Faut-Il Dire Que Les Lois Sont Un Mal Nécessaire ?

tre les désirs des autres comme autant d'obstacles (Hobbes, Léviathan). Il faut donc que l'Etat vienne borner les désirs de chacun en créant des lois afin que les hommes puissent vivre ensemble en toute sérénité et non en inquiétude permanente de ce qui les attendra à chaque instant de leur vie, à chaque acte. La création d'une loi est le plus souvent justifiée de façon à faire le bien de l'humanité et à ce que l'homme puisse vivre en société. Cependant elles s'appliquent différemment selon la victime. Pour exemple, une condamnation au regard d'un acte perpétré contre un représentant de l'Etat sera prononcée alors qu'elle ne le sera pas si l'acte concerne un individu lambda. Cela peut paraître inéquitable mais néanmoins nécessaire aux respects de l'ordre public. «Dura lex, sed lex»: la loi est dure mais c'est la loi.

L'aspect contraignant pouvant entraîner une attitude de rejet voire d'insoumission, l'absence de gouvernement pourrait être un bien.

Partie 2

L'homme étant désigné comme un être doué de raison et de volonté, on peut émettre l'hypothèse qu'il pourrait se gouverner lui-même. Il aurait donc intégré les notions de justice et se poserait donc en «juste».

Cependant à l'état de nature, l'homme pourrait jouir de son penchant à l'agression, ne faisant aucun sacrifice. C'est pourquoi la remise en question des lois est surprenante dans le sens où l'homme a créé les lois afin de vivre en société et de devenir meilleur. De ce fait, elles constitueraient alors un mal non nécessaire à l'homme. Selon Freud dans Malaise dans la culture l'homme originaire était mieux partagé, étant donné qu'il ne connaissait pas de restrictions pulsionnelles. Tous désirs étaient assouvis. L'homme était heureux, vivait dans l'instant. A l'état civil, ou social, les contraintes et les désirs se sont multipliés et ces derniers ne pouvaient être toujours satisfaits. Les désirs se multiplient certainement sous l'effet de la contrainte. Plus l'homme est privé plus son désir sera grand. En somme, l'homme est devenu mauvais, égoïste, prenant plaisir à la souffrance, au mal d'autrui. Le fait d'interdire implique la possibilité de pouvoir briser ces interdits. Autrement dit, les lois établissent les interdits d'une société De plus, les hommes restent mauvais entre eux. On peut distinguer la conduite, qui est intentionnelle, du comportement, qui lui est un mécanisme. L'homme qui est conforme aux lois ne l'est que extérieurement, ses motivations peuvent être mauvaises. Il n'est d'ailleurs pas rare de voir des gens se servir des lois à de mauvaises fins. Une critique sévère de l'homme se développe alors: «A vous lire, vous nous donnez envie de marcher à quatre pattes.» disait Voltaire dans Le Mondain. Rousseau, lui, nous confie que «l'homme moderne est en quelque sorte tirailler par cette nostalgie du bonheur simple dont l'homme à l'état de nature lui donnerait les reflets et ses désirs propres au jeu social»(Les Confessions). Le but des lois peut être aussi de culpabiliser les forts, leur faire honte de leur supériorité naturelle pour qu'ils acceptent de s'abaisser au même rang que les autres en s'inclinant devant les mêmes lois. La loi servirait donc à dire qu'il est injuste et honteux de chercher à l'emporter sur le grand nombre, on décréterait que se serait commettre l'injustice. Selon Platon dans Gorgias «c'est justice quand le meilleur l'aura emporté sur le plus mauvais, et le plus capable sur le moins capable. Elle le montre et le remontre ou que ce soit, tant dans le reste du règne animal que chez les hommes, dans leur cité, dans leurs familles: ici ou la, le juste se sanctionne par le pouvoir du plus fort sur le plus faible; et au plus fort d'avoir plus.». Le plus fort impose sa loi, non pas qu'il est juste qu'il le fasse. L'instauration de règles juridiques n'a-t-elle pas précisément pour objectif d'éviter l'usage de la force, de régler les conflits par un autre biais que par la force ? Les lois sont d'ailleurs

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