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Récit de la bataille de Salamine, Eschyle

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eusis, au Nord, encore libre. Xerxès envoie une partie de ses troupes maritimes bloquer les grecs, tombant dans le piège, et place le reste de son armée de façon à contrecarrer les grecs qui tenteraient de fuir vers le Sud. Les grecs attirent les perses dans le détroit. Plus les troupes avancent, plus le passage rétrécit et entraine la désorganisation des troupes. Les grecs attaquent alors, l’effet de surprise est réussi et le vent du Sud permet aux grecs de prendre considérablement l’avantage sur les troupes de Xerxès. Ces dernières rompent la formation, se font massacrer et les survivants prennent la fuite. Xerxès a perdu face aux cités grecques.

Comment Eschyle rend-il compte de la bataille de Salamine, avec cette position particulière du point de vue des perdants, et en quoi lui apporte-t-elle une finalité moralisante et civique, grâce à l’omniprésence des Dieux ?

L’étude de la problématique se fera à travers deux parties : la victoire glorieuse des grecs et la fin d’un impérialisme ; puis une réussite qui doit rester tempérée dans sa célébration.

La description navale d’Eschyle constitue une description épique, retraçant bien les mouvements et l’action des bateaux comme si l’auteur les avait vus du haut du détroit. Mais aucun grec n’est nommé, comme Thémistocle, investigateur de cette victoire ; Eschyle a préféré adopté la vision des perses vaincus et mettre en avant leur désolation et le désastre de cette bataille, en renforçant le pathos de la scène. Il insiste également sur la disproportion numérique : l.2 « les Grecs, le chiffre de leurs bâtiments était environ dix fois trente » et l.4 « Xerxès […] conduisait une flotte de mille vaisseaux, sans compter les croiseurs de vitesse au nombre de deux cent sept ». Les Perses avaient les moyens de gagner, en étant au moins trois fois plus nombreux que les grecs : la force et le nombre ne sont pas ce qui a permis aux grecs de l’emporter.

S’ils ont gagné, c’est grâce à la ruse de Thémistocle, qui met en place une stratégie très réfléchie : l.17 « un Grec vint en effet de l’armée athénienne dire à ton fils Xerxès […] que les grecs n’attendraient pas d’avantage ». Par l’intermédiaire de ce messager, Thémistocle fait croire à une fuite des Grecs, qui battent en retraite au Nord pendant la nuit. La réaction de Xerxès est immédiate : « sans soupçonner là une ruse de grec » (l.20), il pense que la victoire est assurée : il envoie une partie de son armée intercepter les grecs qui s’enfuient (l.22 « le gros de leur navire sur trois rangs, pour garder les issues et les passes grondantes »), et le reste se positionne au sud du détroit pour « repêcher » les grecs qui fuiraient (« les autres (…) bloqueront l’île d’Ajax » l.23). « Un cœur trop confiant lui dictait ces mots » (l.25) : trop sur de lui Xerxès ne se doute ni qu’il court à la perte de son armée, ni de l’ingéniosité des grecs.

Mais la flotte grecque s’est mise en place dans le détroit durant la nuit, « la nuit entière, les chefs de la flotte font croiser toute l’armée navale » l.30, et est prête à se battre. On tente de se rassurer et de se donner de l’espoir les uns aux autres, « d’un banc à l’autre, on s’encourage sur chaque vaisseau long » l.29. En effet, après ces dures défaites et face à une armée aussi imposante, il est dur pour les Grecs de croire en une possible victoire et à la fin de l’impérialisme exercé sur eux. Les Grecs créent un effet de surprise considérable chez les Perses : « voici que, sonore, une clameur s’élève du côté des Grecs », l.32. En effet, les Perses pensant que les Grecs prenaient la fuite, ne s’attendaient pas à voir s’élever face à eux des navires rangés et surtout le chant de guerre, le péan « ce n’était pas pour fuir que les grecs entonnaient ce péan, mais bien pour marcher au combat » l.34.

