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Observation ou jugement

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Par   •  28 Octobre 2020  •  Cours  •  2 611 Mots (11 Pages)  •  528 Vues

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OBSERVATION

Au cours de cette intervention, nous n’aborderons pas la question de l’observation au sens de la démarche scientifique et universitaire de sciences sociales, mais bien comme un des outils au service de l’accompagnement éducatif, dans une acception plus générale.

  1. OB SERVARE

Ob : en face de

Servare : veiller, avoir l’œil, faire le guet…

On perçoit donc bien un forme d’intentionnalité dans l’étymologie du terme, ce n’est pas un regard diffus, absent.

Observer, c’est se servir de ses cinq sens. La vue est un des outils, mais est loin d’être le seul.


Définitions[1]

  1. Action de se conformer à une règle, à une loi, à un règlement.
  2. Action de considérer avec attention des choses, des êtres, des événements ; par métonymie résultat de cette action.
  3. Procédé scientifique d'investigation consistant dans l'examen attentif d'un fait, d'un processus, en vue de mieux le connaître, le comprendre, et excluant toute action sur les phénomènes étudiés.

L’observation est donc

  • une démarche volontaire, intentionnelle
  • Une démarche qui s’effectue avec un objectif et des attendus précis.

En cela elle est très différente d’autres notions :

  • voir, c'est percevoir par les yeux, sans en avoir forcément l'intention. (J’ai vu passer un train)
  • Regarder, c’est porter le regard vers, il y a donc une réelle intention (je regarde passer le train)
  • Observer, c'est examiner avec attention et intention, mais avec un élément en plus celui d’étudier, de connaître (J’observe les trains qui passent pour savoir lequel est le plus rapide)

L’observation nécessite donc à la fois une attention mais aussi une intentionnalité sur les éléments à observer.

On observe pas « comme ça », juste en regardant, et en espérant que la vérité apparaisse. On observe quelque chose de précis.

Pour cela, l’observation nécessite d’être basée sur des faits, et de nombreux biais peuvent apparaître.

OBSERVATION ET JUGEMENT

Mêler observation et jugement : un jugement, c’est une projection qui part de soi en direction de la réalité. Cette projection définit donc la réalité à partir de votre propre prisme, et non pas à partir de ce qu’elle est. Il apporte donc une analyse et une conclusion.

« Ce que j’entends par une « observation » se réfère à ce que nous pouvons voir, entendre, ou toucher — ce qui peut être enregistré avec une caméra vidéo. Une observation est purement descriptive. Par contre, un « jugement » sous-entend que l’on fait des déductions, des suppositions ou que l’on tire des conclusions à propos de ce que l’on observe ».

                                                                                Marshall Rosenberg.

Quelques exemples

Aujourd’hui, Daniel est en colère. Cette phrase est un jugement, pas une observation car elle définit ce que l’autre est alors que vous ne savez pas, il est peut être triste ou apeuré.

Aujourd’hui, Daniel Crie, reste dans sa chambre, ne sort pas : ici c’est bien une observation factuelle.

Focus sur le jugement :

Nous entendons souvent, et en particulier chez les travailleurs sociaux, l’expression « il ne faut pas juger ». Et bien SI ! Il faut juger, mais pour cela, il faut bien se mettre d’accord sur ce qu’est un jugement.

En effet, il existe plusieurs définitions de la notion de jugement, en voici deux :

  • Le jugement de valeur : c’est de celui ci dont il est question dans l’expression « il ne faut pas juger ». En effet, le jugement de valeur implique la référence entre le « bien » et le « mal », un totale subjectivité, un avis sur le monde totalement centré sur le système de valeur de la personne qui juge. Ce jugement peut en effet être très problématique dans le travail social, car il ne tient absolument pas compte des valeurs et des représentations des personnes que nous accompagnons. Par exemple : Charlotte est trisomique, et c’est toujours sa maman qui vient aux rdv avec les éducateur, son père ne s’intéresse pas son éducation. Enfin, il est absolument nécessaire d’être conscient que le jugement de valeur est inhérent à tout être humain, qu’il s’enclenche même inconsciemment, et qu’il doit en permanence être « surveillé » !

