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Comment GrossirVous vous trouvez trop maigre, ou encore vous souhaitez prendre du muscle rapidement ? C'est la prise de masse qu'il vous faut. Les avis sont souvent partagés : la prise de masse est-elle réellement utile pour quelqu'un de naturel (n'util

Dissertations Gratuits : Comment GrossirVous vous trouvez trop maigre, ou encore vous souhaitez prendre du muscle rapidement ? C'est la prise de masse qu'il vous faut. Les avis sont souvent partagés : la prise de masse est-elle réellement utile pour quelqu'un de naturel (n'util. Rechercher de 53 000+ Dissertation Gratuites et Mémoires
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doit se détruire et succomber. Il est dans sa vocation de passer outre, y compris à elle-même et à ses outrances. Il est en fin de compte dans la nature de la poésie de se dégager toujours de la poésie, car elle est de toutes les eaux courantes, selon le mot de René Char, "celle qui s'attarde le moins aux reflets de ses ponts". Ainsi que l'écrira Paul Celan dans "le Méridien", "le poème aujourd'hui (...) montre, à l'évidence, une forte propension à se taire." Or le poème tend à s'imposer silence quand "il est au fort de lui-même", c'est-à-dire rivé à sa possibilité la plus propre, au plus près de son identité de poème, à laquelle, précisément, il ne peut se tenir "qu'en s'arrachant sans cesse de son déjà plus vers son encore."

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Selon la leçon rimbaldienne, écrire implique tout d'abord de se rendre attentif et présent à tout ce qui existe. Cela veut dire aller "par la Nature, -heureux comme avec une femme", marcher "sous les tilleuls verts de la promenade", contempler les "sujets naïfs" de la tapisserie et les yeux vifs de la serveuse du "Cabaret-vert", observer intensément les "Assis" qui font tresse avec leur siège, être là, s'imprégner de tout.

Mais écrire, c'est aussi voir beaucoup plus que ce que l'oeil est capable d'appréhender. C'est convoiter toujours davantage que ce qu'il est possible de saisir. C'est faire dans ce qui est l'expérience de ce qui n'est pas. C'est provoquer ce que Michaux appelle une "crise de la dimension". C'est donc développer de prodigieux "il y a" imaginaires :

"Au bois il y a un oiseau, son chant vous arrête et vous fait rougir.

Il y a une horloge qui ne sonne pas.

Il y a une fondrière avec un nid de bêtes blanches.

Il y a une cathédrale qui descend et un lac qui monte.

Il y a une petite voiture abandonnée dans le taillis, ou qui descend le sentier en courant, enrubannée.

Il y a une troupe de petits comédiens en costumes, aperçus sur la route à travers la lisière du bois.

Il y a enfin, quand l'on a faim et soif, quelqu'un qui vous chasse."

Cette troisième section d'"Enfance" est curieusement suivie d'une quatrième où se multiplient les "je suis" comme autant d'autodéfinitions:

"Je suis le saint, en prière sur la terrasse, -comme les bêtes pacifiques paissent jusqu'à la mer de Palestine.

Je suis le savant au fauteuil sombre. Les branches et la pluie se jettent à la croisée de la bibliothèque.

Je suis le piéton de la grand'route par les bois nains; la rumeur des écluses couvre mes pas. Je vois longtemps la mélancolique lessive d'or du couchant.

Je serais bien l'enfant abandonné sur la jetée partie à la haute mer, le petit valet suivant l'allée dont le front touche le ciel."

"Il y a" ouvre ainsi la voie du "je suis". Et la devise du poète pourrait être "il y a, donc je suis". Il y a ce qui est, il y a ce qui n'est pas, donc je suis un autre. Ma propre identité est aussi innombrable que celle de la réalité qui m'entoure ou m'habite. Je suis tout ce que je puis être, tant que les mots veulent bien de moi.

Il faut au poète toujours en passer par le monde pour atteindre sa propre figure. La conscience qu'il prend de soi n'est pas séparable de l'appréhension de ce qui est, non plus que de la constitution de ce qui n'est pas en réalité. L'identité est tributaire de la désignation. René Char répète cela à sa manière :

"En poésie, c'est seulement à partir de la communication et de la libre disposition des choses entre elles à travers nous que nous nous trouvons à même d'obtenir notre forme originale et nos propriétés probatoires."

La poésie, en effet, est relation. Elle consiste en ce travail de figuration qui conjoint les objets épars du monde et établit leur identité "au nom d'une centrale pureté". Elle multiplie les cordes, guirlandes ou chaînes d'or que tend dans "Phrases" le funambule Rimbaud entre les clochers, les fenêtres et les étoiles avant de se mettre à danser.

Vouée à dire le singulier par le détour de l'altérité, la poésie constitue donc à la fois le langage le plus familier et le plus étrange. Elle fait à travers le plus proche l'expérience du lointain. Le bizarre, l'insolite et l'inquiétant que recherchait déjà Baudelaire deviennent avec Rimbaud et ses successeurs modernes, tels Celan, Rilke, ou Hölderlin, une véritable expérience de l'altérité : l'épreuve de cette étrangeté que le sujet est à lui-même. Dès lors, ce qui est senti comme radicalement étrange n'est autre que l'humain. Ainsi que l'écrit Martin Heidegger, "la poésie ouvre l'existence à son être-en-question(s) sans réponses." Elle est le lieu où l'homme demande à toutes les choses du

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