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La morphosyntaxe dans un extrait de l'Education Sentimentale de Flaubert

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Par   •  22 Septembre 2018  •  TD  •  2 097 Mots (9 Pages)  •  835 Vues

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Quand il fut à sa place, dans le coupé, au fond, et que la diligence s’ébranla, emportée par les cinq chevaux détalant à la fois, il sentit une ivresse le submerger. Comme un architecte qui fait le plan d’un palais, il arrangea d’avance, sa vie. Il l’emplit de délicatesse et de splendeurs ; elle montait jusqu’au ciel une prodigalité de choses y apparaissait…

Cette contemplation était si profonde, que les objets extérieurs avaient disparu. (…)

Parfois en passant dans les villages, le four d’un boulanger projetait des lueurs d’incendie, et la silhouette monstrueuse des chevaux courait sur l’autre maison en face. Aux relais, quand on avait dételé, il se faisait un grand silence, pendant une minute. Quelqu’un piétinait en haut, sous la bâche, tandis qu’au seuil d’une porte, une femme, debout, abritait sa chandelle avec sa main. Puis, le conducteur sautant t sur le marchepied, la diligence repartait.

A Mormans, on entendit sonner une heure et un quart. « C’est donc aujourd’hui », pensa-t-il, « aujourd’hui même, tantôt ! »

                        (Gustave Flaubert L’éducationsentimantale, feedbooks, p.99)

Questions :

  1. Donner l’explication des relations grammaticales et sémantiques dénotées par les morphèmes soulignés
  2. Faire le relevé et l’analyse de deux cas différents de coordination
  3. Etudier le statut propositionnel des verbes : « sautant » ; « sonner » ; pensa-t-il »
  4. Identifier les propositions et démontrer leur articulation dans la première phrase

Analyse :

  • Le morphème « comme » souligné dans la phrase «comme un architecte » =[o] arrange se comporte comme une conjonction de subordination de forme simple qui assume deux fonctions : La première est dite rectionnelle puisqu’elle relie la proposition subordonnée « comme un architecte » à la proposition principale « il arrangea ». La seconde fonction est appelée sémantique du moment qu’elle introduit une circonstancielle à valeur comparative.

  • La particule « qui » dans la proposition « qui fait le plan d’un palais » est un morphème subordonnant dont la forme est simple, mais dont la fonction est double. Comme marque de subordination, ce morphème grammatical signale le prédicat qu’il introduit « qui fait » comme subordonné par rapport au verbe de la proposition principale « il arrangea » , et comme pronom relatif, il reprend son antécédent « un architecte » comme sujet. Donc le morphème souligné ici est un pronom relatif qui introduit une relative déterminative.

  • Le « que » soumis à l’analyse dans « Cette contemplation était si profonde, que les objets extérieurs avaient disparu » est une conjonction de subordination. Le morphème « que »

Ici est lié corrélativement avec l’adverbe d’intensité « si » exprimé dans la proposition principale et avec lui s’établie une relation sémantique.

En effet, les deux termes corrélatifs « si…que » indiquent un rapport de dépendance entre la proposition principale et la proposition subordonnée.

  • Le morphème « tandis que » dans «  tandis qu’au seuil d’une porte, une femme, abritait… » fonctionne comme conjonction de subordination qui assume deux fonctions : La première est dite rectionnelle puisqu’elle dénote la dépendance du verbe de la proposition subordonnée « abritait » par rapport à celui de la principale « il sentit ». La seconde fonction est appelée sémantique du fait qu’elle introduit une circonstancielle temporelle à sens de simultanéité.

II-         La coordination est un processus syntaxique, c’est la relation qui unit des propositions qui se distinguent par l’égalité de leur statut et par la sérialité de leur nombre non nécessairement duel. Autrement dit, c’est la relation qui unit des éléments qui ont la même nature et la même fonction grammaticale.

« Il l’emplit de délicatesse et de splendeurs ; elle montait jusqu’au ciel ; une prodigalité de choses y apparaissait »

La phrase énoncée ci-dessus est une phrase complexe, du moment qu’elle intègre dans son sémantisme quatre noyaux verbaux dont l’un d’entre eux est marqué par son ellipse : « emplit » « montait » et « apparaissait ». Elle englobe deux cas bien différents de coordination, à savoir : La coordination conjonctive et non conjonctive.