  • Le jugement intellectuel que l’on peut définir par « Avis, opinion, sentiment que quelqu'un a ou donne sur quelqu'un ou sur quelque chose ». Alors là oui, cela relève du travail d’éducateur, c’est même absolument nécessaire, cela s’appelle l’analyse. Mais en gardant en tête que
  • ce jugement n’est pas absolu (ce n’est pas un jugement divin)
  • Il doit être explicite (démontrer, s’appuyer sur des observations, des faits...)
  • il est donc discutable
  • il est donc modifiable
  • il doit être partagé (équipes, personnes accompagnées…)

BIAIS DE L’OBSERVATION

FAIRE UNE OBSERVATION SUPERFICIELLE

Un autre biais de l’observation et de faire une observation trop superficielle, peu précise, qui généralise. En particulier dans les relations humaines, le fait que l’observation porte sur des éléments complexes nécessité parfois une réelle précision sur les observations menées.

Il sera donc nécessaire d’être suffisamment précis, exhaustif, afin de décrire avec le plus de précisions possible ce que nous voyons.

A l’inverse, OBSERVER AVEC TROP DE PRÉCISIONS

Observer ce que l’on attend, ce sur quoi nous décidons de nous focaliser, à tel point que nous passons à coté d’autres éléments, qui peuvent être tout autant essentiels.

L’OBSERVATION COMME UNE PROJECTION DE SOI

texte université Cambridge (voir annexe)

Toute notre culture, notre éducation, nos représentations influent en permanence sur nos observations, sans que nous y soyons attentifs.

La même situation est vu par deux personnes, mais les éléments d’observations ne sont pas les mêmes.

Ici, au-delà de la question du jugement, c’est bien la question de la projection de soi dans l’observation qui se pose.


L’Observation des éducateurs

A partir de situations de travail socio-éducatif, l'éducateur sera capable de formuler des observations rigoureuses et précises, de réaliser une description des faits observés. L'objectif est ici d'avoir la description la plus fidèle possible de la situation.

L’observation professionnelle nécessite une certaine organisation, un cadre dans lequel elle s’exerce.

L’observation est dans un cadre particulier mais ne se conforme pas à un cadre, et elle n’exclue pas une action sur le « phénomène étudié », puisque l’éducateur est inscrit dans une relation avec les usagers.

Toute relation est donc basée sur une observation (le fait de considérer les choses) mais en plus, la relation éducative nécessite une observation pour les raisons suivantes :

  1. en observant, l’éducateur apprend à connaître l’autre ;
  2. en observant l’éducateur adapte son intervention ;
  3. en observant, l’éducateur collecte des renseignements utiles pour les autres acteurs de l’accompagnement (autres professionnels, familles, partenaires...) ;
  4. en observant avec une certaine distance, l’éducateur apprend à se remettre en question.

Ce sont là les principales raisons qui font que l’observation occupe une place centrale dans l’action éducative. L’être humain est unique et il se développe à son rythme ; L’observation semble le moyen le plus approprié pour pouvoir intervenir adéquatement.

 

On pourrait penser que l’observation, c’est « ne rien faire ! » car l’acte d’observer n’a pas toujours de manifestations perceptibles pour les autres. l'éducateur pourrait croire qu’en observant, il ne travaille pas. Pour autant, le fait d’être en relation, de faire des choses avec l’autre, doit être
en même temps un espace d’observation. C’est à la fois :

  • un atout d’être aussi près de l’autre pour l’observer car la proximité, l’intimité apporte des informations précieuses
  • un problème car le fait d’être en relation biaise les capacité d’observation, et par voie de conséquence d’analyse.

 C’est ce qu’on appelle «  l’observation participante ».



Finalement, lorsque l'éducateur observe, il doit tenter de décrire la réalité le plus fidèlement possible, ce qui limite la subjectivation de l’observation.

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