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Le Contrôle Social

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règles. On peut distinguer le contrôle social formel et le contrôle social informel.

Il faut faire la distinction entre les normes descriptives (température dans les normales saisonnières) et les normes prescriptives (tu ne tueras point).

Dans le 2ème sens, norme et normalité se définissent par un but : quasi naturel (phénomènes biologiques) ou défini par les décisions des hommes (normes légales, scolaires…).

Il y a également un 3ème sens où les normes présupposent les critères du bien et du mal (exigences morales). Il s’agit de créations humaines, car la nature n’a aucun but, et donc il n’y a ni bien ni mal.

Toutefois, l’individu n’est jamais totalement prisonnier des normes héritées (c’est même la violation des règles, des normes qui permet à la société d’évoluer). Mais il n’est jamais totalement libre (par exemple le langage).

Cette évolution est visible dans l’art, par exemple. A certaines périodes il faut respecter des règles (en peinture : les couleurs, les proportions, les sujets…). Certains peintres vont transgresser ces normes (par exemple l’impressionnisme et la dissolution du contour dans la vibration de la lumière), ou plus tard Picasso. Mais pour les transgresser, ils sont obligés de connaître les règles.

Donc cela montre que les normes évoluent dans l’histoire d’une société.

Ainsi, dans nos sociétés occidentales, il y a encore seulement un siècle ou deux, la remise en cause de la suprématie sociale, morale, juridique (propriété, mariage, succession, etc.) et intellectuelle des hommes sur les femmes était une déviance intolérable tandis que c'est aujourd'hui son affirmation qui l'est. L’avortement était un crime jugé particulièrement immoral et sévèrement puni tandis que l'on réprime aujourd'hui les catholiques intégristes qui contestent la liberté d'avorter. L’homosexualité était considérée comme une perversion haïssable et méritant de sévères châtiments tandis que c'est aujourd'hui une revendication identitaire largement perçue comme légitime et sans doute bientôt reconnue par le droit. La mendicité était un délit qui pouvait conduire un clochard aux travaux forcés à vie dans un bagne tandis qu'elle fait aujourd'hui l'objet d'une compassion et d'une prise en charge croissantes. L’obéissance des enfants était une obligation indiscutable et les punitions corporelles la sanctionnaient légitimement en famille comme à l’école tandis que le non respect du " droit de l'enfant " est aujourd'hui regardé comme un abus d'autorité odieux.

Inversement, l’évolution des sociétés modernes conduit à pénaliser des comportements jadis tolérés voire considérés comme normaux : certaines formes de corruption, certaines formes d’atteinte à l’environnement (chasse, pollution automobile, pollution agricole), certaines formes de violences " morales " (le harcèlement sexuel simplement oral, le propos raciste, et peut-être bientôt ce que les Américains appellent le political correctness, cette sanction informelle de l’individu qui prononce certains mots tabous ou qui ne prononce pas certaines formules rituelles s’agissant du respect des femmes, des minorités raciales, de certaines règles de politesse, etc.).

Enfin, l’évolution des normes sanitaires conduit aussi à pénaliser certaines pratiques très ordinairement répandues comme l’acte de fumer. Aujourd’hui, l’individu qui allume une cigarette dans un hall de gare est un délinquant puisqu'il enfreint la loi. Il y a à peine quelques années, dans la même situation, il était un individu parfaitement normal. De la même façon notre société réprime aujourd'hui fortement la conduite en état d'ébriété qu'elle tolérait jadis.

IV.2. La production des normes sociales

On peut se demander qui crée les normes et comment les normes voulues par les uns peuvent être adoptées et imposées à l’ensemble d’une société.

Pour Durkheim, la norme juridique découle de la norme sociale, c’est-à-dire que le droit est une cristallisation des mœurs. Pour lui la source des normes c’est le groupe, les sentiments collectifs.

Les normes juridiques : elles sont produites par des spécialistes (professeurs de droit, juristes…) qui possèdent le pouvoir. C’est la même chose en politique économique (règle de l’équilibre budgétaire pour les classiques, ou possibilités de déficit pour Keynes). Donc il y a un affrontement des spécialistes pour obtenir le pouvoir intellectuel et imposer des normes (notamment à l’Université).

