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Dissertation bac blanc 15 fevrier 2011

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isme des fables, apologues et autres contes...

*l'apologue, récit contenant une leçon morale, confirme le pouvoir des récits fictifs : les contes philosophiques de Voltaire [1694-1778] comme « Candide ou l'optimisme » (1759), qui dénoncent l'esclavagisme en Guyane hollandaise, l'Inquisition espagnole de Torquemada, les guerres féodales, le fanatisme religieux, etc... Le registre didactique est particulièrement approprié pour remettre en cause un ordre social.

*l'apologue peut prendre la forme de romans épistolaires, comme dans les Lettres persanes (1758) de Montesquieu [1689-1755] où Usbeck et Rica s'étonnent des mœurs parisiennes, des contradictions de la société française ; c'est une façon déguisée, comme pour Fénelon [1651-1715] dans Télémaque (1699), de montrer du doigt les cruautés du système monarchique ; que dire des fables (publiées en 1668 et 1678) de Jean de La Fontaine [1621-1695] ou des sentences d'un La Bruyère [1645-1696] , des maximes de La Rochefoucauld [1613 1680], qui toutes, jettent un regard sur la laideur du monde et pourfendent les vices ou travers de la société aristocratique sous le règne de Louis XIV. Les moralistes affichent un souverain mépris pour la médiocrité humaine, les fabulistes débusquent les vices humains ; on aimerait, à les lire, chasser de soi toute la part d'inhumain qui nous agite. Que de silences et non-dits dans ces apologues et contes ! Qu'on relise plutôt La Fontaine (1621-1695) : « La raison du plus fort est toujours la meilleure... », « Selon que vous serez puissant ou misérable, // Les jugements de cour vous rendront blanc ou noir ». La fable, bien souvent, se met au service d'une révélation philosophique : thème lafontainien du tempus fugit et du carpe diem, qui conteste la morale chrétienne...

* dénonciation de l'intolérance par Voltaire [1694-1778] et Diderot [1713-1784], qui vont radicaliser leur propos à la veille de la Révolution Française ; tous les écrits des philosophes des Lumières montrent l'impossibilité pour un écrivain digne de ce nom de rester impassible face à la cruauté, à la barbarie humaine... L'ironie est une forme d'écriture tout à tour doucereuse et cinglante, comme le montre la plus belle œuvre de Voltaire, intitulée L'Ingénu...

B. Aux ruses de la fable, de l'apologue, du conte correspondent les artifices de la fiction romanesque

* le romancier qui fait un roman de sa vie : l'univers romanesque est aussi le territoire de l'activité de l'esprit, de la liberté des opinions et des jugements (récits autobiographiques de Rousseau [1712-1778], de Cavanna, comme « Les Ritals »-1978). L'autobiographie est une façon de témoigner et de prendre les armes pour s'engager dans une cause.... Ce qui vaut pour le roman de Carlo Levi, Cristo si è fermato a Eboli, une autobiographie publiée en 1946 (traduction française : « Le Christ s'est arrêté à Eboli ») qui rend compte du désespoir des paysans de Lucanie (actuelle Basilicate, région limitrophe des Pouilles italiennes). Carlo Levi [1902-1975] décrit un paysage lunaire qui restera gravé à jamais dans l'imaginaire du lecteur. Les « sassi » de Matera, des trous creusés dans le tuf qu' on appelle élégamment « habitat troglodytique », où les crève-la-faim et autres miséreux vivaient sans eau, sans sanitaires et sans éclairage, et s'entassaient dans la vermine, la moisissure, au milieu des poules et autres animaux domestiques. Une description littéraire, fidèle et détaillée, peut bouleverser le lecteur bien davantage que de longs discours véhéments...

* les romans psychologiques mêlant suspense et souvenirs pour mieux nous à amener à réfléchir ou à partager l'engagement de l'auteur (le thème de l'euthanasie dans « Il y a longtemps que je t'aime », roman de Philippe Claudel publié en 2007). La virtuosité du style de Choderlos de Laclos [1741-1803] dans son roman épistolaire « Les liaisons dangereuses » (1782) ne doit pas dissimuler le souci son auteur d'instruire les femmes vertueuses pour mieux les protéger des libertins cyniques.

* le but de l'écriture consiste à tirer l'histoire vers l'objectivité, vers la fabrication d'un espace, d'un monde qui soient cohérents ; les récits qui se fondent sur l'uchronie (principe qui consiste à imaginer un monde si tel ou tel épisode ne s'était jamais produit ou si quelque chose s'était déroulé autrement), permettent de porter un jugement critique sur le monde contemporain ; même des histoires bien innocentes de la littérature pour la jeunesse peuvent être révélatrices : « La guerre des boutons » (1912) de Louis Pergaud (1882-1915) qui oppose les gamins de Longeverne et de Velrans annonce entre les lignes la guerre des tranchées...

