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Theorie de la firme coase

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a conceptualisation contractuelle, dont la théorie de l’Agence reste l’expression la plus influente, se présente aujourd’hui comme la nouvelle orthodoxie sur le sujet Le trait majeur de cette approche est de mettre au centre de ses élaborations une vision de la firme conçue comme « noeud de contrats ».

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Cependant, cette voie de recherche si elle se présente aujourd’hui comme dominante, n’est pas la seule voie parcourue dans les reconstructions de la théorie de la firme auxquelles on a assisté au cours des dernières décennies. Commencée avec les travaux pionniers de Cyert, March et Simon, une toute autre perspective, a été parcourue parallèlement à la précédente. Dès les travaux fondateurs (Cyert, 1963) l’interrogation majeure qui anime les auteurs est autre que celle qui prévaut dans l’approche contractuelle. Ce ne sont pas les contrats qui sont centre de l’interrogation mais la nature des relations qui se nouent entre les individus et groupes qui composent la firme. Il s’agit pour les auteurs du courant initié avec les travaux behaviouristes de comprendre pourquoi et comment les individus se coordonnent au sein de l’entité que constitue la firme, et comment s’y prennent les décisions. Ayant posé que la dissonance cognitive et le conflit sont au centre de la firme, la question centrale qui

traverse ce courant est celle de savoir comment, à partir des informations et connaissances éclatées et éparses dont disposent chaque individu, la firme parvient à mettre en œuvre des modes de coordination pour se constituer des avantages relatifs par rapport aux concurrents. Enrichie des travaux de Penrose, puis de l’apport décisif des évolutionnistes, cette voie de recherche st finalement entièrement construite autour de l’idée que ce qui fonde la firme, la justifie et permet de rendre compte de sa nature comme - point absent des approches contractuelles – de la diversité de ses formes - est qu’elle est le lieu de la gestion et de la production de connaissances et compétences spécifiques. Une perspective qui la distingue nettement de la vision Coasienne.

Le présent article entend rendre compte des conditions dans lesquelles les deux voies de théorisation de la firme que nous venons de brièvement caractériser se sont constituées et fortifiées. Il s’agit pour nous - sans prétendre à l’exhaustivité – d’insister sur la cohérence de chacune des démarches, mais aussi sur les difficultés que chacune d’elle a rencontrées dans le cours de l’élaboration des théories de la firme auxquelles elles prétendaient parvenir 1.

Une brève conclusion pointe les limites et apories des ces constructions et suggère quelques pistes susceptibles de permettre de progresser vers cette théorie « complète » de la firme qui, selon nous, reste encore inscrite sur l’agenda de la recherche.

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En ce sens, cet article constitue une actualisation de notre ouvrage de 1995, (cf. Coriat et Weinstein, 1995).

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I - LA NOUVELLE ORTHODOXIE : LA VISION CONTRACTUELLE DE LA FIRME Coase est le point de départ de la conception la vision contractuelle de la firme : qui est aujourd’hui la représentation dominante chez les économistes :. Il y a, comme nous allons le voir, des différences notables, voir des oppositions majeures, entre les différentes variantes de cette conception contractuelle. Mais il y a une unité profonde dans les différents travaux, qui touche tout d’abord à la conception générale des rapports économiques conçus comme des rapports contractuels entre individus libres. L’ensemble des organisations, comme des institutions – voir l’ensemble de la structure de la société - sont conçus comme le résultat d’accords entre individus. Les questions clés concernent alors (1) les problèmes de construction (de ‘design’) des contrats, (2) les conditions qui assurent la mise en œuvre effective des engagements contractuels (l’ « enforcement » des contrats, dans la terminologie anglo-saxonne), et (3) l’identification des coûts qui en résultent (« Coûts de transaction » ou « coûts d’agence »). Dans cette perspective, la firme s’analyse comme un système particulier de relations contractuelles, elle est un nœud de contrats, entre individus. Dans cette perspective contractuelle, dont l‘origine pourrait être trouvée dans les premiers développements de la philosophie politique européenne 2, l’économie contractuelle néo-institutionnelle introduit deux dimensions essentielles : (i) les problèmes de coordination entre les individus, et de construction des contrats, résultent essentiellement, voir exclusivement des problèmes