Bourdieu va montrer dans ses différents livres que les normes sont imposées par la classe dominante :

La domination culturelle : définition des normes en matière de culture (par exemple classique/non classique, ou la BD longtemps vue comme non culturelle) ;

Le langage (« Ce que parler veut dire ») : il y a langage normatif ; ainsi les élèves qui entrent à l’école anticipent des chances de récompense ou des sanctions promises à tel ou tel type de langage. Ainsi, le professeur de français a des exigences impératives en matière d’expression. Donc il enseigne, à l’oral surtout, des choses qui ne devraient pas l’être si tout le monde avait des chances égales d’avoir cette capacité de langage. Donc le professeur est une sorte de juge qui a le droit de correction et de sanction sur les élèves. On peut même avoir, pour les classes moyennes un phénomène d’hyper correction, et d’hypo correction pour la grande bourgeoisie. On ne peut y échapper, sinon en changeant les rapports de domination dans la société.

Toutefois, dans certains groupes scolaires (par exemple en lycée technique de banlieue) la norme linguistique peut s’imposer (contre-norme scolaire).

Le langage dominant peut avoir des effets politiques : « il le dit bien, donc cela a des chances d’être vrai ».

Le professeur peut refuser de corriger le langage de ses élèves, mais ce faisant il compromet les chances de ses élèves sur le marché matrimonial, le marché économique où les lois du marché linguistique dominant continuent à s’imposer.

Les goûts : en matière de sports, de loisirs, vêtements, conjoints, musique, aliments… La phrase « les goûts et les couleurs ne se discutent pas » est contestable.

Tout d’abord, pour qu’il y ait des goûts, il faut des classements : bon/mauvais, distingué/vulgaire… Il faut que les individus aient des principes de classement (ce qui est à leur goût).

Normalement le goût préexiste aux biens capables de le satisfaire (« je n’ai rien trouvé à mon goût »). Mais quelquefois des biens précèdent le goût des consommateurs (par exemple en peinture, en musiques nouvelles…).

Les goûts vont s’engendrer entre une offre et une demande. L’offre est souvent le résultat de conflits (nouveaux peintres/peintres dépassés, nouvelles musiques, nouvelle cuisine…) et l’imposition de modèles dominants.

Mais il peut y avoir un retour au passé (intégrisme catholique, réédition de CD…). Donc, il va y avoir changement dans la production de biens et services et en même temps changement dans la production de goûts.

Les goûts vont se déplacer en fonction de l’offre (+ de radios, prix du disque moins cher… Ce qui entraîne une translation des goûts).

Mais la consommation est aussi une consommation ostentatoire (montrer son appartenance à un groupe social). Par exemple aimer la musique classique : appartenance à la classe dominante. Mais il y a aussi démocratisation, il faut donc chercher de nouveaux moyens de distinction (préférer Berg à Beethoven, par exemple)… Donc certains biens vont être déclassés, car trop populaires : Vivaldi, Albinoni…

Les goûts alimentaires sont également déterminés par le milieu social auquel on appartient (cf. La distinction).

C’est vrai aussi pour le sport : les classes populaires privilégient les sports exprimant la peine et la souffrance (boxe, foot…), les classes favorisées ceux qui expriment le culte de la forme (gym, yoga, jogging…) ou ceux qui cultivent la rencontre (tennis, golf, polo…).

Toutefois Bernard Lahire, dans son livre « La culture des individus » fait un examen plus détaillé des choix individuels et montre que, dans toutes les couches de la société, l'hétérogénéité est présente. On peut être très diplômé et avoir des goûts musicaux populaires, visiter Eurodisney, préférer les films d'action et s'affaler le soir devant « Star Academy ». Inversement, être ouvrier-manœuvre n'empêche pas de lire les prix Goncourt, de préférer les chansons « à texte », et de regarder plus souvent les émissions d'actualité politique que les matchs de football. 79,3 % des enquêtés (3 000) sont « dissonants », c'est-à-dire ont au moins une préférence culturelle qui ne présente pas le même degré de légitimité que les autres. Considérée dans sa plus grande amplitude (c'est-à-dire, par exemple, aller à l'opéra et se passionner pour « Loft Story »), la dissonance se réduit à 60 %, mais reste majoritaire par rapport à l'ensemble des profils présentant une dominance « légitime » ou « peu légitime ». Quant aux individus parfaitement « consonants » (21,7 %),

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