Le Quotidien En Éducation Spécialisée

Par la suite il voyage ( Inde) et essaye de travailler dans l'éducation nationale. C'est en 1970, avec sa femme qu'ils décident d'ouvrir un lieu d'accueil. Ils habitent alors une ferme avec différents élevages. Il ouvre une imprimerie ainsi qu'une petite maison d'édition. « Dans un tel lieu l'objectif était bien, comme il doit l'être je pense dans toute forme d'éducation, de permettre à chacun de trouver sa place dans l'espace social, mais surtout de découvrir sa raison de vivre ». En 1975 il commence sa formation d'éducateur spécialisé. C'est l'occasion pour lui de mettre en mot toutes les expériences qu'il a pu vivre précédemment. Il se met alors à travailler auprès de différentes populations : psychotiques, délinquants, toxicomanes. Il a rapidement le souci de partager ce qu'il vit, il s'oriente alors vers la formation. Parallèlement il effectue un travail de cure analytique. Joseph ROUZEL est aujourd'hui psychanalyste en cabinet et formateur. Diplômé en ethnologie de l'École des Hautes Études en Sciences Sociales, DEA d’études philosophiques et psychanalytiques. Il est connu dans le secteur social et médico-social pour ses ouvrages et ses articles dans la presse spécialisée.

Ses prises de position questionnent une éthique de l'acte dans les professions sociales et visent le développement d'une clinique du sujet éclairée par la psychanalyse. Il intervient en formation permanente, à la demande d’institutions, sur des thématiques, en supervision ou régulation d’équipes. Il intervient dans des colloques et anime des journées de réflexion, en France et à l’étranger. Il a créé et anime l’Institut Européen «Psychanalyse et travail social » (PSYCHASOC / psychasoc.com) dont les formateurs dispensent des formations permanentes en travail social et interviennent à la demande dans les institutions sociales et médico-sociales. Il anime le site ASIE (asies.org) consacré aux questions de supervision en travail social Joseph Rouzel a aussi monté deux maisons d'éditions : érès et le Champ Social. Il dirige aujourd'hui la collection psychanalyse aux éditions du Champ Social. Lorsqu'on suit son parcours on remarque qu'il a toujours eu le souci de la transmission. Il est convaincu de l'utilité de l'écrit et que la profession gagnerai à être connue et reconnue. A la fois pour le métiers d'éducateur mais aussi pour les éducateurs eux même. L'écrit permet, à son sens, de prendre de la distance et de laisser une trace, il permet de sortir des « on dit » et des légendes. C'est donc dans cette « lutte » pour faire écrire les éducateurs que ce livre prend place. Ce livre est écrit peu après 2002, après la promulgation de la loi 2002-2 qui remet l'usager au centre des pratiques. Au travers de cet ouvrage on perçoit l'inquiétude qui parcours le secteur à ce moment liés aux changements imposés par la loi.

II)Présentation de l'ouvrage

Le quotidien en éducation spécialisée est un ouvrage de 197 pages réparti en trois parties et divisés en 11 Chapitres. Les chapitres suivent un développement logique. L'auteur part d'une définition simplifiée du quotidien pour en affiner les contours, au fur et à mesure des pages. Dans sa première partie il aborde les différents points théoriques ( étymologie, psychologique et psychanalytique). La fin de la partie I ( Chapitre 5 et 6) consiste à mettre en relation ces concepts avec la réalité. L'auteur passe donc par des exemples concrets. La partie II, dessine le quotidien de l'éducateur spécialisé. Il présente l'institution et positionne l'éducateur en acteur : l'institution sera ce que les éducateurs en feront. J.ROUZEL s'appuie beaucoup sur l'étymologie pour introduire ses concepts. Cela permet de voir sous un autre angles des mots que nous utilisons tous les jours comme interdit ou inter-dit. Les 3 derniers chapitres de la partie II traitent chacun d'un aspect du quotidien éducatif ( Rites et Rythmes,

l'internat, la violence). Le 11ème chapitre est consacré à l'écriture au quotidien des éducateurs. Cet ouvrage se termine par une III ème partie où l'auteur nous livre pèle mêle des phrases recueillies au cours de sa carrière de formateur. Il s'agit de citation de grands auteurs ou simplement de paroles d'éducateurs.

