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L'idée D'inconscient Exclut-Elle Celle De Liberté ?

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ombreux écrits. En effet, il développera cette hypothèse à travers des topiques, représentations de lieu où se situe la vie mentale. Dans la première topique (1915) Freud distingue trois niveaux de la vie mentale : l’inconscient, le préconscient et le conscient. L’inconscient est ici le siège des activités psychiques inaccessibles à la conscience, parce que des forces de refoulement s’y opposent. Entre chacun des trois systèmes, il existe des censures qui contrôlent le passage des représentations de l’un à l’autre. Il affirme ainsi que « le moi n’est pas maître dans sa propre maison » dans les Essais de psychanalyse appliquée. Freud reformula ensuite sa théorie au sein d’une deuxième topique dans laquelle il introduit de nouveaux concepts et élabore une nouvelle conception du psychisme humain qui fut reprise par Dolto en 1939. Il pose l’existence de trois instances : le Ça (pôle de pulsion de la personnalité), le moi (représentant des intérêts de tout le psychisme) et le surmoi (constitué par intériorisation des exigences et des interdits parentaux). Freud affirme alors que « l’inconscient est le vrai maître des lieux, l’enfance nous détermine d’autant plus qu’on ne le sait pas. L’idée d’un libre arbitre souverain est illusoire. »

On peut observer de nombreuses manifestations dynamiques de l’inconscient (lapsus, actes manqués) qui nous échappent de manières anodines et nous contrarient. On peut prendre l’exemple d’un rêve que l’on fait à plusieurs reprises. Selon Freud, l’inconscient désire quelque chose que la conscience, elle, refuse pour des raisons morales de convenances ou simplement d’opportunité. L’inconscient va donc profiter d’une circonstance favorable extérieure pour échapper aux barrages de la conscience. L’homme est donc déterminé par des désirs refoulés avec la présence de l’inconscient psychique

En effet, avec le concept de l’inconscient l’homme n’est pas un sujet régi par la seule conscience, il n’est pas maître de son monde intérieur qui échappe à la conscience, sa liberté n’est donc pas envisageable. La liberté se voit donc niée par un déterminisme tel que l’inconscient qui la limite. On peut le remarquer dans certains jugements : certaines personnes ne sont pas jugées libres de leur actes car elles sont soumises à des instincts irréguliers comme des maladies mentales.

Selon son analyse, Freud prouve donc à travers l’exemple des actes manqués, des lapsus (etc..) que certains actes échappent à notre conscience car l’inconscient agit à notre insu. Ce dernier est donc une cause étrangère à notre volonté, qui, de ce fait, nie notre pleine liberté. Toutefois, l’existence de cette inconscient ne conditionne-t-elle pas notre liberté ? L’inconscient est-il vraiment le maître des lieux ?

La conscience est tout le psychisme affirment Alain et Sartre. Selon eux, il n’existe pas de force inconsciente qui agirait en dehors de la conscience et irait jusqu’à la maîtriser. En tant qu’héritiers de Descartes, ces deux philosophes mettent la raison et la pensée au centre de l’action humaine.

Tout d’abord, Alain s’oppose radicalement à Freud. L’existence d’un inconscient échappant totalement à la conscience est une absurdité. « La plus grave de ces erreurs est de croire que l’inconscient est un autre moi » affirme-t-il. Il n’y a donc pas cette autre instance psychique séparée de la conscience d’après lui. Dans un texte extrait d’ Elément de philosophie, Alain déclare « l’homme est obscur à lui-même ». En effet, il reconnaît l’opacité de l’âme humaine, son caractère difficilement compréhensible. Cependant, il s’oppose à la division de notre psychisme, erreur freudienne, qui invite l’homme à fuir ses responsabilités. Il faut donc idolâtrer le corps en juxtaposant un second moi au moi conscient, il faut souligner l’unité du moi. L’inconscient n’est donc que le produit de purs mécanismes. Il revendique donc qu’il n’est de pensée qu’au niveau du choix libre. Pour ce philosophe de la liberté, la raison est capable de maîtriser les désordres du corps comme ses passions. Il s’oppose ainsi au fait que la liberté est niée par la présence de l’inconscient. En effet, tout homme est conscient et pense librement.

En somme, l’inconscient est un alibi de la conscience. Selon Sartre, l’inconscient est de la mauvaise foi, un mensonge ou l’on se trompe soi-même. L’homme écarte ce qui le dérange. « Ce qui fait la lâcheté, c’est l’acte de renoncer ou de céder (…) ce que dit l’existentialisme, c’est que le lâche se fait lâche, (…) il y a toujours une possibilité pour le lâche de ne plus être lâche. » Cette mauvaise foi illustre la façon de l’homme d’assumer ou non la situation, ce qui atteste sa liberté. A partir du moment où le refoulé est connu par la conscience il n’y a pas d’inconscient. On affirme et admet que certaines choses nous échappent, nous dépassent. Ainsi, nous sommes en mesure de nous élever outre ces déterminismes, grâce à notre conscience, nous pouvons donc accéder à la liberté. Sartre a dit ''L'homme nait libre, responsable et sans excuses ", il n’y a pas de place pour un inconscient qui existerait en dehors de la conscience. Il affirme comme Alain que « l’homme qui refuse la conscience, refuse la liberté ». Il s’oppose également à la psychanalyse de Freud dans l’ouvrage Situations, 9 « un analyste peut dire une chose, puis, aussitôt après, le contraire, sans se soucier le moins du monde de manquer de logique » , selon Alain et Sartre, la psychanalyse fait de l’homme le jouet de ses pulsions.

La liberté ne semble pouvoir être nôtre qu’à condition que nous soyons conscients. D’après Alain et Sartre, philosophes contemporains, elle repose sur des choix, suprématie de la conscience, sur une volonté. C’est une faute morale de dire que l’inconscient exclue l’idée de liberté car, au contraire, cela la conditionne. C’est une condition nécessaire à notre liberté car nous reconnaissons les limites de notre conscience, ainsi nous nous libérons. L’idée d’inconscient ne saurait donc tenir de prétexte pour annihiler la liberté. Toutefois, cette condition est-elle suffisante pour accéder à la liberté totale ? Peut-elle être assumée pleinement par le sujet seul ?

Même en supposant que nous ayons conscience de ce que nous voulons, nous ignorons parfois ce qui détermine ce vouloir, quelle forme peut alors prendre notre liberté ?

Spinoza a déclaré que « se sentir libre n’est pas être libre », dans sa lettre LVIII à Schuller (1674) il s’oppose à l’opinion commune. Il considère que l’homme fait partir de la nature et lui obéit. Comme une pierre qui, ayant conscience de son mouvement, se croirait libre, l’homme s’illusionne sur sa liberté quand il ignore les causes qui le déterminent. La liberté n’est donc pas le pouvoir de faire ou de ne pas faire quelque chose. Elle consiste à lutter contre les causes de notre détermination, lutte rendue possible par la compréhension des causes qui nous déterminent. L’homme sera libre s’il laisse se former en lui l’expression subjective de sa personnalité, sa nature authentique. Autrement dit, l’homme sera libre s’il ne se laisse pas déterminé par les structures qu’il a intériorisées dans son enfance ou en fonction de son environnement social. Ainsi Spinoza réfute l’idée de libre-arbitre au profit d’une « libre nécessité ».

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