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Roman

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l'exposé (Appendice C). Au début du cours, les explications de texte sur René et La Petite Fadette sont faites par moi-même et quelques étudiants de 4e année. Par conséquent, tous les exposés sont faits sur Madame Bovary ou La Bête humaine. La règle en classe dit que si quelqu'un fait une explication de texte sur un roman, il ne peut pas faire un exposé sur le même roman. L'Appendice D donne un exemple d'un quiz-surprise pour contrôler la lecture. L'Appendice E donne des questions de l'examen final (données en avance, mais écrites de mémoire). Les étudiants doivent aussi photocopier des pages trouvées dans un dossier en réserve à la bibliothèque: le dessin fait par C. Bertrand-Jennings, une de mes deux publications sur ce roman, dix pages du Dossier préparatoire de Zola (Section « Personnages » (12 folios) et naf 10274: folios 338, 346-7, 353-55, et trois images: une de la publicité mélodramatique pour le roman, une photo de la Tour Eiffel prise par Zola, et une image de Jacques dans la locomotive.2 Plus tard, pendant nos lectures, on discute le dessin de Bertrand-Jennings intitulé « L'oscillation des romans zoliens entre les deux pôles de la passion » qui met ce roman du côté des « instincts déchaînés ». Je mentionne quelques crimes de l'époque similaires à ceux du roman, le contrepoint voulu de Crime et châtiment de Dostoievski, et on regarde l'arbre généalogique de Zola, inclu dans leur édition du livre. On écoute deux extraits audio du roman au moment propice. De temps en temps, je fais référence aux critiques (voir le livre d’Alain Pagès, par exemple). Je refuse de leur montrer un film basé sur le roman puisque je crois que dès qu'on voit le film, il est très difficile de lire le roman sans y insérer des images du film. L'emploi du Dossier préparatoire rend possible de comparer les descriptions des personnages à celles du roman. On entrevoit aussi un peu du processus créatif de Zola, sa logique, mais aussi sa façon de faire souvent un choix exactement le contraire de ce qu’il a décidé si son idée ne fonctionne plus dans l’intrigue (naf 10274, folios 346-347). On sent que la fougue de son imagination et de sa syntaxe lui est plus importante que son orthographe. On voit également que les besoins de sa vision du monde, de son imagination, et du genre romanesque décident quels « faits », procurés des autres ou de ses propres notes, il accepte ou rejette. « Il faudrait avoir l'histoire, mettre d'abord l'histoire sur ses pieds » (naf 10274, folio 353).

