerne le secteur privé, mais aussi le secteur public. Une bonne illustration est la collaboration entre différentes universités de recherches, très courante aujourd’hui. Les partenariats d’université pour procéder à des échanges d’étudiants sont aussi une manière de répandre les nouvelles technologies. Un autre exemple est la coopération européenne en matière de nucléaire. Le traité Euratom avait ainsi pour objectif de promouvoir la recherche nucléaire en Europe à des fins pacifiques. L’objectif est de réduire les coûts de recherche et d’accroître les chances de recherche fructueuse.

Ces processus de globalisation technologique devraient avoir un effet positif sur la réduction des inégalités dans le Monde. En effet, selon les économistes, l’un des principaux facteurs de croissance d’un pays sur le très long terme est l’innovation. L’accès de chaque pays à l’innovation devrait être donc positif pour l’économie des pays concernés, d’où une réduction des inégalités entre Nord et Sud. On connaît la fracture Nord-Sud. La mondialisation des innovations en réduit-elle la pertinence ? On peut en douter. Daniele Archibugi et Carlo Pietrobelli montrent que la part des pays en développement dans l’innovation est relativement « négligeable ». Les différents indicateurs, comme le nombre de brevets déposés, le nombre de chercheurs basés dans le pays, le nombre d’ouvrages scientifiques publiés prouvent que l’innovation demeure concentrée dans les pays de la Triade, les pays développés et, dans une moindre mesure, les pays émergents. Ainsi, l’ « Institute for Scientific Information » donne un chiffre révélateur : 84% de la production du monde scientifique est concentrée au Nord. Ces chiffres, certes, évoluent en faveur du Sud et des pays émergents, mais de façon modérée. Et en 2000, 94% des brevets étaient des brevets déposés au Nord : ce qui est préoccupant, car un brevet est assigné au pays de résidence du chercheur qui l’a développé. Or, on ne peut pas dire que 94% des chercheurs soient des chercheurs nés dans la communauté des Etats développés. Un phénomène se profile derrière ces données, celui du Brain Drain, de la fuite des cerveaux du Sud vers le Nord. Car, selon Daniele Archibugi et Carlo Pietrobelli, certains pays du Sud ont tout à fait la capacité de former des chercheurs, des ingénieurs.... Cependant, le manque d’infrastructures et le manque de moyens provoquent cette fuite des cerveaux. Même si elle n’a pas que des désavantages pour le Sud, cette fuite est préoccupante. Comment expliquer de telles disparités, qui nous prouvent que Nord et Sud ne jouent pas avec les mêmes armes sur le terrain de l’innovation, ce qui ne peut qu’accentuer la fracture Nord-Sud ? Les mécanismes de globalisation des innovations ne fonctionnent-ils pas ? Ou bien ont-ils un effet pervers ? Il faut les analyser les trois un par un, selon la typologie qu’on en a donné. L’exploitation internationale de technologies développées nationalement dans un pays particulier montre que ces technologies ne sont exportées que dans un nombre restreint de pays en développement. Ces pays se divisent en deux groupes : ceux qui ne font qu’imiter les innovations développées dans les pays les plus avancés, comme par exemple la Malaisie ou le Mexique, et ceux qui, après avoir imité les pays du Nord, ont développé leurs propres technologies. Une illustration de ces pays est Taïwan. Mais le reste des pays du Sud demeure oublié de ce type d’internationalisation technologique. La production globale d’innovation par le biais des multinationales suit des logiques similaires. Les indicateurs nous montrent que les firmes basées au Nord développant des brevets et des nouvelles technologies répugnent à développer ces derniers dans des pays étrangers. Pas plus de 10% (en 2003) des techniques du Nord ne sont développées dans des pays étrangers. Les départements de Recherche et Développement demeurent dans les pays développés. Malgré les écarts significatifs de salaires entre pays développés et pays en développement, les multinationales préfèrent laisser leurs départements de recherche au Nord. Pourquoi ? Une exception,

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