Ce chant, hommage à Apollon et qui a pour but d’invoquer le dieu et de souder les troupes, a un effet radical : il provoque la panique chez les Perses, qui comprennent alors pleinement la ruse dont ils ont été victimes (l. 33 « et la terreur alors saisit tous les barbares ») et renforce la confiance des grecs, qui sentent le courage et l’espoir revenir à eux : « pleins de valeureuse assurance » l.35. La victoire ne semble plus désormais aussi facile qu’elle le paraissait pour les Perses, mais est synonyme de nouveaux combats et de nouvelles espérances pour les Grecs. De plus, les combats dans le détroit, fermé et peu large (« l’écho des rochers le l’île en (le péan) répète l’éclat » l.33) ne permettent pas de placer les navires comme on le voudrait et on ne peut engager qu’un nombre limité de bateaux. Le surnombre qui faisait la force de l’armée perse ne leur donne pas l’avantage dans cette circonstance.

Mais Eschyle reste prudent dans ses propos, en modérant la victoire de Salamine : le succès militaire n’a aboutit que grâce à la faveur des Dieux, dont ceux qui protègent la cité de Pallas : l.6 « c’est un dieu dès lors qui nous a détruit notre armée », et l.9 « les Dieux protègent la ville de Pallas » (Athènes), ville qui a survécu malgré sa destruction et qui est une victoire encore plus grande pour les Athéniens que celle de Salamine. La chance semble aussi avoir une grande place dans la victoire des grecs, toujours accordée par les Dieux : l.8 « en faisant de la chance des parts trop inégales dans les plateaux de la balance». La présence des dieux constitue en soi le centre du cosmos, le centre du monde des grecs. Ils ne sont pas extérieur au monde puisqu’ils ont été crées mais ne sont pas non plus à l’origine du monde. Ils n’ont pas toujours existé, ne sont pas éternels mais leur culte et la religion est profondément imbriquée dans tous les domaines de la vie, aussi bien la politique, la vie sociale ou familiale.

Bien que les Perses soient présentés avec une certaine sympathie, Eschyle apporte une moralité à la bataille, leçon valable pour les grecs : trop conquérants, les perses ont courus à leur perte, par la faute de Xerxès, trop sur de lui : l.26 « ils ignoraient l’avenir que lui aménageaient les dieux ! ». Les Perses n’ont pas respecté les « lois divines » en ne restant pas sur leur propre territoire, la Perse. Ils ont voulu étendre leur pouvoir, conquérir de nouveaux territoires, au-delà de l’Asie et ils ont provoqué le courroux des Dieux contre eux : l.20 « sans soupçonner (…) la jalousie des Dieux ». Trop arrogants, ils sont tombés.

Les Perses doivent tirer une autre leçon de leur défaite : ils doivent se contenter de la terre, la mer n’est pas « faite » pour eux : ils ne sont pas aptes aux batailles navales, les grecs étant plus ingénieux, rusés et compétents dans ce domaine. Il faut être modéré dans ses ambitions, les Dieux l’ont rappelé à Xerxès, qui était trop confiant. Les humains restent les jouets des Dieux, et ce fait peut se voir au travers de chacune des tragédies d’Eschyle. Notre volonté serait déterminée exclusivement par les Dieux et des mécaniques simples (les chefs, les évènements, la société, l’inconscient…). C’est la fatalité du destin. Le seul recours des hommes est d’assumer jusqu’au bout un destin qu’ils n’ont pas choisi.

En effet, une réflexion sur la défaite et sur ses causes, permet de prévenir toute tentation d’ambitions démesurées, par l’intermédiaire du « partage » des sentiments des vaincus et de la douleur qu’ils éprouvent. Si les Dieux l’avaient décidé autrement, le résultat de la guerre n’aurait pas été le même. Ou si une prochaine situation semblable se présente, il faut se méfier de ce qu’il pourrait advenir. De plus, la bataille est certes gagnée, mais pas la guerre, il ne faut pas se reposer sur cette victoire.

La paix de Callias en 449-448 marquera définitivement la fin des guerres médiques, après les batailles de Platées et

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