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Rusthoven, Thea. "Comment enseigner La Bête humaine" Synergies Canada, No 1 (2009) Un autre grand objectif est de présenter la description romanesque sous un angle nouveau. L'analyse de la description est difficile pour les étudiants, donc c'est moi qui la traite la plupart du temps. La majorité des étudiants discutent des sujets plus traditionnels, tels que le développement des thèmes, des motifs, ou des personnages. Un sujet populaire est le lien dans le roman entre la violence et la sexualité. Quant à moi, mon but est de montrer que la description raconte l’histoire aussi bien que d’autres aspects du roman zolien. Les structures répétées descriptives (des couleurs en groupes de deux ou trois, par exemple) exigent une lecture différente de celle qui est plus traditionnelle où la description est vue comme un arrièrefond décoratif, plutôt statique, une sorte de pause photographique. Certains étudiants considèrent aussi les descriptions dans un roman de Zola comme des les transcriptions « réalistes » ou « naturalistes » (= « réalistes », mais plus sordides) du monde « réel ». Ces opinions les conduisent souvent à sauter, sans remords, les soi-disant morceaux descriptifs s'ils ont des mots trop difficiles à comprendre, puisque ces morceaux leur semblent moins importants ou prévisibles (i.e., « réalistes »); ces étudiants ne croient pas manquer l'essence du roman qui est pour eux l'action et le dialogue. Comme les vieux stéréotypes appliqués aux deux sexes, l'action et le dialogue romanesques sont considérés comme des moteurs directs, essentiels, et plus faciles à comprendre, tandis que la description est considérée comme passive, auxiliaire, et plus 3 mystérieuse. A l'encontre de ces attitudes, je leur démontre comment des binarités, des tensions descriptives organisent les idées, et relancent les actions dans le texte. En fait, les couleurs, à titre d'exemple, sont liées à tous les éléments du roman. Les structures chromatiques véhiculent les idées profondes du texte, telle que le surgissement de la violence rouge d’un néant noir, un abîme sans fin, hors du temps. Une analyse des couleurs montre aussi l’union des contraires (le « white-out » = le noir total, tous les deux aveuglants); cet isomorphisme éparpillé ici et là dans le roman surpasse la simple ironie – c’est un phénomène physique, psychologique et cosmologique. Le roman participe également au débat juridique sur la possibilité des criminels non-coupables en raison de la folie. Le débat entre la Nature (l'hérédité) et la Culture (l’environnement) comme sources de crime sous-tend tout le roman, quoique la Nature reste calmement indifférente aux souffrances des êtres humains. Et finalement le récit suggère l’existence d’une justice naturelle où les coupables sont souvent punis par des forces en dehors du système judiciaire (Flore, Jacques, Pecqueux, Misard). Les étudiants aiment travailler des questions telles que, « D'où vient le mal dans le roman? À qui la faute? Le mal vient-il vraiment d'une partie animale des gens, ou d'une partie humaine? » Peu à peu se dévoile la non-neutralité de tous les éléments dans le roman. C'est une « illusion du réel », pas une histoire « réaliste », « objective », ou tirée d'un « naturalisme scientifique ». On discute de comment des idées, des motifs, ou du vocabulaire, tirés le plus souvent de l’extérieur du texte, se trouvent révalorisés par le travail imaginatif et la vision du monde de Zola. Il renverse les données quasi-scientifiques auxquelles il emprunte: atavisme, théorie des tempéraments, typologie des criminels, et leurs soi-disant stigmates révélateurs, en faveur d’autres codes, ceux des échelles « Vie-Mort, » et « Propre-Sale », et surtout celui du « Masque ». Zola croit à la duplicité fondamentale de l’humanité: tout adulte dans le roman s'avère criminel, et même les jeunes innocents sont sur le chemin de la dégradation et de la criminalité. Donc, le code du masque--l'habit ne fait pas le moine-- englobe tout autre code de criminalité ou de tempéraments. Dans son désir d'être encyclopédique, Zola, quoique soulignant la passion déchaînée comme source de crime, rejoint Dostoievski en décrivant des crimes prémédités (par Misard, Philomène, Séverine, le sytème judiciaire). A la fin des explications de texte et des exposés faits par les étudiants, je donne mon sommaire: comme d’autres grands romanciers, Zola s’intéresse à la capacité du roman de démasquer les êtres humains, de jouer avec le décalage entre l'extérieur et l'intérieur. Notre plaisir de lire ce roman sanglant vient du défi de découvrir ce décalage et de comprendre sa complexité, surtout à partir des extérieurs contradictoires, ou ironiques. La Bête humaine est aussi un coup dur pour les théories quasi-scientifiques de l'époque ou les croyances folkloriques qui visent tous les deux à distinguer les criminels des non-criminels. Elles se trouvent renversées par Zola du fait que presque tout le monde est démasqué comme criminel. En fin de compte, le code du masque l’emporte sur le code criminologiste, et se trouve dans une liaison fragile avec le code des tempéraments. C'est l'aspect « roman noir » qui, sous beaucoup d'angles, englobe l'aspect « roman policier », ou celui du savoir--- tout comme le tunnel dans le roman dévore le fanal des trains, comme les cheveux noirs de Séverine assombrissent peu à peu ses yeux de pervenche, comme la fumée rousse aux yeux de Jacques submerge leurs points d'or, et comme, dans les rues, la pluie et la brume estompent la lumière faible des becs de gaz. 2

Rusthoven, Thea. "Comment enseigner La Bête humaine" Synergies Canada, No 1 (2009) Bref, j'espère que toutes ces discussions en classe, ponctuées par des explications de texte et des exposés, augmentent chez mes étudiants leur respect pour l'intégralité du roman, pour sa littérarité, et pour l’importance de la circularité de la lecture.

Appendice A: Les pages suggérées pour des explications de texte de La Bête humaine sont les suivantes :

Chap. II: 76-77 « Alors, lui, haletant....dont le sol tremblait ». (le mal de Jacques) Chap. V: 177-8 « Et, c'était vrai, il l'aimait d'amour....d'être graissée trop souvent ». (la Lison) Chap. IX: 279-80 « La vérité était que Roubaud ....indifférence ». (la déchéance de Roubaud) Chap. IX: 292 « Jacques, chaque jour, s'assombrissait ....l'idée fixe ». (Jacques lutte contre son mal) Chap. X: 330-1 « On n'entendait plus,....de la machine agonisante » (la mort de la Lison) et 337-8 « La pauvre Lison....douleur » (la mort de la Lison) Chap XI: 364-5 « Et, cette fois, emportés....soleil aurait disparu ». (la chambre de la Croix-de-Maufras) Chap. XII: 392-3 « Et ce qui accrut...déborda de détails ». (l'État enfiévré) Chap. XII: pp.410-12 « Et la machine, libre...qui

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