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Monographie Sur Le Wwoof

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lieu rural, pour comprendre les différentes alternatives de l’agriculture conventionnelle. De plus, les voyages, les rencontres avec les autres cultures, et « l’autre » m’intéressent beaucoup. J’ai trouvé avec le thème du WWOOF, World Wide Opportunities On Organic Farms, la possibilité d’allier tous mes préoccupations : l’agriculture, le voyage. Je me suis donnée les moyens de m’inscrire et d’aller sur le terrain afin de me mettre à l’écoute de l’autre et de pouvoir observer en m’intégrant à leur vie sociale. Pour répondre à mon questionnement initiale (Qu’est ce que le wwoofing ?), j’ai émis certaines hypothèses :

- Le WWOOF est basé sur l’agriculture biologique

- Le WWOOF est une association dont le principe fondamentale est l’échange

- Le WWOOF est une alternative à la société individualiste

- Le WWOOF est une forme d’esclavage moderne

Ma problématique a été de nombreuses fois remaniée, étant donné qu’au fur et à mesure du terrain elle se déplaçait ; je devais donc la rectifier, voire la reconstruire. De plus, je ne savais pas comment traiter mon objet. Cette réflexion a abouti à une étude précise sur ce sujet, une description des situations vécues, qui porte le nom de monographie en sciences sociales.

Nous allons débuter en définissant les notions essentielles, c'est-à-dire celles du WWOOF et de l’agriculture biologique. Dans un deuxième temps, nous évoquerons ma participation directe sous forme de petits récits, puis nous traiterons des notions de travail et de bénévolat. Enfin nous définirons la notion de l’échange en la rapportant au WWOOF, ce qui nous amènera à comprendre le point de vue juridique. Au fil de ce travail, nous nous attacherons à mettre en relief les différentes facettes du WWOOF afin d’en faire une monographie aussi complète que possible.

Méthode

Pour faire cette monographie, je me suis penchée sur la description ethnographique, afin d’acquérir une méthode, qui puisse me permettre de mobiliser mon observation, ma sensibilité, dans le but de conter mon expérience afin de retransmettre mes expérience personnelles. L’ethnographie a comme projet l’étude de l’Homme. Cette étude est « l’observation directe de comportements sociaux particuliers à partir d’une relation humaine, la familiarité des groupes que l’on cherche à connaître en partageant leur existence. » 1. J’ai tenté d’exercer mon regard à être aussi neutre que possible, bien que cette entreprise soit en réalité impossible à cause du filtre personnel et culturel (qui agit sans cesse sur les choses vues). Je me suis inspirée de différents grands ethnologues, en leurs ouvrages afin de comprendre le travail sur le terrain, la transformation de leur regard en capacité technique qu’est l’écriture. Je n’ai pas la prétention d’avoir fait un travail d’ethnologue, je me suis servie de cette méthode pour mener au mieux mon mémoire en faisant l’étude descriptive et analytique de mon expérience sur le terrain. Cet exercice a consisté en la collecte d’informations, leur transformation sur support écrit, pour arriver à la méthode de la monographie. Une monographie est « (…) un inventaire classificatoire des caractéristiques fondamentales de toute société, (elle) reste l’instrument privilégié de l’objectivation de la réalité ethnologique ».² Il s’agit de l’énumération de sous-ensembles, de l’environnement naturel et géographique, de l’organisation sociale et technique, qui singularise la population et permet de voir les phénomènes distincts dans notre société.

Pour ce faire, j’ai mobilisé autres méthodes. J’ai adopté différentes perspectives et j’ai tenté de les articuler. Je me suis basée sur mon observation participante du wwoofing. Tout au long de mes différentes expériences, j’ai effectué un carnet de bord afin de pouvoir garder en mémoire mes expériences ainsi que mes objectifs. Ceux-ci étaient de m’acculturer et de m’imprégner de leur savoir dans un premier temps. Puis d’apprendre les méthodes utilisées dans l’agriculture biologique, ainsi que de cerner le principe du WWOOF tout en saisissant la vision qu’en ont les participants. J’ai confronté l’observation avec mes hypothèses.

