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Commentaire "Nevermore" De Verlaine

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abituelle sur une apostrophe en style direct est adressée à son souvenir lui-même dans une figure de style, l’allégorie . Cette figure dramatise le rapport au temps en créant une entité qui persécute le poète et dont celui-ci voudrait se protéger. En dialoguant avec son souvenir, le poète s’interroge sur lui-même, il parle à son âme tourmentée par une perte douloureuse.

L’anaphore du mot « souvenir » ainsi que le tutoiement un peu agressif ajoutent de l’intensité à la question initiale. Il semble s’agir d’une question vitale : le poète ne peut plus vivre avec ce souvenir obsédant. Une des fonctions du poème sera justement d’aider le poète à se délivrer du souvenir.

La première strophe se tourne alors vers l’évocation d’un décor automnal. La saison est mise en relief à la rime par la technique du contre-rejet (quand une phrase commence à la fin d’un vers et continue dans le vers suivant). Sur le plan thématique on a un changement de sujet : on passe de souvenir à automne mais les deux concernent le temps.

L’automne est la saison mélancolique par excellence, c’est le symbole du vieillissement, ou de la mort. C’est la saison des souvenirs où l’on repense au printemps et à l’été. Le lecteur est davantage surpris quand il apprend que c’était justement la saison ou s’est passé la première expérience amoureuse relatée plus loin. En quelque sorte le « printemps de la vie » se trouve associé pour Verlaine paradoxalement avec cette saison opposée. Toujours est-il que cette saison jette une ombre au tableau en brossant un décor monotone, jaunissant, ou l’air lui-même semble atone.

D’autres symboles viennent attrister le cadre de ce premier amour, comme le rayon monotone du soleil, lumière atténuée qui n’est pas joyeuse ; de même la bise qui détone symbolise l’hiver qui approche. Détoner veut dire deux choses : qui est hors contexte : ce serait une bise, un vent d’hiver, trop précoce pour l’automne ; ou bien c’est une détonation, un coup de feu, on peut ainsi imaginer qu’une bourrasque vienne claquer. Ce premier quatrain est marqué par une rime en « tonne » qui peut rappeler le glas d'une cloche qui sonne dans le lointain qui rajoute un côté très mélancolique à la scène.

Enfin, la grive qui vole au hasard, solitaire, dans ce bois perdu, non situé, peut être une image du poète solitaire depuis son premier amour .

Il y a dans ce poème quelque chose de très impressionniste, avec les couleurs et les sons et Verlaine se reconnaissait en tant que tel. Bien avant " Romances sans paroles " ou se manifestera le mieux le caractère impressionniste du style verlainien, on retrouve dans " Nevermore " les bruits, indicateurs sonores " voix douce et sonore " et l'ambiance de parfums " les premières fleurs " et de couleurs " bois jaunissants ". Il y a une correspondance très Beaudelairienne dans ce poème avec une juxtaposition d'impressions sonores, visuelles et olfactives parfois contrastées.

On pose donc un décor en grande partie symbolique, dont les éléments mélancoliques semblent renvoyer à l’époque du souvenir qu’à celle de l’époque des temps heureux. Le décor automnal est donc profondément ambigu, car il établit un lien entre le printemps de la vie et l’automne et les regrets. Sur ce décor en demi-teinte, la promenade amoureuse évoquée dans les deux strophes suivantes se détache comme plus lumineuse.

L’harmonie est déjà celle du couple, les « promenons nous », « elle et moi » qui renforcent le lien entre le masculin et le féminin. On remarque un chiasme qui soude encore plus ce lien . La fusion est encore renforcée par l’identité sonore du mot « seul » qui fait de ces deux personnes presque la même. De plus, ils partagent le même rêve, semble-il. On a l’impression que le narrateur ressent sa pensée. On peut donc parler d’une communion d’âme. Le poète réussie enfin une fusion entre l’homme et la nature rattachant les pensés du couple au vent d’automne. Il parvient même à rattacher le matériel et le spirituel dans la figure d’attelage : « les cheveux et la pensée au vent ». Verlaine surprend par cette figure qui met en facteur commun le vent qui concerne à la fois l’image des cheveux qui flottent que celle plus subtile d’une pensée vagabonde. Nous sommes ici dans une esthétique de la rêverie qui nous ramène à Jean Jacques Rousseau et notamment à sa Cinquième rêverie d’un Promeneur Solitaire, où Rousseau définit le bonheur comme le fait de pouvoir rêver à sa guise sans contraintes en suivant les impressions de la nature. Verlaine imagine une poésie de la sensation guidant la pensée qui se rattache en fait au grand courant romantique dont la source est chez Rousseau.

L’élégance des personnages « quel fut ton plus beau jour », de même le poète marque sa distinction par ses images : « fit sa voix d’or vivant », marque d’idéalisation de la femme par la métaphore précieuse de l’or. La distinction est aussi dans l’intonation que le poète analyse en nuance : « sa voix douce et sonore au frais timbre angélique ». On note une allitération en « s » qui exprime, traduit la douceur.

C'est l'élément essentiel de la description de la jeune fille, le seul qui soit précis. Cette métonymie présente, avec les lèvres, les points de fixation du regard et des souvenirs.

À nouveau le poète idéalise la femme par l’adjectif angélique qui la range dans une sphère supérieure, dans une sphère du Divin, de la traduction de l’amour courtois qui est le code amoureux du Moyen Age et que l’on retrouve chez Pétrarque, le créateur italien du sonnet amoureux, en 1450 lors de la renaissance Italienne. La voix de la femme est mise en valeur non seulement par la répétition de sa voix mais aussi par l’enchaînement assez rare du deuxième quatrain sur le premier tercet, si bien que les strophes deux et trois se trouvent liées pour évoquer l’épisode galant.

L’atmosphère de cet épisode est plutôt ludique, joyeuse, charmante. La question de la femme est en effet un piège, c’est une question rhétorique. Cette question renvoie à une demande amoureuse, la femme attend une déclaration comme « le jour où je t’ai rencontré », ou encore mieux « ce moment présent ». Il y a une sorte d’ellipse de la réponse. L’attitude est double : on a un sourire discret et un baisemain de tradition formelle. On peut donc dire que l’atmosphère est retenue, et non fougueuse. L’adverbe « dévotement » explique cette retenue par un respect quasi-religieux de la femme. La coupe à la huitième syllabe met aussi bien en valeur la blancheur délicate que la qualité de vénération de cet amour.

Après l’évocation heureuse de cet échange charmant de procédés délicats, la dernière strophe laisse éclater les regrets du poète dans des exclamations parfaitement élégiaques. L’interjection « ah ! » est un soupir qui contient toute l’ambiguïté du bonheur revécu et perdu.

Le poète idéalise cette époque par la métaphore « les premières fleures » pour désigner le premier amour. . Les fleurs évoquant le printemps terminent ce poème sur une note plus joyeuse que l’automne.

La métaphore

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