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L'Art Veneziano et le retable italien

Commentaire d'oeuvre : L'Art Veneziano et le retable italien. Rechercher de 53 000+ Dissertation Gratuites et Mémoires

Par   •  10 Janvier 2022  •  Commentaire d'oeuvre  •  2 269 Mots (10 Pages)  •  405 Vues

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UPMF SH   Florine Vital-Durand / Nicolas Misery  - TD Art moderne - Correction d’exposé.

Thème de la séance : La maîtrise de l’espace

 DOMENICO VENEZIANO, Retable de Santa Lucia dei Magnoli, v.1445-1450,

détrempe sur bois, 209 x 216 cm, Florence, Offices.

- La problématique proposée par 1 des étudiants était imprécise et incomplète : elle était : « Comment D. Veneziano a-t-il, dans son œuvre, mis en valeur les différents éléments dans l’espace ? » Il faudrait au moins « inverser » en disant : « Comment les éléments de l’œuvre [mettent-ils en valeur]  participent-ils à l’élaboration d’un nouvel espace du retable, la pala unifiée ? Cette nouvelle manière de penser l’espace induit-elle une nouvelle réception de l’œuvre ? (Quel peut être l’impact de ce nouveau genre d’œuvre de dévotion sur le fidèle ?) »

- Le plan proposé était « faible » (I : présentation artiste et œuvre ; II : Composition - schéma - iconographie - technique et CCL) : ce plan n’est qu’une liste, qu’un travail préparatoire car les aspects symboliques manquent (le « message » de l’auteur n’a pas été traité !). Il faut un III sur la symbolique, le message, sur les nouveautés, sur l’évolution du tableau d’autel. Car, ce qui est intéressant ici, c’est de réfléchir à l’effet d’unité donné par l’image. Unité sur 3 plans : formel, iconographique et symbolique. La pala est ce système de retable unifié où la « zone centrale tend à être embrassée d’un seul regard » (A. Chastel cite G. Vasari et J. Burckhardt, Hist. Du retable italien, p. 48), au sens propre comme au figuré !

Exemple de plan :

Introduction : caractéristiques de l’art de D. Veneziano : construction perspective rigoureuse, recherche d’équilibre entre lumière et plans colorés et souci du détail. Grande luminosité, emploi d'une palette claire. Une œuvre due à une culture raffinée et pieuse. Une synthèse qui illustre parfaitement bien le goût de l’art florentin à la fin des années 1440 (+ quelques éléments biographiques et fiche technique de l'œuvre). Présentation des personnages : Vierge à l'Enfant, saint François d'Assise, saint Jean-Baptiste, saint Zénobe et sainte Lucie. (ici, de mémoire, vous devez savoir reconnaître le premier comme franciscain et saint Jean, par sa physionomie d'ascète, ses cheveux longs, sa peau de bête).

I. Développement d’un espace central unitaire par le biais de la perspective et de la composition.

II. Affirmation d’une nouvelle manière de construire l’image pieuse : la pala unifiée.

III ou CCL. Développement d’une nouvelle iconographie : la Sacra Conversazione.

I. Développement d’un espace central unitaire par le biais de la perspective, des lignes, du dessin, des figures et des couleurs.

        Organisation en 3 plans successifs unifiés par une perspective centralisée.

Perspective rationnelle, non pas intuitive, ni empirique. Rappeler brièvement le développement de la perspective mathématique, Brunelleschi, Alberti, Donatello… Avec exemple(s) précis d'œuvres picturales, sculptées et/ou de traités.

Expliquer et commenter les lignes perspectives et leur influence sur la perception de l’ensemble. Point de fuite, lignes : position du spectateur ? impression face aux figures ? focalisation du regard ? …

Rôle du pavement vu en raccourci et du podium du trône très importants : ils donnent de la profondeur et situent/hiérarchisent les personnages. La perspective construit et cadre la scène, la storia (Définir le terme. La storia, selon les préceptes albertiens, est la construction d’une histoire au thème noble, digne, dans un espace structuré, mesurable et parcourable. Cette « fenêtre ouverte sur le monde », à reproduire dans les arts, n'est pas la représentation mimétique d'un réel observé mais celle d'un idéal de vie et de beauté).