III)Choix d'un chapitre et résumé de ce chapitre

J'ai choisi le chapitre 7 : L' éducateur un passeur du quotidien. En introduction l'auteur synthétise la théorie qu'il a exposé dans les chapitres précédents. Théorie qui dit qu'à coté d'une certaine routine doit persister l'accueil de l'imprévu. Que le quotidien malgré sa répétition doit laisser place au nouveau à l'inattendu. Il replace ensuite cette théorie dans la pratique de l'éducateur spécialisé. Il dit que l'éducateur est le « gardien du quotidien » en laissant une place à l'inouï. Imprévu vient nous déranger, c'est son rôle. C'est l'appel de la vie. Il précise que tous les projets sans exceptions sont soumis au ratage, qu'il est important d'en avoir conscience. Après cette synthèse l'auteur nous dit que l'éducateur s’appuie sur quatre dimensions principales pour assurer le quotidien : L'espace et les lieux, le temps, le groupe et la relation éducative. Il consacrera une sous partie du chapitre à chacune des dimensions. L'espace et les lieux L'auteur commence son propos en nous montrant que l'espace traduit la volonté des personnes qui l'ont pensé. Il prend l'exemple d'un établissement construit pour accueillir un système panoptique ( système qui vise à ne laisser aucune intimité aux résidents). Les murs sont porteurs d'une histoire et sont souvent le support de divers légendes au sein des établissements comme par exemple les fantômes qui hantent les sous sols. Il est donc nécessaire de réfléchir en amont à l'aménagement des espaces. L'institution doit organiser et favoriser la circulation des personnes. Il est important de différencier les espaces, les points de passage ( seuil des portes), les zones d'entre deux. J.Rouzel poursuit son propos en montrant que les espaces créent du symbolique. Les sujets sont amenés à projeter leurs angoisses sur les lieux, surtout dans les zones de passage. Il prend l'exemple d'un jeune psychotique qui n'arrive pas à passer une porte de peur que la pièce qu'il quitte disparaisse. L'espace permet de classer, de produire et de créer de la différence. La sous partie se termine en précisant que c'est le langage qui permet d'habiter l'espace, d'habiter le monde. Le temps

Le temps est « l'organisateur de la présence au monde », il permet de séparer le présent du passé, du futur. Il est impossible de changer ce qui s'est passé, mais il est possible d'amener le sujet à donner du sens. Cela passe par la mise en mots. Le temps est très présent dans les institutions, il rythme le quotidien ( repas, douches, classe) des usagers. Ce rythme permet de structurer les résidents bien souvent en manque de repères. A l'image de l'espace les temps doivent être délimités et différenciés. Il y a un temps pour chaque chose (jouer , dormir). Il est donc important qu'une institution puisse donner le temps. Chez les grecques il y avait deux types de temps : –Kronos : le temps qui s'écoule –Kaïros : le temps propice, l'imprévu Le temps et l'espace permettent l'insertion d'un sujet dans le collectif. C'est en partageant des temps, des lieux, des règles que le sujet peut s'insérer. Le groupe Le groupe est l'outil favori des éducateurs. Les éducateurs sont garants du cadre, mais ne maîtrisent pas ce qu'il peut s'y passer. Le groupe, nous dit l'auteur, c'est l'accueil de l'imprévu. L'éducateur doit mettre en place des espaces où l'on se parle, où l'on fait des choses ensemble. L'auteur finit cette sous partie en nous mettant en garde contre l'accélération du temps, qui empêche de prendre le temps de faire les choses. Il nous dit de ne pas tomber dans le « faire à tout prix » sous prétexte de justifier de notre temps auprès d'un employeur ou d'un décideur. La relation éducative Il développe ici la théorie des transferts dans la relation éducative. Il dit que les éducateurs sont constamment aux prises avec des transferts et qu'il est important de s'en apercevoir ou du moins d'en avoir conscience. Le transfert c'est le fait que la personne prise en charge transfert dans l'éducateur l'image d'une personne supposée savoir ( PSS). Il précise que cette PSS est bien souvent l'image du père tout puissant ou de la mère dévouée. Seulement l'éducateur ne peut être cette personne, sous peine de tomber dans la toute puissance qui ne serait bénéfique pour personne. Il lui faut donc transférer le transfert. Pour cela l'éducateur utilise les médiations à sa disposition. J.Rouzel prend l'exemple d'un jeune homme qui s'est mis à la poterie par « admiration » pour l'éducateur qui s'occupait de cet atelier. Il est alors tombé sur une difficulté, l'apprentissage. Avec le

soutient de l'éducateur le jeune a pu faire sa première réalisation et petit à petit réussir

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