  • En effet, la proposition [il l’emplit de délicatesse et =( [o] l’emplit) de splendeurs] atteste un cas de la coordination conjonctive dans la mesure où elle s’articule autour de deux noyaux prédicatifs dont l’un est marqué par son ellipse (dû au choix de l’auteur et à la langue qui est un code qui  cherche à économiser comme étant un art de bien dire). Ainsi, la structure complète de la phrase sera « [il l’emplit de délicatesse] et (l’emplit de splendeurs] ». Les deux propositions ont un statut identique et jouissent d’une égalité sérielle ; la suppression de l’une ou de l’autre n’altère pas le sens de la phrase. De même, il est possible d’intégrer d’autres propositions par définition illimitée.

Les deux propositions sont donc liées de manière indépendante l’une vis-à-vis de l’autre par la conjonction de coordination « et » à sens additif.

  • En ce qui concerne la deuxième proposition [elle montait jusqu’au ciel ; une prodigalité de choses y apparaissait], elle intègre dans son axe syntagmatique deux noyaux verbaux « montait » et « apparaissait » qui constituent son unité globale comme étant une phrase complexe. Les deux propositions « elle montait … » et « une prodigalité de choses y apparaissait » ont un statut identique et jouissent d’une égalité sérielle, puisqu’il nous serait possible d’une part de supprimer l’une sans toucher à la cohérence formelle et logique de l’autre. A cet égard, le nombre de propositions intégrables est par définition illimité.

Dans le cas présent et parallèlement à cette étude, les deux propositions attestent alors un cas de coordination non conjonctive du fait qu’elles sont coordonnées par le signe de la parataxe (;). C’est la juxtaposition à sens exclusif car elle est remplaçable par la conjonction de coordination « ou ».

III-        Les trois  verbes soumis à l’analyse manifestent trois cas différents de la subordination non conjonctive.

  • En effet, dans la phrase « Le conducteur sautant sur le marchepied » il s’agit du verbe « sauter » à la forme du participe présent. Ce verbe est marqué comme subordonné par le blocage de sa terminaison verbale à la forme non personnelle en « -ant » qui est une forme invariable. Il constitue le noyau prédicatif d’une proposition subordonnée et peut être commuté avec la forme personnelle et conjuguée : « alors qu’il sautait sur le marchepied ».
  • Le verbe « sonner » dans « on entendit sonner une heure et un quart » est inapte de fonctionner de manière autonome, du moment qu’il est dépourvu de toutes formes de personne, mode et temps. Ce verbe constitue le noyau prédicatif d’une proposition subordonnée infinitive. La marque de sa dépendance est son figement à la forme infinitive en « -er ». Le verbe « sonner » dans le contexte n’exclut pas d’alterner avec sa forme personnelle conjonctive et conjuguée : « On entendit qu’on sonne … ». De plus, le verbe « sonner » ici fonctionne comme un complément d’objet direct de la proposition principale « on entendit ».
  • Le verbe « pensa-t-il » dans la phrase «’’C’est aujourd’hui’’ pensa-t-il… » n’a pas d’autonomie syntaxique, il est signalé comme dépendant et forme le noyau prédicatif d’une subordonnée incise. Ce verbe est marqué comme subordonné par l’ensemble des indices suivants :

* Le verbe « penser » est transitif direct mais il est construit sans complément d’objet direct (intransitivement)

*Il vient après la séquence de base en position d’enclave « 

*L’inversion de sujet est constante

*L’absence de la conjonction et de la négation

  • Tout ces éléments montrent qu’il s’agit d’une proposition incise mais sans mot de subordination, et c’est la marque de subordination du verbe « penser ».

IV-         [Quand il fut à sa place, dans le coupé, au fond], et [que la diligence s’ébranla], [emportée par les cinq chevaux] [détalant à la fois], [il sentit une ivresse le submerger].

        La phrase soumise à l’analyse est complexe du moment qu’elle intègre six verbes qui forment son unité globale. Ces verbes sont articulés selon les deux modes de l’ordination : La coordination et la subordination.

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