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A Une Passante

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e l’on imaginer éventuellement à la terrasse d’un café est comme isolé. Ceci est traduit par l’isolement par la coupe irrégulière du pronom « moi » à l’entame du v 6 ainsi que par le redoublement de la première personne « Moi, je ». De la même façon, le pronom « moi » au v 1 semble signifier une certaine marginalité, que confirme l’image de l’extravagant rencontrée au v 6.

Ces éléments renvoient à un état de mal-être : le SPLEEN baudelairien. Ceci explique que le poète semble figé alors que la jeune femme incarne au contraire, par contraste, la mobilité.

En dehors de la vision de cette femme, cette ville est assimilée à la nuit du poète (v 9), métaphore de l’état du poète.

Cet état de spleen conditionne sans doute la violence de cette rencontre.

2 – Un « coup de foudre » :

C’est en effet un coup de foudre que relate ici Baudelaire, ainsi que le signifie l’image de l’éclair au v 9.

La violence de cette rencontre aussi soudaine qu’inattendue est traduite par le v9 :

- antinomie de la lumière et de l’obscurité, renchérie par des termes qui suggèrent une certaine intensité : la nuit = obscurité totale, absolue/ l’éclair est une lumière intense, qui aveugle.

- L’adverbe « puis » signifie la successivité extrêmement rapide de ces états

- Les points de suspension suggèrent l’aveuglement, l’éblouissement du poète

- L’exclamation souligne l’intensité, la violence des sentiments

- Le terme « nuit » se trouve en outre mis en relief par la proximité de l’exclamation et par sa position à la césure (hémistiche).

- De plus l’adjectif « fugitive » indique le caractère fulgurant, éphémère de cette vision

- Le tiret isole ce 1er hémistiche et insiste sur le sentiment de vide et de néant qui succède à l’éblouissement

On perçoit en outre une violence latente grâce à tout un réseau lexical distillé au fil du texte : « hurlait » v 1/ « crispé » v 6/ « l’ouragan » v 7/ « tue » v 8.

Si cette violence infuse ainsi le sonnet c’est parce qu’elle reflète l’état du poète, toujours soumis à des sentiments extrêmes. On peut parler d’état paroxystique du poète, qui, en raison d’une hypersensibilité, ne peut vivre les choses comme le commun des mortels.

II – Une femme de choc ou la vision paroxystique du poète :

Face à cet état de spleen qui caractérise le poète en mal d’Idéal, la femme devient quête d’Idéal, muse susceptible de conduire le poète à la création poétique et au Bonheur.

1 – La beauté idéale :

Le choc produit par cette femme s’explique d’abord par sa beauté. Le poète en propose une vision méliorative :

- termes comme « longue, mince » « majestueuse » « fastueuse » : ils mettent en valeur la silhouette

- on note la beauté sculpturale de cette femme : « noble »/ « fugitive beauté » v 9 + analogie avec une œuvre d’art suggérée par la métaphore « avec sa jambe de statue » v 5

Le poète insiste également sur son élégance, notamment dans sans son déplacement.

Cette grâce est soulignée par le rythme du v 2 lui-même, consacré à l’apparition soudaine de cette femme. La multiplication de coupes qui crée un effet de cadence majeure (groupes de mots de plus en plus longs : 2-2-3-5) mime le déplacement majestueux, la démarche alerte de cette femme

De la même façon il insiste sur sa légèreté : longue, soulevant, balançant, le feston et l’ourlet. L’allitération en [L] imite cette légèreté.

En outre les gérondifs « soulevant, balançant » suggèrent une certaine vivacité, et confère à sa démarche un rythme dansant et gracieux.

Sa beauté est également signifiée par l’hypallage « main fastueuse » : il s’agit ici pour le poète de souligner le raffinement de cette femme, une idée que se trouve renchérie par la rencontre à la rime des deux adjectifs « majestueuse » et « fastueuse ».

Le terme éclair peut aussi souligner l’éclat de cette beauté.

Cette femme semble incarner une beauté idéale, paroxystique, qui ne peut que transporter le poète. Elle détone au milieu de ce lieu agressif et inhospitalier et elle cristallise tous les espoirs du poète.

2 – Une femme cependant duelle :

Cette femme porte d’abord une part de mystère :

- il s’agit d’une inconnue, l’article indéfini du titre le souligne, elle n’est désignée que par son action (elle passe). Le titre souligne son anonymat. Même chose au v 3 « Une femme »

- sa description est extérieure.

- Cette femme est donc une belle inconnue, et le poète insiste sur cet incognito avec les verbes « j’ignore » et « tu ne sais »

Toutefois il lui suppose une douleur avec l’expression « en grand deuil » renchérie par l’image « douleur majestueuse » : elle semble incarner la douleur mais elle semble aussi composer avec cette douleur (faire avec elle), comme si elle la dépassait : ce que suggère le contraste entre le vêtement de deuil et la légèreté de la démarche.

La métaphore « son œil, ciel livide » évoque aussi cette douleur.

Mais on note également qu’il insiste sur la dualité de cette femme :

- opposition entre sa légèreté et sa douleur

- antithèses du v 8 « La douceur qui fascine et le plaisir qui tue »

- l’absence de coupe dans ce vers suggère la coexistence de ces deux pouvoirs, leur exercice simultané.

- La conjonction de coordination ET souligne également cette coexistence

- A noter que cette antithèse est renchérie par le parallélisme de construction (GN + relatif+ verbe).

La femme semble destructrice sous des apparences de douceur. Cette idée est également traduite par la métaphore céleste du v7 « ciel livide ». Le terme livide peut signifier une certaine platitude, un état où rien de se passe, tandis que le mot « ouragan » connote le déchainement et la violence des éléments. Cette image suggère la passion amoureuse et sa dimension dévastatrice. Baudelaire renouvelle ainsi le motif de la passion et de l’amour dual.

Ces pouvoirs se trouvent illustrés dans le poème même par l’évocation des réactions du poète :

- au v 6 « crispé comme un extravagant » : une notation qui connote une certaine douleur. Le terme extravagant évoque même la folie

- v 10 « Dont le regard m’a fait soudainement renaître » : le verbe renaître témoigne du pouvoir salvateur, du pouvoir de vie de cette femme. Si on le relie au terme « éclair », on constate même que cette femme illumine le poète, le sort de sa nuit et de son spleen.

- Mais le terme « nuit » évoque en contrepoint la mort, un état léthargique.

On peut cependant se demander si cette femme est réellement duelle ou si ce n’est pas plutôt le poète qui connaît un état de schize, entre le spleen et son rêve, son désir d’idéal. Il semble en effet transposer l’oscillation des différents états à l’origine de son malaise sur cette rencontre et sur cette femme.

III – Un état qui voue finalement la rencontre à l’échec :

A peine évoquée cette rencontre apparaît vouée à l’échec.

1 – Une communication impossible :

- l’idée est présente dès le titre : la passante est par définition celle qui ne reste pas, avec laquelle la communication est impossible. Le terme suppose un mouvement, un déplacement et il s’oppose alors à la fixité du poète, suggérée notamment par le participe passé « crispé ».

- il suggère également une présence éphémère, qui ne peut pas s’inscrire dans la durée. La vue de cette femme tient du mirage.

- Cette idée se trouve reprise au v 3 avec le verbe

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