informationnelles, et plus précisément des asymétries d’information entre les parties : un agent peut disposer d’informations que les autres n’ont pas, et en tirer un profit personnel, et (ii) l’objet central de la théorie de la firme (et plus généralement des organisations et des institutions) est d’identifier ce que sont les formes d’organisation et les « structures de gouvernance » (dans les termes de Williamson) les plus efficientes, dans différents contextes, formes qui sont supposés émerger spontanément du jeu des interactions entre les agents. Le problème est alors de trouver le système contractuel le plus efficient, en fonction d’un certain nombre de paramètres, et en particulier de contraintes techniques, et de la nature des informations détenues par les différentes parties. Ainsi, comme le dit clairement Masden (2002), « dans sa forme la plus abstraite, la théorie positive de la firme est une extension des principes standards du choix rationnel » 3. La littérature considère en général que l'on peut trouver dans les écrits contractuels et néo institutionnalistes trois principales théories de la firme : la théorie de l'agence, la théorie les coûts transaction, et la théorie des contrats incomplets et des droits propriétés. La théorie des coûts de

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Comme le note Bowles (1985), une conception « Hobbesienne » de l'entreprise est au cœur des approches contractuelles.

“In its most abstract form, the positive theory of the firm is simply an extension of standard rational-choice principles”

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transaction, telle qu’elle a été développée essentiellement par Williamson est celle qui se situe le plus directement dans la lignée de Coase. Il est utile de commencer par là, dans la mesure ou la théorie de l’agence qui constitue, couplée à la théorie des droits de propriété, ce que l’on peut considérer comme l’orthodoxie néoclassique en matière de théorie de la firme, se comprend bien, à notre sens, en opposition à certain aspects essentiels de la théorie des coûts de transaction4. La théorie des coûts de transaction La théorie de Williamson se situe directement dans le prolongement de Coase 5. Elles approfondie l’analyse des coûts de transaction, et des formes contractuelles, pour tenter de répondre aux deux questions majeures que pose Coase : (i) pourquoi certaines activités sont réunies dans la firme, plutôt que d'être coordonnées par le marché, qu’est-ce qui explique le choix, et les limites de l’internalisation? Et (ii) qu’est-ce qui caractérise fondamentalement la firme (quelle est « la nature de la firme »), autrement dit, qu’est-ce qui différencie la coordination dans la firme, et la coordination par le marché. Williamson se distingue des approches néoclassiques que nous allons voir, en tout premier lieu par ses hypothèses sur le comportement des agents économiques. Williamson reprend en effet à son compte la théorie de la rationalité limitée de Herbert Simon : les agents ont des capacités cognitives limitées, ils ne peuvent pas, dans des environnements complexes, envisager tous les événements possibles et calculer parfaitement les conséquences de leurs actes. De cette conception Williamson tire essentiellement une implication : les contrats seront, le plus souvent, des contrats incomplets, qui n’envisagent pas tout les événements possibles. Cela a des conséquences majeures sur le déroulement de la relation contractuelle : le problème est alors de savoir, dans toute relation contractuelle, ce qui va se passer en cas d’événement imprévu. On notera que la théorie des coûts de transaction met ainsi l’accent sur les problèmes « post-contractuel », c’est-à-dire sur les problème qui apparaissent après signature du contrat, alors que la théorie de l’agence que nous verrons plus loin, se focalise plus sur les questions « précontractuelles », sur la définition du contenu du contrat, qui est supposé se dérouler ensuite sans problème. L’incomplétude des contrats peut entraîner la nécessité de renégociations, elle laisse une marge de manœuvre aux parties, elle va ainsi permettre les comportements dit opportunistes, la manipulation de l’information par les agents. C’est là que situe, pour Williamson, le problème essentiel : c’est l’opportunisme, et la manière de s’en protéger, qui est au centre des choix organisationnels. Ce problème se pose tout particulièrement quand, pour une transaction, les agents doivent réaliser des investissements spécifiques, non réutilisables en dehors de la transaction, qui les rendent dépendants l’un de l’autre. Il y a ainsi un conflit potentiel autour

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