J’ai réalisé des questionnaires de conversation pour guider l’entretien afin d’accumuler les informations et mieux comprendre l’intérêt qu’y voyaient les participants et de vérifier ces dernières.

Enfin je me suis servie de la Théorie De la Médiation pour analyser certaines notions.

Cadre théorique

La théorie de la médiation est un modèle d’analyse formé par Jean Gagnepain. Il permet d’analyser par une réflexion anthropologique et épistémologique, les comportements culturels et humains ainsi que les relations entre ces comportements. Selon lui, la raison humaine est fragmentée, la rationalité apparaît sous des formes distinctes. Pour développer cette théorie, il s’est entouré de toute une équipe d’investigateurs à l’université de Rennes. Son origine est la confrontation entre les apports linguistiques et les pathologies du langage, il s’est inspiré de Freud et de sa métaphore du cristal brisé. La pathologie attire notre attention en grossissant les conditions normales, ce qui met évidence les processus implicites. Il s’agit d’une théorie nommée aussi l’anthropologie clinique.

L’objectif de cette théorie est d’analyser les comportements culturels de l’homme à partir de quatre plans : le premier est la rationalité logique, soit la capacité de signe, le savoir, le langage. Le second est la technique, qui spécifie la capacité à l’outil, le rapport médiatisé à l’objet matériel. Le troisième est l’ethnique, soit la capacité de la personne, le rapport à l’autre, à la société, à autrui. Enfin le quatrième et dernier est l’éthique soit la norme, la morale la maitrise du désir par rapport aux règles existantes. Ces différents plans trouvent leurs analogies dans les autres et s’influencent mutuellement, la clinique les rend autonomes et valide les informations.

La raison humaine serait unique mais se manifesterait sur ces quatre plans. Ce sont des principes sous jacents qui permettent de rendre compte des performances normales et pathologiques. A travers ces plans, l’homme a une influence sur le monde et crée sa réalité à travers son propre filtre. Chaque pathologie à une médiation et une pathologie associée, respectivement : plan 1, la glossologie et l’aphasie, l’ergologie et l’atechnie, la sociologie et la psychose, et enfin plan IV l’axiologie et la névrose.

J’ai analysé ma pratique, au niveau du maraîchage biologique, en utilisant le plan 2 (l’outil) afin de mieux comprendre l’artificialisation faite par l’homme, ainsi que le plan IV (la norme) pour mettre en relief le rôle que joue l’affecte dans le choix du biologique. De plus j’ai retracé l’historique de l’agriculture biologique avec le plan III.

Choix du terrain

Mon choix s’est porté vers l’Espagne par souci de facilité géographique. Je voulais me confronter au dépaysement et à l’altérité. Le terrain était pour moi l’occasion d’avoir une expérience de l’observation directe, et de comprendre le principe du WWOOF par moi même. Je suis partie durant six mois en Espagne afin d’apprendre les techniques d’agriculture biologique. Mon voyage, m’a amené à wwoofer été comme hiver, et à cerner la conception du wwoofing. J’ai rencontré plusieurs hôtes, ce qui m’a permis de me rendre compte que le WWOOF était vraiment du cas par cas. Néanmoins j’ai regroupé les logiques sociales, culturelles. Durant mon voyage j’ai traversé l’Espagne du nord au sud, en prenant quatre maisons-hôte comme étapes (carte 1).

Carte 1 – Itinéraire du voyage en Espagne (D’après le site internet mappy.fr)

1. Définition du WWOOF et de l’agriculture biologique

1.1. L’histoire et principe du WWOOF

WWOOF est un acronyme qui, depuis les années 70 a pris plusieurs significations successives. Ces dernières sont le témoignage de l’histoire et des orientations qu’a pris et continue de prendre le WWOOF.

La première définition à été, Working Weekends On Organic Farms, la traduction française reviendrait à « travail le week-end dans des fermes biologiques». L’idée émerge en Angleterre dans les années 70 quand une secrétaire qui habite Londres, nommée Sue Coppard, décide d’organiser un week-end de travail agricole dans une ferme biodynamique. Le projet était alors de faciliter l’accès à la campagne aux citadins et dans un même temps de soutenir l’agriculture biologique. L’idée a ensuite rencontrée un certain écho et a pris de l’importance,

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