D.Veneziano propose un art délicat, élégant mais « moderne » et « naturel »: le dessin, épuré, net mais doux, sert à définir les formes, les place nettement dans l’espace les unes par rapport aux autres et les rend intelligibles car chaque figure/chaque élément est distinct sans pour autant être isolé. Le dessin donne beaucoup de clarté à l’ensemble. Donner un exemple de comparaison ou  d'opposition (exemple précis : daté, localisé...)

Les couleurs participent de la même logique : elles délimitent des espaces propres mais elles se font écho et unifient l’ensemble.

La lumière est subtile : elle vient de la droite mais pas de forts contrastes : encore un moyen d’unifier l’ensemble, de ne pas cloisonner les figures et les éléments d’architecture.

Dialectique unité/tout ; particulier/universalité ; microcosme/macrocosme.

Important au XVe : « chaque partie doit s’intégrer au tout ». Pas de déséquilibre. Recherche d’harmonie formelle mais aussi spirituelle !  Cf. théories d'Alberti.

Et, si la composition trinitaire (Dogme de la Trinité) des arcs et des personnages est traditionnelle pour un retable, si la place accordée à la Vierge et l’Enfant reste primordiale (sans différence de taille pourtant – justement pour que la scène paraisse vraisemblable !), l'œuvre offre un espace unifié qui rend la perception (du public) bien différente de celle induite par le retable médiéval traditionnel (polyptyques…). Cette peinture de Domenico Veneziano appartient aux premières œuvres de ce nouveau genre : la pala unifiée.

II. Affirmation d’une nouvelle manière de construire l’image pieuse : la pala unifiée.

Années 1440 à Florence : nouveau système iconographique assez spectaculaire : la pala s’unifie (pala, pl. pale, terme italien : tableau d’autel ou retable). Placé derrière l’autel d’une église, le retable est l'organe pictural principal de l'église. Œuvre de dévotion située au coeur du « sanctuaire », le choeur, elle sert de décor aux pratiques liturgiques (Eucharistie...) et s'expose en évidence au regard des fidèles. Son emplacement est symbolique : objet privilégié dans l’église, mis en évidence par sa position au-dessus de l’autel. L'autel est le lieu de la commémoration du sacrifice du Christ (Eucharistie) qui a permis la Rédemption des Hommes…) La pala, tableau d'autel, prend une forme nouvelle au XVe siècle : elle s'unifie. Le polyptyque médiéval laisse place alors à un ensemble composé d’un seul panneau central (ici le sujet de l’exposé), d’une prédelle (la prédelle est la longue bande composée de diverses scénettes, dont l'iconographie est en lien avec le sujet principal) et souvent d’un médaillon (Crucifixion, Pietà...).

Il existe aussi des retables ornant les chapelles latérales dédiées à un saint ou à une famille.

La pala unifiée est donc bien différente des pale de la tradition médiévale qui étaient des polyptyques avec la Madone et les saints dans des niches étagées, les figures étant juxtaposées dans des « compartiments », encadrées de cloisons, indépendantes les uns des autres [proposer des comparaisons, ex. polyptyque de la Vierge d’humilité de Gregorio di Cecco di Luca, 1423, Musée du Dôme de Sienne] Fond d’or traditionnel, figures hiératiques etc… Les œuvres issues de la tradition (c'est-à-dire la période antérieure, gothique) ne proposaient peu ou pas de profondeur (si ce n'est spirituelle) ; les différents plans en largeur/hauteur offraient une disposition frontale où les scènes se côtoyaient sans se rejoindre (spatialement et temporellement). Soit les scènes se situaient hors du temps, soit elles appartenaient à des temps différents. Il fallait que l’esprit du spectateur fasse le lien entre les scènes pour rendre le tout intelligible, en faisant appel à l’ « art de la mémoire » (ars memoriae), à une reconstitution artificielle, mentale des faits. Attention, chez Veneziano, il y a toujours l'idée d'un temps idéal (et non d'une réelle unité de temps) car les personnages n’ont pas tous vécu à la même époque, mais l’apparence d’unité est là grâce, outre la perspective etc…, à la coexistence des figures.

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