* la dimension élégiaque : le roman lyrique ou élégiaque qui s'attarde sur l'ambiguïté des sentiments peut comporter une portée didactique ou satirique (roman-mémoires Manon Lescaut [rédigé de 1728 à 1731] de l'Abbé Prévost 1697-1763, Madame Bovary, L'Education sentimentale de Gustave Flaubert - 1821-1880). Rien de plus propre à questionner l'idée que nous nous faisons de l'amour que de lire les pages de « Julie ou la Nouvelle Héloïse » (1761) de Jean-Jacques Rousseau [1712-1778] ou de « Paul et Virginie » (1781)de Bernardin de Saint-Pierre [1737-1814]

* Victor Hugo [1802-1885] engagé dans son combat contre la misère (Les Misérables, roman publié en 1862, peu après la grande crise agricole de 1847-1848 qui provoqua des émeutes de la faim, des désordres populaires dans toute l'Europe et fit s'écrouler le régime de Louis-Philippe en France et de Metternich dans l'Empire austro-hongrois), Emile Zola [1840-1902] contre l'antisémitisme (le pamphlet « J'accuse » dont le ton polémique fit trembler l'appareil judiciaire et toutes les institutions politiques de la III° République en 1898 - l'affaire Dreyfus), contre les propriétaires des mines dans Germinal (1885)... Que de formules incendiaires, incantatoires, dans ces pages qui s'apparentent plus à de longs poèmes épiques qu'à de la simple prose ! On pourrait citer le roman social (Hector Malot, Dickens, Faulkner, Dos Passos), ou le roman politique (Malraux 1901-1976, qui a écrit La Condition humaine en 1933 ou encore L'Espoir en 1937). Le roman historique, populaire, qui fait revivre les événements historiques dans la veine réaliste ou naturaliste, contient bien souvent des critiques acerbes de la société (« Le cri du peuple » de Jean Vautrin - 1999).

* la dimension satirique : les critiques ne doivent pas glisser sur les lecteurs comme de l'eau sur les plumes d'un canard ; la littérature ne se réduit pas à un rêve d'évasion, bien au contraire ; l'écriture est colère, transport, conquête, combat...

* les romans de Louis-Ferdinand Céline [1894-1961] ont la noirceur désespérée des ouvrages philosophiques d'un Cioran [1911-1995] - (cf Cioran. Ejaculations mystiques, de Stéphane Barsacq, éditions du Seuil, 2011) ; bien des histoires fictives apparaissent pour le lecteur éclairé comme moins fantaisistes ou farfelues qu'elles ne paraissent... Même les thrillers ou les romans noirs débouchent sur des vertiges d'effroi ou d'horreur, en remettant en cause des modes, des codes sociaux, des rituels familiaux, culturels, religieux (Les Âmes grises de Philippe Claudel - 2003). On pourrait évoquer aussi les romans de guerre (Allons z'enfants de Yves Gibeau - 1952 - ; « Le garçon aux yeux gris » de Gilles Perrault -2001 -), où s'enchevêtrent les tonalités épique, pathétique et lyrique.

* l'art du suspense (qui consiste à maintenir en éveil le sentiment d'attente angoissée du lecteur à un moment décisif dans l'action) dans les histoires courtes ou « short stories », autrement dit dans la nouvelle, cherche à produire une impression de vie réelle : toute la narration converge en moins d'une quinzaine de pages vers un dénouement qui provoque la surprise, la colère, le dégoût... Ce qui est le cas dans le recueil récent « Déchirures intimes » de Laurence Litique (éditions Jacques Flament, collection « Chrysalides », 2010). Les nouvelles de Laurence Litique se terminent toutes par un événement inattendu, le point fort de la narration, ce que l'on appelle « le coup de fouet ». Cette technique de la révélation finale mise en œuvre dans « Le Garçon de la lune » (Laurence Litique a obtenu le Prix de la Nouvelle littéraire Henri Thomas de Saint-Dié des Vosges en juin 2009), mais aussi dans « Une fille à la fenêtre », ou « Bleu » démontre combien la littérature peut se montrer efficace pour clouer au pilori les préjugés, les opinions hâtives et préconçues (racisme, xénophobie, refus de la différence, indifférence sociale). La littérature nous permet bien souvent de réviser notre jugement, de donner congé à des appréciations trop sommaires, étroites ou partiales concernant les problèmes de la société. Elle est une initiation pratique à la philosophie, à l'anthropologie. A la réflexion politique et sociale, à l'éthique. Elle nous apprend à mieux vivre ensemble.

2. Le registre épique, le lyrisme, et la satire théâtrale

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